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Anne Genetet, un alunissage à l’Éducation nationale au pire des moments – Libération

Anne Genetet, un alunissage à l’Éducation nationale au pire des moments – Libération
Nommer quelqu’un de totalement inexpérimenté rue de Grenelle n’était pas forcément opportun alors que les enseignants et les parents sont à bout de nerfs après une série de réformes qui n’ont en rien amélioré le statut de l’école publique.

Dans sa première interview avec Libérerla nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, affirme pouvoir prouver sous peu « qu’en travaillant sur des dossiers, on développe des compétences ». Elle qui se disait animée par l’humilité lors de la passation du pouvoir (succédant à Nicole Belloubet, pour ceux qui auraient perdu le fil), l’avoue aujourd’hui « consterné » par les critiques virulentes qui ont suivi. On peut toujours sympathiser, car on frémit en lisant les paroles de ceux qui ont croisé notre chemin politique dans le passé et témoignent de Libérer de leur expérience. Évidemment, le ministre n’a pas beaucoup d’amis, ce qui, en politique, peut s’avérer fatal. Né d’un élan civil antisystème, le macronisme se dégonfle sous nos yeux comme un ballon tout politique. Il a fallu faire rentrer celui-ci, acheter le silence de celui-là et l’Education nationale est si peu considérée qu’on peut y mettre n’importe qui qui ne dérange pas trop l’autre camp. N’importe qui, et c’est Anne Genetet, qui n’est que la triste illustration de cette dérive. Selon Suétone, l’empereur romain Caligula nommait son cheval au poste de consul, image désormais classique de la victoire du politique sur la compétence. Genetet est la 36e ministre de l’Éducation nationale sous la Ve République et il est probable que certains de ses prédécesseurs étaient tout aussi inadaptés qu’elle. Mais son atterrissage – on est tenté d’y voir un alunissage – rue de Grenelle tombe au pire moment, alors que les enseignants et les parents sont à bout de nerfs après une série de réformes qui n’ont en rien amélioré le statut de l’école publique, et alors que le niveau mondial des étudiants français ne cesse de baisser. Nos attentes étant au plus bas, Anne Genetet ne peut que surprendre. Mais si l’on connaît le sort de Caligula, l’histoire n’a pas enregistré ce qui est arrivé à son cheval.

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