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Après avoir testé les manuels numériques pour ses élèves, un lycée privé revient au papier

Après consultation des élèves, parents et enseignants de l’école Blanche de Castille, l’expérience n’a pas été renouvelée. L’une des raisons est le temps passé devant les écrans.

Le Figaro Nantes

Le tout numérique n’est pas la solution. C’est la leçon retenue par le lycée privé nantais Blanche de Castille, qui vient de tester les manuels numériques pour ses 600 élèves pendant un an. Lors de cette expérimentation, qui n’a pas été reconduite cette année scolaire, les lycéens passaient leur journée devant leur ordinateur pour suivre les cours. La prise de notes pouvait se faire à la main ou sur PC, selon chaque élève.

« Sachant que la région met à disposition des étudiants de deuxième année des ordinateurs portables, mon prédécesseur a pensé que cela pourrait être pertinent. »explique à la Figaro Fabien Marinoni, responsable de l’établissement arrivé en septembre 2023. D’autres raisons, économiques et logistiques, ont poussé à essayer cette méthode : le prix des manuels scolaires, moins chers en version dématérialisée, l’allègement des cartables ou encore la facilité d’accès aux documents. En France, de nombreux établissements ont déjà basculé vers ce format numérique.

Consultation avec les familles

Au cours de l’année, l’équipe pédagogique s’est toutefois rendu compte « Cela pouvait causer des problèmes en classe et distraire les élèves. Cela avait aussi un impact sur la fatigue. »se souvient le proviseur de l’établissement connu pour ses sections internationales. D’autant qu’une connexion internet via wifi était accessible. Très vite, l’utilisation de ces outils a créé des débats internes et les enseignants y étaient de moins en moins favorables. « Nous nous sommes demandé s’il était pertinent de continuer. ». Une consultation a ensuite été menée auprès des familles pour savoir si l’expérience avait vocation à être prolongée. Tout en reconnaissant des avantages, une majorité de parents a souligné l’inconvénient majeur du temps passé sur les écrans. Sans surprise, les étudiants se sont montrés plus nuancés.

Les écrans étaient « Les élèves jouaient sans arrêt à des jeux ou faisaient des achats sur leur ordinateur au lieu de travailler. Certains enseignants se tenaient au fond de la classe pour surveiller les écrans. Pour eux, c’était pénible.
Notre fille n’en a pas souffert car elle est relativement sérieuse. Même si elle s’est parfois laissée tenter. »confie un parent. Depuis quelques jours, les bons vieux manuels papier ont donc refait leur apparition. Le budget n’aura pas eu raison du bien-être des adolescents. La prise de notes reste toutefois à la discrétion de l’élève, tout comme les écrans peuvent encore être utilisés occasionnellement pour enrichir un cours. « Nous ne sommes en aucun cas opposés à l’utilisation des outils numériques, mais ils doivent être raisonnés et adaptés. »résume le réalisateur Fabrice Marinoni.


Nous n’avons pas encore fini de mesurer les conséquences négatives que ces outils mal maîtrisés peuvent avoir sur nos enfants.

Laurence Garnier, sénatrice (LR), à la tête d’un groupe de travail sur l’exposition des enfants aux écrans

En Pays de la Loire, des ordinateurs sont distribués aux étudiants de deuxième et première année de CAP, issus d’établissements publics ou privés. Il s’agit d’une mesure phare de la présidente de la Région Christelle Morançais. « Le constat est qu’aujourd’hui, le numérique est partout, dans nos usages quotidiens mais aussi professionnels. Les jeunes utilisent beaucoup les smartphones, mais peu les ordinateurs. L’objectif est de les former, de préparer leur avenir, d’anticiper les études supérieures et le monde professionnel, où l’informatique est utilisée. »elle explique à la FigaroSur les 50 000 ordinateurs distribués chaque année, des webinaires sont proposés aux parents et aux élèves pour leur faire découvrir les outils. Selon un rapport envoyé aux familles, il apparaît que 92 % des élèves sont satisfaits et apprécient les performances, 74 % n’auraient pas eu d’ordinateur personnel sans l’aide de la Région et la moitié l’utilise tous les jours.

En mai dernier, la sénatrice de Loire-Atlantique Laurence Garnier a lancé un groupe de travail sur la surexposition des enfants aux écrans. « Nous ne découvrons que la partie émergée de l’iceberg ; nous n’avons pas encore fini de mesurer les conséquences négatives que ces outils mal maîtrisés peuvent avoir sur nos enfants. »pense Laurence Garnier. « Entre 7 et 10 ans, un enfant passe plus de trois heures par jour devant un écran, tous écrans confondus »C’est ce que dit la politique. Mais plus l’individu vieillit, plus ce chiffre augmente. Et les conséquences ne sont pas négligeables : problèmes de vue, surpoids et obésité, etc.

Dans le cadre de sa mission, l’élue collabore avec le docteur en neurosciences Michel Desmurget. « Dans son travail Faites-les lire ! Pour en finir avec l’idiot numérique (éditions du Seuil), il démontre que le cerveau comprend mieux l’apprentissage sur support papier. Quand on prend un livre, on se situe géographiquement, c’est plus visuel que dans un défilé sans fin »elle illustre. De même, « Il décrit les interactions parents-enfants autour des écrans. Avec un livre papier, un parent lit l’histoire et initie le dialogue. Avec un livre numérique, le parent passe plus de temps sur l’outil. On s’écarte de l’objectif final du dialogue sur l’outil ».

Toutes ces observations sont le fruit de nombreuses auditions et entretiens qui devraient donner lieu à un rapport de travail du Sénat à la fin de l’année. À l’échelle nationale, « Il semble y avoir un consensus parmi les enseignants sur le fait qu’ils ne sont pas suffisamment formés pour utiliser ces outils numériques, et un certain nombre d’enseignants nous disent qu’avec une bonne formation, ils peuvent obtenir des résultats égaux mais pas meilleurs », notes de Laurence Garnier. L’an dernier, la Suède, pionnière en la matière, a annoncé qu’elle allait abandonner les manuels scolaires numériques. Comme l’a résumé le sénateur, l’idée n’est pas de revenir à l’âge de pierre mais d’en réguler l’usage afin d’obtenir un effet bénéfique.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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