Le secrétaire d’État américain a également affirmé ce lundi que Moscou allait «partager des technologies spatiales et satellite avancées» avec la Corée du Nord, qui a envoyé des milliers de soldats se battre aux côtés de la Russie contre l’Ukraine.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a entamé ce lundi 6 janvier à Séoul une tournée d’adieu avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, dans l’espoir de préserver la stabilité de son alliance avec la Corée du Sud malgré le chaos politique qui s’est emparé de ce pays.
Comme pour rappeler les enjeux de cette alliance, pendant qu’Antony Blinken s’entretenait avec des responsables sud-coréens, la Corée du Nord a lancé son premier missile de l’année. Le missile balistique à portée intermédiaire, a été tiré depuis la région de Pyongyang et s’est abîmé en mer du Japon, selon l’armée sud-coréenne.
Ce tir, le premier en trois mois, intervient à deux semaines de l’investiture de Donald Trump, qui pendant son précédent mandat avait mené des tentatives très personnelles de rapprochement avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.
Lors d’une conférence de presse avec son homologue sud-coréen Cho Tae-yul, Antony Blinken a condamné ce lancement, «une nouvelle violation de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies», selon lui. Le secrétaire d’État a également affirmé que Moscou allait «partager des technologies spatiales et satellite avancées» avec Pyongyang, qui a envoyé des milliers de soldats se battre aux côtés de la Russie contre l’Ukraine.
«La RPDC bénéficie déjà d’équipements et d’entraînements militaires russes. Aujourd’hui, nous avons des raisons de croire que Moscou a l’intention de partager des technologies avancées dans le domaine de l’espace et des satellites avec Pyongyang», a-t-il déclaré, en employant le sigle officiel de la Corée du Nord, la République populaire et démocratique de Corée.
Comme l’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield en décembre, Antony Blinken a aussi affirmé que, selon les États-Unis, la Russie «est peut-être sur le point» de reconnaître formellement le statut de puissance nucléaire de la Corée du Nord.
La visite de M. Blinken survient en pleine crise politique en Corée du Sud. Le président du pays, Yoon Suk Yeol, a été destitué par le Parlement le 14 décembre après avoir tenté d’imposer la loi martiale et de museler le Parlement en y envoyant l’armée. Il est depuis retranché dans sa résidence à Séoul avec sa garde rapprochée, qui empêche les enquêteurs de venir l’arrêter pour son coup de force.
Alors que les vociférations des partisans de Yoon Suk Yeol qui manifestent devant sa résidence sont clairement audibles depuis l’hôtel où il est logé, Antony Blinken s’est abstenu de tout commentaire sur la situation intérieure du pays. Il a rencontré dans la matinée le président par intérim Choi Sang-mok, en poste depuis à peine une semaine après les destitutions successives de Yoon Suk Yeol et du premier ministre et chef d’État intérimaire Han Duck-soo.
Antony Blinken s’en est tenu aux déclarations habituelles sur «l’engagement sans faille» de Washington à défendre la Corée du Sud, et a évoqué avec M. Choi «la manière dont les deux parties travailleront ensemble pour renforcer la coopération bilatérale et la coopération trilatérale avec le Japon», selon un communiqué du département d’État.
Avant son coup de force du 3 décembre, le président désormais déchu Yoon Suk Yeol était considéré comme le chouchou du président Joe Biden pour ses positions pro-américaines. Il avait ravi Washington quand, cherchant à tourner la page de décennies de méfiance réciproque, il s’était rapproché du Japon, l’autre grand allié des États-Unis en Asie de l’Est. Antony Blinken est d’ailleurs attendu à Tokyo lundi, avant de terminer sa tournée à Paris.
En 2023, Yoon Suk Yeol, un conservateur de 64 ans, avait tenu avec Joe Biden et le premier ministre japonais de l’époque, Fumio Kishida, un sommet historique dans la résidence présidentielle de Camp David, au cours duquel les trois pays avaient promis de renforcer leur coopération en matière de renseignement sur la Corée du Nord. Lundi, le bureau du président par intérim Choi a fait savoir dans un communiqué que Séoul restait attaché aux «principes et accords du sommet de Camp David».
La crise politique en Corée du Sud, quatrième économie mondiale, tombe au moment où arrive au pouvoir à Washington une administration qui risque de lui être beaucoup moins favorable que l’actuelle. Lors de sa dernière campagne présidentielle, Donald Trump a menacé de forcer la Corée du Sud à payer 10 milliards de dollars par an pour la présence des troupes américaines sur son sol, soit près de dix fois ce qu’elle verse actuellement.
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