Nouvelles locales

appeler pour déclarer une urgence nationale; 14 décès en une journée dans le seul État du Bihar

Une femme fait boire sa fille lors d'une distribution d'eau par une ONG, en pleine canicule à New Delhi, jeudi 30 mai 2024.

Un tribunal indien a exhorté le gouvernement à déclarer l’état d’urgence nationale face à la canicule que connaît l’Inde depuis plusieurs jours, avec des températures bien supérieures à 45°C dans de nombreuses villes, et qui a, selon cette juridiction, rendu « des centaines » de décès. Le seul Etat indien du Bihar, au Nord-Est, a annoncé vendredi 31 mai qu’au moins 14 personnes sont mortes en un seul jour, la veille, à cause de cette canicule.

Dans ce contexte, la haute cour du Rajasthan, au Nord-Ouest, estime que l’Inde devrait qualifier « calamités nationales » de futures périodes de très fortes chaleurs, ce qui permettrait de mobiliser les services de sécurité de la même manière que pour d’autres catastrophes naturelles comme les inondations et les cyclones.

Ce tribunal a conclu que les autorités n’avaient pas pris les mesures appropriées pour protéger la population face à la situation météorologique actuelle. Elle a en outre ordonné au gouvernement de l’État du Rajasthan de créer des fonds d’indemnisation pour les proches des personnes décédées à cause de la canicule.

« En raison des températures extrêmes (…)des centaines de personnes ont perdu la vie au cours du mois »a déploré le tribunal dans une ordonnance rendue jeudi. « Nous n’avons pas de planète B sur laquelle nous pourrions nous installer (…). Si nous n’agissons pas maintenant, nous perdrons à jamais la chance de voir nos enfants s’épanouir. »est-ce écrit dans ce document.

C’est au Rajasthan, à Phalodi, à la limite du désert du Thar, que le record indien actuel, 51°C, a été enregistré en 2016. À New Delhi, ville d’environ 30 millions d’habitants, où la température a augmenté cette semaine, la consommation d’électricité a atteint un pic mercredi en raison notamment du recours massif à la climatisation.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Inde, New Delhi écrasée par une forte canicule : « Je n’ai pas assez d’argent pour payer la climatisation, il fait 40°C chez moi »

La municipalité a également mis en garde contre un « très forte probabilité de contracter des maladies liées à la chaleur » et être victime de « coup de chaud à tout âge », ainsi qu’un risque de pénurie d’eau. Un pic de 52,9°C, possible nouveau record national, y a été enregistré ce jour-là, même si les autorités s’interrogent sur un éventuel possible « Erreur du capteur ». En 2022 déjà, le thermomètre dans la capitale était monté à 49,2°C.

Des canicules plus longues et plus intenses

L’Inde est habituée aux chaleurs estivales extrêmes, mais des années de recherche scientifique ont montré que le changement climatique rend ces épisodes plus longs, plus fréquents et plus intenses. Les chercheurs soulignent que ce changement climatique induit par l’homme doit être considéré comme un avertissement.

Le pays le plus peuplé du monde, avec 1,45 milliard d’habitants, est le troisième émetteur de gaz à effet de serre de la planète, mais s’est engagé à atteindre une économie à zéro émission nette d’ici 2070, soit deux décennies après la plupart des pays industrialisés occidentaux. Pour l’instant, le charbon y assure l’essentiel de la production électrique.

Le gouvernement dirigé par Narendra Modi, qui brigue un troisième mandat lors des élections législatives en cours, affirme que les combustibles fossiles restent essentiels pour répondre aux besoins énergétiques croissants du pays et sortir des millions de personnes de la pauvreté.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Sous Narendra Modi, une Inde de plus en plus inégalitaire

Le Monde avec l’AFP

Réutiliser ce contenu

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page