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Après 8 ans de conflit de voisinage, le premier restaurant vegan de la région contraint de fermer

Après 8 ans de conflit de voisinage, le premier restaurant vegan de la région contraint de fermer

Accusé de causer des nuisances sonores et olfactives, le Velicious va devoir fermer ses portes, suite à une décision de justice. Si les copropriétaires se réjouissent, les habitués peinent à comprendre.

À son ouverture en 2015, Velicious était le premier restaurant vegan de la région Grand Est. Mais son installation au rez-de-chaussée d’un immeuble bourgeois a rapidement posé problème : la copropriété a engagé une procédure judiciaire, dénonçant des nuisances sonores et olfactives. Le tribunal vient de lui donner raison.

Le couple de restaurateurs a deux semaines pour fermer ses portes et licencier sa dizaine de salariés. Du côté des clients, c’est l’incompréhension.

« Ce n’est pas un endroit bondé, malodorant ou bruyant », proteste Bruno, 57 ans. « Il va nous manquer. Parce qu’ici, rien ne le remplace ».

« Ils allaient nous jeter dehors »

« Tout est cosy et c’est ce qui fait le charme de l’endroit », ajoute Carine, 50 ans, qui dit être « en deuil de quelque chose ».

Pour Cédric Mincato et Elena Reckewell, les deux restaurateurs, c’est un coup dur. « On ressent une profonde injustice », reconnaît le premier. « Ils ont été très clairs avec nous dès les premières semaines, ils ne voulaient pas de restaurant en bas et ils allaient nous mettre dehors. »

« Il n’y avait aucune volonté de compromis, aucune volonté d’être ouvert à la discussion pour tenter de parvenir à un accord », déplore Elena Reckewell.

Face aux plaintes des voisins, les restaurateurs ont proposé de construire un conduit d’évacuation des odeurs, mais les travaux ont été refusés par la copropriété, qui jugeait l’installation trop invasive et trop bruyante. La cuisine a également arrêté toute friture pour limiter les odeurs. Rien n’a suffi à calmer le conflit.

« Les locaux sont destinés à être occupés de manière bourgeoise »

« C’est facile de dire que c’est la faute des copropriétaires et des voisins désagréables si le restaurant ne peut plus exploiter ce local », s’insurge Corinne Fugler, présidente du conseil syndical de l’immeuble.

« Mais le premier soir où la cuisine a été mise en route par les restaurateurs, l’odeur de friture est entrée dans mon appartement, c’était insupportable. Cela a vraiment gâché ma vie pendant plusieurs années », raconte-t-elle.

La cour d’appel de Colmar a statué le 27 juin : selon la décision du juge, le restaurant ne respecte pas les règles de copropriété. Selon ce règlement, « les locaux sont destinés à être occupés de manière bourgeoise par des personnes de bonne moralité et de bonnes mœurs afin de ne pas nuire (…) au bon entretien et à la tranquillité de l’immeuble collectif ». Les appartements peuvent « être utilisés en partie à des fins d’habitation et en partie à l’exploitation d’une profession commerciale ou libérale, comme bureaux ou comme locaux administratifs, c’est-à-dire un usage mixte ».

« Après 8 ans de bataille judiciaire, le syndicat de copropriété a enfin obtenu justice dans le litige qui l’opposait au restaurant Velicious, qui occupait de manière totalement illégale les locaux situés au rez-de-chaussée de la copropriété », s’est réjoui l’avocat de la copropriété dans un communiqué.

Le Velicious organisera une dernière soirée hommage le 19 juillet avant de fermer définitivement ses portes.

Léo Fleurence avec Isabelle Missiaen

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