Nous avons participé à cette course unique, créée à l’occasion des Jeux de Paris, dans la nuit de samedi à dimanche.
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« SSi vous voulez courir, courez un mile. Si vous voulez changer votre vie, courez un marathon.« J’ai décidé de changer ma vie de seulement 25% et de courir, dans la nuit du samedi 10 au dimanche 11 août, non pas le Marathon pour Tous et ses impitoyables 42,195 kilomètres, mais le 10 kilomètres pour Tous des Jeux Olympiques de Paris, une nouvelle course créée par le Comité d’organisation (Cojop) pour les sportifs amateurs. »
Le rendez-vous est fixé à 00h10 à Saint-Paul, dans le 4e arrondissement de Paris. Sur les quais, des centaines de coureurs se préparent. Il y a les aguerris, ceux qui ont décidé de profiter de Paris la nuit, les stressés… Il y a des hommes, des femmes, des valides, des handicapés, des jeunes, des vieux, maquillés, déguisés, des Britanniques, des Grecs, des Colombiens, des Chinois, des Français qui courent avec le drapeau tricolore sur l’épaule.
Notre enclos de départ porte le nom d’Emilie Le Pennec, gymnaste, médaillée d’or aux barres asymétriques à Athènes en 2004. Elle fera son entrée quelques minutes avant le départ, sous les acclamations des coureurs. Après une animation digne des meilleurs Gentils Organisateurs (GO) du Club Med : échauffement collectif, chants, jeux de lumières, applaudissements… Le départ est finalement donné vers 00h40, au pied de l’Hôtel de Ville pavoisé de bleu pour l’occasion, sous les encouragements bruyants de centaines de noctambules, bénévoles des Jeux compris, courageux, qui ne dorment pas encore.
Le parcours n’est pas exigeant et permet de visiter quelques-uns des plus beaux endroits de Paris : après un passage rue de Rivoli, direction la Fondation Pinault, dans l’hypercentre de Paris, puis la place de la Bourse, vers le deuxième kilomètre. Un groupe de rock y bat la mesure, sous les applaudissements des supporters, toujours nombreux malgré l’heure tardive. Il est environ 1h du matin, la rue du 4-Septembre nous mène à la place de l’Opéra, un petit virage à gauche et l’obélisque de la place Vendôme s’offre à nous.
Et là, la beauté de Paris et de ces Jeux rattrape les coureurs. Un virage à gauche, entre le quatrième et le cinquième kilomètre, et nous voilà sur la rue de Rivoli, dans l’autre sens cette fois. Le chaudron de la flamme olympique, installé dans le jardin des Tuileries, est dans le ciel, à notre droite, il veille sur nous. Les participants n’hésitent pas à s’arrêter pour le prendre en photo et immortaliser l’instant. Il nous accompagnera pendant environ 1,5 kilomètre.
Après les tunnels du quai des Tuileries et du cours la Reine, dans lesquels les coureurs n’ont pas hésité à animer le spectacle en chantant, une autre grande dame nous accueille : la tour Eiffel, vers 1h30 du matin. Sur le pont de l’Alma, que nous traversons pour changer de rive, après le septième kilomètre, un participant en fauteuil roulant n’hésite pas à haranguer la foule un peu endormie. Message passé, une vague est lancée.
Les chemins des coureurs du 10 kilomètres et de ceux qui ont vraiment décidé de changer de vie, les futurs marathoniens, se croisent. Les encouragements se font plus forts, plus intenses. Ils sont des centaines, regroupés derrière des barrières, criant nos noms, tapant sur les panneaux, encourageant. La police s’en mêle aussi : «Courage, madame, il ne reste que deux kilomètres à parcourir.« Il est presque 2 heures du matin et Paris ne dort pas. Paris ne dort pas depuis deux semaines. La Ville Lumière vit au rythme de cette course comme elle l’a vécu tout au long des Jeux Olympiques : dans une euphorie collective contagieuse.
Un dernier virage à gauche, et la place des Invalides, synonyme d’arrivée, apparaît enfin devant nous. Un couple se tient la main, une mère et sa fille courent ensemble les derniers mètres… Le tout sous les acclamations toujours plus fortes des supporters et spectateurs massés dans ce virage, digne du désormais célèbre virage Pinot. Une fois la ligne d’arrivée franchie, certains poursuivront la soirée en profitant de Paris la nuit. Cette course n’a pas changé ma vie, elle l’a juste ancrée un peu plus dans l’histoire de ces Jeux. Et mon temps ? C’est comme l’âge, on ne peut pas se poser la question.