Ambrogio Maestri magistral en bouffon décadent
L’Opéra de Paris revient avec une oeuvre légère, mise en scène par Dominique Pitoiset, et portée par un baryton inspiré et un quatuor féminin enthousiaste. Sous les applaudissements, Falstaff est une belle réussite.
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Dès le début, une chose est sûre : le baryton italien Ambrogio Maestri impressionne aussi bien comme acteur que comme chanteur dans le rôle-titre du dernier opéra de Verdi. Sa présence sur scène est indéniable, sa prestation vocale est spectaculaire, déclenchant à plusieurs reprises les applaudissements du public. Le natif de Pavie maîtrise parfaitement son personnage. Il a fait ses débuts en 2001 dans le rôle-titre de Falstaff à la Scala de Milan et au Teatro Verdi de Busseto. Et il a fêté sa 250e représentation au Staatsoper de Vienne en 2016. A l’Opéra Bastille, ce mardi 10 septembre, il laisse éclater tout son talent. Il est Falstaff, un vieil aristocrate bedonnant, sans le sou et amoral, un bouffon qui refuse d’accepter les assauts du temps. A l’ère de #Metoo, il rappelle certains personnages bien vivants.
Qui est Falstaff ? Avant d’être un opéra-bouffe en trois actes de Giuseppe Verdi, sur un livret d’Arrigo Boito, créé à la Scala de Milan le 9 février 1893 et à l’Opéra-Comique de Paris le 18 avril 1894, c’est une création shakespearienne. Sir John Falstaff est un personnage comique créé par William Shakespeare apparaissant dans les deux parties Henri IV, Henri V et dans Les Joyeuses Commères de Windsor. Le personnage a réellement existé. A 80 ans, Verdi a voulu se faire plaisir en composant une œuvre plus légère.« Je voulais écrire un opéra comique depuis quarante ans », avait-il confié. Ce sera son œuvre finale.
Quelle est l’histoire de Falstaff ? Un satyre gargantuesque, à l’appétit insatiable pour la nourriture, la boisson et les femmes, à court d’argent, cherche une amante pour financer ses excès. Il envoie la même lettre d’amour à Mrs Alice Ford, malicieusement interprétée par Olivia Boen, et à son amie Meg Page, interprétée par Marie-Andrée Bouchard-Lesieur. Certain de son charme, malgré son âge, il ne doute pas du succès de sa démarche.Falstaff les regarde toutes avec des yeux méprisants, qu’elles soient belles ou laides, vierges ou mariées. Sauf que les deux femmes réalisent le subterfuge. Un stratagème s’ensuit pour punir le vieux Don Juan. La vengeance féminine est mise en branle. Pour l’appâter : la flatterie.
Grâce à un décor inspiré du film Il était une fois en Amérique, Dans des immeubles en briques rouges abritant des appartements au-dessus de boutiques, Dominique Pitoiset situe l’oeuvre au début du siècle dernier, ce qui est évidemment plus proche de Verdi que de Shakespeare. Le metteur en scène reconnaît que son approche serait aujourd’hui complètement différente de celle de sa version originale.Cette production date du siècle dernier, son esthétique est très éloignée de celle de mes projets récents. Mon parti pris serait différent si je devais rééditer l’œuvre », confie Dominique Pitoiset.
L’orchestre dirigé par Michael Schonwandt, qui accompagne avec finesse les artistes, a reçu de nombreuses ovations de la part d’un public enthousiaste. Points forts : la fin du deuxième acte et le final qui voit tous les personnages présents sur scène pour une scène épique. Falstaff, une œuvre légère et pétillante qui contient des vérités profondes. Car si « Le monde entier est une blague« , la nature humaine est un peu plus. Et, encore une fois, une comédie portée de main de main par Ambrogio Maestri.
Formulaire
Titre : Falstaff
Genre : comédie lyrique en trois actes (1893) d’après Les Joyeuses Commères de Windsor et des scènes de Henry IV de William Shakespeare
Durée : 2h40 avec 1 entracte
Langue: italien
Surtitres : Français / Anglais
Musique : Giuseppe Verdi
Brochure: Arrigo Boito
Direction musicale: Michael Schønwandt
Mise en scène: Dominique Pitoiset
Chef de chœur : Alessandro Di Stefano
Décorations : Alexandre Beliaev
Créatrice de costumes : Elena Rivkina
Distribution : Ambrogio Maestri, Olivia Boen, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Andrii Kymach, Gregory Bonfatti, Marie-Nicole Lemieux, Iván Ayón-Rivas et Federica Guida.
Dates: Jusqu’au 10 septembre
Lieu : Opéra Bastille, Place de la Bastille, 75012 Paris
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