Après des perspectives décevantes, Samsung fait un mea culpa impressionnant dans une lettre

(BFM Bourse) – Samsung Electronics a publié des perspectives nettement inférieures aux attentes pour le troisième trimestre. Dans une lettre adressée à ses actionnaires et salariés, le groupe coréen s’excuse pour cette publication décevante et reconnaît traverser une période difficile.

Samsung Electronics fait un acte de contrition. Le conglomérat technologique coréen, plus grande filiale du groupe Samsung, a déçu mardi investisseurs et analystes avec des perspectives moins bonnes que prévu pour son troisième trimestre. Cela a amené la plus grande société boursière du pays à présenter dans une lettre des excuses aussi inattendues que lourdes.

Samsung a annoncé mardi viser environ 79.000 milliards de wons de chiffre d’affaires (soit environ 53 milliards d’euros) et 9.100 milliards de wons de bénéfice d’exploitation pour le troisième trimestre. Selon un consensus LSEG cité par Reuters, les analystes attendaient un bénéfice d’exploitation de 10.300 milliards de wons pour la période.

Ces annonces constituent « un choc par rapport aux prévisions initiales de nombreux analystes » a déclaré Lee Min-hee, analyste chez BNK Investment & Securities, cité par Reuters.

A la Bourse de Séoul, l’action Samsung Electronics a perdu 1,15%.

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« Beaucoup de gens parlent de la crise Samsung »

La réaction du marché n’a donc guère été violente. Mais le titre a perdu plus de 30 % sur les trois derniers mois. De quoi pousser l’entreprise à faire encore son mea culpa dans une lettre adressée à ses actionnaires, ses salariés et ses clients.

« Aujourd’hui, nous, la direction de Samsung Electronics, souhaitons tout d’abord vous présenter nos excuses », a déclaré le groupe dans cette lettre signée par Jun Young-hyun, vice-président de l’entreprise en charge de la division. solutions de dispositifs, qui comprennent les puces mémoire et les activités de fonderie de semi-conducteurs.

« Les performances, qui n’ont pas répondu aux attentes du marché, ont suscité des inquiétudes quant à la compétitivité technologique fondamentale et à l’avenir de l’entreprise », poursuit l’entreprise dans une lettre traduite par plusieurs sites américains (The Verge, CNBC).

« Beaucoup de gens parlent de la crise de Samsung. Toute cette responsabilité incombe à nous, qui dirigeons l’entreprise », poursuit le groupe.

Sollicitant le « soutien de ses parties prenantes », Samsung Electronics promet de transformer cette crise « en opportunité » et de restaurer sa « compétitivité technologique ».

« La technologie et la qualité sont nos moteurs. C’est la fierté de Samsung Electronics, sur laquelle nous ne pouvons jamais faire de compromis. Plutôt que des solutions à court terme, nous assurerons une compétitivité fondamentale », assure l’entreprise.

Un colosse aux pieds d’argile ?

Souhaitant se « réarmer », Samsung Electronics va examiner ses « méthodes de travail » et sa « culture organisationnelle » en « réparant ce qui doit l’être ». « Si nous constatons un problème sur le terrain, nous le signalons et engageons une discussion animée pour l’améliorer. En particulier, nous communiquerons activement avec les investisseurs chaque fois que nous en aurons l’occasion », déclare la société.

Ces excuses surviennent alors que l’entreprise voit sa position de leader dans les puces mémoire, des circuits intégrés qui permettent de stocker des données, remise en question.

Bloomberg souligne ainsi que Samsung est distancé par son concurrent sud-coréen SK Hynix dans la production de puces mémoires à haut débit, notamment utilisées pour le développement de l’intelligence artificielle générative par Nvidia. Ou encore par le groupe américain Micron. Samsung a également annoncé mardi, dans un document transmis aux autorités boursières coréennes, que le début des livraisons d’une nouvelle gamme de ce type de puces à un client important avait été retardé.

« La réponse tardive de Samsung au marché des puces d’IA accroît sa dépendance à l’égard des puces traditionnelles à faible marge, le rendant plus vulnérable à la concurrence chinoise et ralentissant la demande, disent les analystes en matière de smartphones et d’ordinateurs », souligne Reuters.

Par ailleurs, Samsung n’arrive pas à rattraper son retard dans son activité de fonderie de puces par rapport au géant du secteur, le taïwanais TSMC, souligne Bloomberg.

Les marchés exigent que Samsung fasse ses preuves, a déclaré à l’agence Sanjeev Rana, analyste chez CLSA Securities Korea, faisant référence aux commentaires contenus dans la lettre. L’action Samsung « augmentera lorsqu’il y aura des signes tangibles d’amélioration », a-t-il ajouté.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse