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après de graves incidents, l’agence européenne (EASA) juge que la situation est enfin « sous contrôle »

Boeing va dans la bonne direction. Invité au congrès de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers ce jeudi, Florian Guillermet en est convaincu. Le tout nouveau directeur exécutif de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a partagé son optimisme quant aux actions actuellement menées par le constructeur américain pour mettre fin aux déboires subis depuis de nombreux mois en termes de qualité et de sécurité.

« Aujourd’hui, nous considérons que la situation est redevenue sous contrôle » a déclaré Florent Guillermet. Il annonce ainsi que le premier plan d’action mis en place l’année dernière porte ses fruits, avec des actions correctives pertinentes correctement prises en compte par le constructeur. Et il précise qu’un deuxième plan sera mis en place à partir de fin mai.

« La situation se stabilise et évolue définitivement dans la bonne direction »il dit.

Le patron de l’AESA précise néanmoins que son agence n’est pas directement chargée du contrôle de Boeing, qui est sous la tutelle de la Federal Aviation Administration (FAA) américaine. Il explique qu’il appartient à ce dernier de s’assurer de la bonne mise en œuvre des actions correctives par l’avionneur. L’autorité européenne s’appuie alors sur les informations fournies par son homologue américaine, avec « contacts réguliers » à ce sujet, pour établir son opinion.

Florian Guillermet rappelle ainsi le principe de reconnaissance mutuelle entre l’AESA et la FAA, qui régit les relations entre les deux agences. C’est notamment le cas en matière de certification des aéronefs. Il juge que « entretenir la confiance, basée sur un échange réciproque d’informations, permet à nos experts de qualifier le niveau de risque ».

Séquence noire

Depuis plusieurs mois, Boeing connaît une séquence noire avec la survenue de plusieurs incidents atypiques, comme des écrous mal serrés en décembre, la perte d’un bouchon de porte en janvier, et la découverte de nouvelles non-conformités sur les fuselages en février et mars. chez Boeing et son sous-traitant Spirit Aerosystems. Ces événements, qui ont donné lieu à plusieurs enquêtes et audits, laissent entrevoir une profonde dérive en termes de qualité, de rigueur et donc de sécurité chez le constructeur américain.

En remontant plus loin, Boeing est dans la tourmente depuis un peu plus de cinq ans, avant même l’éclatement de la crise sanitaire qui a largement perturbé le secteur. Elle a ainsi dû faire face au crash de deux 737 MAX, à des problèmes de qualité répétés, à l’arrêt temporaire de la production du 737 MAX, à des suspensions de livraisons pour le 737 MAX et le 787, et à des retards de certification sur le 737 MAX. 7 et 10 et le 777X…

Et récemment, des lanceurs d’alerte ont dénoncé des dysfonctionnements liés à la culture de sécurité chez Boeing, notamment l’ingénieur Sam Salehpour qui « affirme que la société a ignoré à plusieurs reprises de graves problèmes de sécurité et de contrôle de qualité lors de la construction de ses avions 787 et 777 ». Les dégâts sont donc profonds, mais l’AESA est confiante dans la capacité du géant à s’en remettre.