Depuis plusieurs jours, Benjamin Netanyahu ne cache pas sa volonté d’ouvrir un nouveau front. Sous prétexte de permettre aux habitants du nord d’Israël de rentrer chez eux après de multiples échanges de tirs entre l’armée et le Hezbollah libanais, le cabinet de sécurité politique avait décidé d’une « Mise à jour des objectifs de guerre ».
Mardi soir, un événement incroyable s’est produit, qui pourrait bien décider du sort de la région du Moyen-Orient. Des centaines de bips (un système de radiomessagerie largement utilisé par le Hezbollah pour protéger ses communications en évitant Internet) ont explosé au même moment.
«Au moins neuf personnes ont été tuées et près de 2 800 autres blessées»Selon le ministre libanais de la Santé, Firas Abiad, plusieurs combattants du Hezbollah ont été tués, ainsi que des enfants. Parmi les blessés figure l’ambassadeur d’Iran au Liban.
« Les téléavertisseurs récemment importés par le Hezbollah »
Une source proche du mouvement a déclaré à l’AFP que « Les bips qui ont explosé proviennent d’une cargaison de 1 000 appareils récemment importés par le Hezbollah » qui semblent avoir été « piraté à la source »Le mouvement chiite a affirmé qu’Israël était « pleinement responsable » de ces explosions et a assuré qu’il le ferait « recevoir sa juste punition » suivant « cette agression criminelle ».
Israël n’a pas fait de commentaires, mais qui d’autre serait susceptible de se retrouver confronté à une telle situation ? Les perturbations de géolocalisation sont connues pour être l’une des nombreuses formes de guerre en cours. Depuis octobre, les habitants de Beyrouth constatent régulièrement des perturbations dans leurs informations de géolocalisation, notamment sur Google Maps.
Freddy Khoueiry, analyste de sécurité pour la région Moyen-Orient chez Rane Network, a expliqué à l’AFP comment « Israël utilise le brouillage GPS principalement pour perturber ou interférer avec les communications du Hezbollah »Selon lui, Israël utilise également « La technologie de spoofing GPS, qui est une autre tactique utilisée pour envoyer de faux signaux GPS, afin de (…) perturber l’utilisation de drones et de missiles à guidage de précision »que le Hezbollah utilise pour attaquer Israël.
Par ailleurs, préoccupé par l’impact des interférences sur la navigation aérienne, le gouvernement libanais a déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU le 22 mars. Il dénonce « Les attaques d’Israël contre la souveraineté libanaise en perturbant les systèmes de navigation et la sécurité de l’aviation civile » dans l’espace aérien libanais.
Si des doutes subsistaient sur sa réelle volonté de paix, Benjamin Netanyahu les a dissipés. Les chances d’un accord sur un cessez-le-feu, jugé à portée de main par Joe Biden, dérivaient déjà avec les prétentions israéliennes de maintenir des troupes dans le corridor de Philadelphie, cette bande de terre située le long de la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza. Ce qui s’est passé mardi soir au Liban est très probablement annonciateur d’une nouvelle guerre. Israël accentue la pression pour faire basculer toute la région dans la guerre.
Le 1euh En avril, Israël a ciblé le consulat iranien à Damas, tuant le général Zahedi, représentant des gardiens de la révolution iranienne en Syrie et au Liban. Le 30 juillet, l’un des fondateurs du Hezbollah libanais, Fouad Chokor, a été tué dans la banlieue de Beyrouth. Enfin, le lendemain, Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, engagé dans des négociations indirectes avec Israël, a été assassiné à Téhéran, très probablement par ou sur ordre des Israéliens.
« La possibilité d’un accord s’éloigne alors que le Hezbollah continue de soutenir le Hamas »Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a déclaré lundi 16 septembre à l’envoyé américain Amos Hochstein, en visite en Israël. Il est même allé plus loin en déclarant à son interlocuteur : « Action militaire » contre le Hezbollah est « Le seul moyen d’assurer le retour des habitants du nord d’Israël dans leurs foyers ».
Netanyahou met tout en œuvre pour enflammer le Proche et le Moyen-Orient
Pourtant, deux jours plus tôt, le numéro deux du Hezbollah, Naim Qassem, avait souligné que son groupe n’avait pas « Aucune intention d’entrer en guerre (mais) si Israël commence une guerre, nous y ferons face et les pertes seront énormes pour nous comme pour eux ».
Le nouveau chef du Hamas, Yahya Sinwar, qu’Israël n’a toujours pas retrouvé après onze mois de guerre, a assuré de son côté que le mouvement islamiste palestinien était » préparé « a « mener une longue guerre d’usure » contre les forces israéliennes dans la bande de Gaza.
Si le Moyen-Orient s’embrase, le Premier ministre israélien est assuré du soutien américain. Une manière pour Netanyahu de renouer les liens avec Washington alors que des tensions sont perceptibles dans la négociation d’un cessez-le-feu.
Mais, comme le souligne Hani Al Masri, directeur de Masarat, le Centre palestinien de recherche politique et d’études stratégiques : « L’administration américaine actuelle ne veut pas d’une guerre régionale maintenant, même avec la seule résistance libanaise, à la veille des élections présidentielles américaines. Celles-ci connaissent une concurrence intense, et toute guerre affectera les chances de victoire de Kamala Harris. Car elle entraînera une hausse des prix et de l’inflation, et ce facteur affecte fortement la décision de l’électeur américain. »
Le chercheur note également que « L’Iran ne veut pas d’une guerre régionale. Parce qu’il se rend compte qu’il avance mieux dans la région sans guerre ou avec une guerre d’usure et rien de plus, d’autant plus que les États-Unis et l’OTAN entreront en guerre aux côtés de l’occupant, ce qui signifie que l’équilibre des forces sera déséquilibré. ».
On comprend mieux pourquoi Netanyahou met tout en œuvre pour enflammer le Proche et le Moyen-Orient dans un conflit qui pourrait s’avérer mondial.
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