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Antiallergiques, antimigraineux… La vente de médicaments sans ordonnance, la stratégie des laboratoires pour économiser


Ils ont identifié une centaine de molécules vendues librement ailleurs en Europe. A la clé : 200 millions d’euros d’économies minimum pour la Sécurité sociale.

Faut-il passer par un médecin pour obtenir un médicament antimigraineux, un collyre antiallergique ou un traitement contre l’acné ? Non, répondent les laboratoires pharmaceutiques spécialisés dans les médicaments de première intention. NéreS, leur fédération, demande au gouvernement d’élargir la liste des médicaments vendus sans ordonnance (mais remboursés par la Sécurité sociale s’ils sont prescrits par un médecin, comme le Doliprane).

La clé réside dans un meilleur accès des patients aux traitements pour les maladies du quotidien et dans des économies pour la sécurité sociale. « 36 % des Français ont consulté un médecin généraliste pour des maux du quotidien lors de leurs trois dernières consultations médicales, relève la fédération. 24 % des passages aux urgences sont même dus à des problèmes similaires. »Ces affections telles que le rhume, les allergies légères ou les migraines déjà diagnostiquées pourraient être traitées sans passer par le médecin, assurent les laboratoires.

99 molécules identifiées

La France dispose d’une certaine marge de manœuvre. Elle fait partie des pays où les médicaments sans ordonnance sont les plus difficiles d’accès. 23 % des maux du quotidien sont traités avec des médicaments sans ordonnance obligatoire, contre 27 % au Royaume-Uni et 47 % en Allemagne. Le Royaume-Uni a récemment demandé à son agence du médicament d’identifier 20 molécules à libéraliser, afin de libérer du temps médical et de faire des économies.

NèreS a identifié 99 molécules déjà vendues sans ordonnance dans d’autres pays européens, et qui pourraient être commercialisées en France. Si les patients pouvaient les acheter sans consulter leur médecin, la sécurité sociale économiserait 201 à 377 millions d’euros par an, calcule la fédération. Cette économie provient à 58 % des consultations médicales évitées, à 42 % du non-remboursement du médicament.

Décision de l’ANSM

Aujourd’hui, pouvoir se soigner sans ordonnance représente une économie de 3,1 milliards d’euros par an, soit « environ 36% du déficit de l’assurance maladie en 2023 »et deux heures de temps par jour et par médecin, estime la fédération.

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) décide régulièrement de tels changements. Mercredi, elle a ainsi confirmé la disponibilité sans ordonnance de certaines références du Kétotifène, un collyre anti-allergie. Lorsqu’elle prend de telles décisions, elle demande généralement que le médicament en question soit commercialisé dans des boîtes plus petites, afin d’éviter les surdoses. Ce ne sont pas les mêmes laboratoires qui vendent des médicaments sur ordonnance, et ceux qui n’en nécessitent pas. Mais ces dernières années, les changements de règles ont plutôt eu lieu dans l’autre sens, l’ANSM rendant obligatoire le passage chez le médecin pour se procurer certains médicaments, comme la codéine.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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