Une page de l’histoire du cinéma français et italien se tourne avec la mort d’Anouk Aimée, star élégante et mystérieuse qui a illuminé les chefs-d’œuvre de Claude Lelouch (« Un homme et une femme ») et Federico Fellini.
Elle est partie entourée de sa famille, a déclaré sa fille, Manuela Papatakis. « Avec ma fille Galaad et ma petite-fille Mila, nous avons l’immense tristesse de vous annoncer le départ de ma mère Anouk Aimée. J’étais proche d’elle lorsqu’elle est décédée ce (mardi) matin, chez elle à Paris. »a-t-elle écrit sur son compte Instagram.
Anouk Aimée est décédée presque deux ans jour pour jour après Jean-Louis Trintignant, avec qui elle partageait l’écran dans » Un homme et une femme « .
Les retrouvailles des deux amoureux sur une plage de Deauville dans ce film culte de Claude Lelouch, sur une musique de Francis Lai, est l’une des scènes les plus romantiques du cinéma.
Palme d’Or à Cannes en 1966, le film vaut à Anouk Aimée une reconnaissance internationale, le Golden Globe de la meilleure actrice et une nomination aux Oscars.
« Sa classe »
« Anouk, ma Nounouk, nous a quittés ce (mardi) matin. (…) Elle était ma compagne de voyage, mon amie de toujours. Elle m’a donné toutes les chances et m’a dit oui quand, en tant que jeune cinéaste, les autres me disaient non. Grâce à elle et uniquement à elle, je me suis familiarisé avec la lumière. »a salué Claude Lelouch, 86 ans, sur Instagram.
« Sa silhouette et sa grâce resteront à jamais gravées sur une plage de Normandie. Après avoir fait rêver la terre entière, maintenant, elle fera rêver les anges. ».
Au-delà de ce rôle resté dans les mémoires, Anouk Aimée a prêté son sourire mélancolique et ses cheveux noirs aux plus grands du cinéma franco-italien du XXe siècle : Jacques Demy (« Lola »), Federico Fellini (« La Dolce vita » et «Huit et demi»), Marco Bellocchio, Jacques Becker ou André Cayatte, qui l’a lancé en 1949 en « Les Amoureux de Vérone ».
« Elle était +la+ actrice de l’après-guerre, la belle, mystérieuse et talentueuse actrice des années lumières du cinéma »a réagi auprès de l’AFP l’icône du cinéma Brigitte Bardot, elle aussi engagée pour la cause animale. « Nous avons perdu une femme, une actrice, une amoureuse des animaux, un symbole talentueux et inoubliable qui me laisse orphelin d’elle ».
« J’ai commencé avec Carné, Becker, Duvivier, Bertolucci, Lumet, Altman… (Claude) Lelouch est quelqu’un d’important pour moi et Fellini était le Mont Blanc. C’est comme ma famille. Il y en a un du côté de ma mère et l’autre du côté de mon père. »disait-elle il y a vingt ans à l’AFP à l’occasion de la remise d’un Ours d’or d’honneur à la Berlinale.
L’actrice, mariée au cinéaste Nico Papatakis, au compositeur Pierre Barouh (celui qui a écrit les paroles de « Dabadabada ») et l’acteur britannique Albert Finney, s’étaient fait plus discrets ces dernières années, mais avaient tout de même fait un retour émouvant en 2019 à Cannes, pour reformer aux côtés de Trintignant le couple mythique de » Un homme et une femme « dans une suite tournée par Claude Lelouch.
« Ses grands et beaux yeux, son long visage de Madone, la mèche de cheveux qu’elle repoussait toujours en arrière, sa voix musicale, ce sourire teinté d’ironie et de tristesse. En un mot, sa classe. Anouk aimait être aimée : on ne s’en est pas privé »a salué l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, auprès de l’AFP.
« Anouk si bien nommée : on t’aimait tellement ! Nous disons au revoir à une icône mondiale, à une immense actrice du cinéma français, qui a tourné pour les plus grands. »a écrit la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur X.