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Bourse Entreprise

la petite histoire de la taxe sur la valeur ajoutée, qui souffle ce mercredi ses 70 bougies

Le 10 avril 1954 est né en France cet impôt indirect sur la consommation, copié depuis dans le monde entier. Son inventeur ? Un jeune inspecteur des finances de 37 ans.

« Si j’avais une redevance TVA, (…) je serais plus riche que Bill Gates. » Au-delà du mot d’esprit, Maurice Lauré, inventeur du « taxe sur la valeur ajoutée», la fameuse TVA, n’était sans doute pas loin de la réalité. Entrée en vigueur en France il y a 70 ans, le 10 avril 1954, la plus importante taxe française sur la consommation finale des ménages s’est rapidement répandue à travers le monde. Aujourd’hui, 172 États appliquent la TVA dans le monde – à l’exception notable des États-Unis – représentant 95 % de la population mondiale.

Avant 1954, « cette idée était déjà connue des économistes, pour éviter les taxes en cascade, que les taxes de vente n’évitent pas », rappelle Alain Trannoy, professeur à l’École d’économie d’Aix-Marseille. C’est donc à Maurice Lauré, jeune polytechnicien et inspecteur des finances de 37 ans – alors directeur adjoint de la Direction générale des impôts – qui est chargé de la technique fiscale propre à la TVA : « Au lieu de demander au dernier vendeur de payer à l’État la totalité de cette taxe à la consommation, il prévoyait que chaque entrepreneur intervenant dans le circuit de production puis de distribution (industriels, grossistes, détaillants, etc.) paierait la taxe sur la valeur qu’il porterait. ajouter au produit »expliquait Guy Delorme, inspecteur général des finances, en 2004.

Concrètement, « L’entreprise calcule le montant de la taxe sur le prix des produits qu’elle a vendus, et elle déduit de ce chiffre toutes les taxes qu’elle a elle-même payées sur ses achats. Elle ne paie que la différence au Trésor.. D’où le nom de « taxe sur la valeur ajoutée», car il est calculé sur la valeur ajoutée par l’entreprise à son produit. Un système « très ingénieux »observe Alain Trannoy, que Maurice Lauré exposait en 1952 dans un livre sobrement intitulé Taxe sur la valeur ajoutée. Mais il faut attendre encore deux ans et c’est différent « aventures politico-administratives »comme le disait l’inventeur de la TVA en 2001, pour que la TVA voie enfin le jour.

L’inventeur de la TVA, Maurice Lauré.
AFP

Généralisé en 1968

Après le vote des deux chambres parlementaires, la loi supprimant la taxe de production qui existait jusqu’alors pour la remplacer par une taxe sur la valeur ajoutée fut promulguée par le Président de la République René Coty le 10 avril 1954. « Si la loi a été votée, elle doit beaucoup au soutien politique de Pierre Mendès France, alors président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, devenu par la suite président du Conseil », souligne Alain Trannoy. L’économiste replace également ce nouvel impôt dans le contexte de la France de la Quatrième République, qui « n’a pas hésité à innover économiquement ».

Initialement, la TVA ne concernait que 300 000 grands fabricants et grossistes, soit moins de 15 % des entreprises enregistrées auprès du fisc. «Ça s’est propagé progressivement», relate Alain Trannoy. En 1968, la TVA est généralisée à tous les commerçants, artisans et prestataires de services, ainsi qu’à certains exploitants agricoles. De quoi susciter la colère des petits commerçants, dans le contexte de la révolte menée par Pierre Poujade, instigateur du mouvement poujadiste. Ses adversaires la surnommeront « impôt de l’administration vorace» Ou « tout va augmenter».

Auteur de l’ouvrage TVA, invention française, révolution mondiale (Éditions Eyrolles, 2012), Denys Brunel n’hésite pas à affirmer que « La TVA a été l’un des moteurs des Trente Glorieuses ». « La TVA a favorisé les exportations, car elle disparaît dès qu’un produit franchit les frontières. Cela a également encouragé les investissements puisque les entreprises qui acquièrent un bien immobilier peuvent déduire la TVA.il a répondu à La Croix en 2014.

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De deux à quatre tarifs différents

Cet impôt franco-français s’est rapidement exporté hors des frontières françaises, se généralisant d’abord dans toute l’Europe. À partir de 1967, sa mise en œuvre est harmonisée au niveau européen par deux directives. En 1972, la TVA est même devenue une obligation pour les pays candidats à l’adhésion à l’UE. « Il constitue l’un des piliers du marché unique », constate Alain Trannoy. En 2022, un rapport du Conseil des Prélèvements Obligatoires (CPO) constatait que la TVA constituait aujourd’hui « une des principales ressources publiques au monde et particulièrement dans l’Union européenne (UE) où elle représente en moyenne entre 1/5ème et 1/6ème des prélèvements obligatoires des États membres ». En France, il s’agit de la principale recette fiscale du budget de l’État, générant l’an dernier plus de 200 milliards d’euros de recettes, soit deux fois plus que l’impôt sur le revenu.

Si la loi de 1954 prévoyait déjà deux taux de TVA selon les produits concernés, ils ont depuis fait l’objet de nombreuses réformes. Le taux « normale» La TVA, appliquée à la majorité des ventes de biens et services, était par exemple initialement fixée à 16,8 %. Depuis, il a été augmenté puis abaissé à plusieurs reprises, pour s’établir aujourd’hui à 20 %. Il existe également aujourd’hui deux taux réduits : l’un à 5,5 % sur les produits considérés comme essentiels, et un autre, fixé aujourd’hui à 10 % et créé en 2012, qui concerne l’hôtellerie, la restauration ou encore les transports. Enfin, un tarif « super réduit» a été créée en 1982, qui s’élève aujourd’hui à 2,1 %, notamment sur les médicaments remboursés et la presse. « Ces tarifs sont très réglementés. Les gammes de produits couvertes par chaque tarif sont réglementées par la Commission européenne.souligne Alain Trannoy.

Aujourd’hui encore, la TVA reste au cœur des débats politiques. Comme le serpent de mer du « TVA sociale»récemment avancées par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, ou encore les propositions de baisse de TVA brandies par Marine Le Pen (RN) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) lors de la campagne présidentielle de 2022. Même à 70 ans, la TVA n’a pas fini de défrayer la chronique.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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