ambitions, avenir, JO… Le sélectionneur Raphaël Reynaud s’exprime avant le premier Mondial des Bleus
ENTRETIEN – Le sélectionneur de l’équipe de France de futsal s’est confié au Figaro avant l’entrée en lice des Bleus dans la Coupe du monde 2024, contre le Guatemala.
Une première. Ce lundi, l’équipe de France de futsal disputera son tout premier match de Coupe du monde face au Guatemala. Un événement que Raphaël Reynaud aborde avec à la fois ambition et sérénité. C’est en effet avec beaucoup de calme, mais aussi d’impatience, que le sélectionneur des Bleus a pris part à la Figarolundi dernier, lors d’une « arrêt » à Dubaï. L’occasion d’évoquer (au téléphone), entre autres, la préparation des Tricolores, leurs ambitions en compétition et l’avenir, tant de l’équipe que de la discipline, encore trop méconnu.
LE FIGARO. – Comment s’est déroulée la préparation de la Coupe du monde ?
Raphaël Reynaud. – Nous avons commencé notre préparation le 8 août. Nous avons joué un gros match à Clairefontaine. Nous avons ensuite fait un stage en Espagne durant lequel nous avons affronté la Roja et le Costa Rica. Et puis, nous avons fait escale à Dubaï (Émirats Arabes Unis) pour casser le décalage horaire et nous rapprocher de l’Ouzbékistan. Nous partons demain soir pour nous rendre à Boukhara qui nous accueille pour la compétition.
Etes-vous satisfait de la préparation ?
Pour l’instant, on y est. Déjà, au niveau de l’état d’esprit, de l’investissement des joueurs, il n’y a que du positif. Ensuite, on a des joueurs qui sont en bonne santé malgré une grosse charge de travail, surtout sur les trois premières semaines. Et puis notre bilan dans les matchs de préparation est plutôt positif avec trois victoires, un nul contre l’Espagne qui est notre grosse performance et une défaite qui reste un peu en travers de la gorge, mais très formatrice, contre l’Argentine, vice-championne du monde. Globalement, c’est positif. La préparation nous a permis de monter en puissance petit à petit.
Alors, êtes-vous prêt pour le début de la compétition ?
Voilà, nous sommes presque prêts. Nous allons entrer dans une autre phase. Nous affrontons ce lundi (lundi dernier, ndlr) l’Arabie saoudite, qui est toujours à 48et C’est une opposition qui va nous permettre de finaliser certains points sur lesquels nous travaillons depuis un certain temps. Ensuite, nous serons totalement concentrés sur le premier match qui nous opposera au Guatemala. Donc à partir de mercredi (mercredi dernier, ndlr), jour de notre première séance, nous commencerons vraiment à nous concentrer sur l’équipe guatémaltèque. Nous rentrerons ensuite davantage dans les aspects liés à notre adversaire.
Vous allez disputer la première Coupe du monde de l’histoire de l’équipe de France. Comment vous sentez-vous ?
Nous sommes avant tout conscients du défi et très heureux de pouvoir montrer au monde du sport ce qu’est le futsal avec une fenêtre médiatique, une fenêtre d’intérêt. C’est pourquoi nous avons hâte de commencer à montrer les émotions que ce sport peut procurer et aussi quelle équipe nous sommes.
Qu’attendez-vous de cette première Coupe du Monde ?
Tout d’abord, d’un point de vue sportif, il faut y aller avec beaucoup d’humilité. C’est notre première participation, l’expérience est quelque chose qui compte le plus au plus haut niveau. Notre objectif est de sortir de la phase de poules et surtout de montrer une bonne image, de montrer du contenu qui plait aux gens et qui nous permet de capitaliser et de construire une relation avec un large public.
Donc sortir de la phase de groupe et bien jouer ferait de votre compétition un succès ?
Le futsal se suffit à lui-même en terme d’attractivité. Mais en plus, on a l’identité de cette équipe qui est très intéressante, pour moi, à suivre car elle prend constamment des risques, c’est dans l’idée de ne pas subir. On fait très souvent des matchs très animés. On est souvent mené au score mais l’équipe ne lâche rien. On a des arguments à faire valoir concernant le plaisir de nous voir jouer.
Cette Coupe du monde doit-elle surtout vous servir à préparer l’avenir ?
C’est exactement ça. Notre objectif initial était de nous préparer via la Coupe du monde, ou plutôt les éliminatoires de la Coupe du monde car la qualification pour la compétition n’était pas dans la feuille de route initiale. On voulait se servir des éliminatoires pour le prochain Championnat d’Europe (en 2026, ndlr). Là, c’est d’autant plus intéressant qu’on sera vraiment dans des conditions réelles. On va y aller avec beaucoup d’ambition, évidemment, mais tout en étant conscient qu’on construit quelque chose et qu’on est au début d’une aventure.
Votre objectif pour le Championnat d’Europe sera donc plus élevé que pour la Coupe du Monde ?
Absolument. On sera dans une construction plus importante et l’objectif sera d’atteindre les quarts de finale, voire les demi-finales. Maintenant, il y a déjà cette première échéance qui arrive et donc on va se concentrer dessus. Et puis, il y a les qualifications… et on ne s’est qualifié qu’une fois pour le championnat d’Europe donc il faut avoir de l’ambition mais en gardant de l’humilité.
Quel a été le plus grand défi dans votre parcours de qualification ?
Finalement, ce qui a été le tournant, c’est l’appropriation du projet de jeu, du projet d’équipe française par le groupe. A partir du moment où, lors du premier rassemblement, le groupe a totalement adopté le projet de jeu et le projet d’équipe française qui leur promettait du sang et des larmes, on était sur la bonne voie. D’une certaine manière, ça a été le déclic. Et ça s’est produit quasiment lors du premier rassemblement. C’était la partie la plus compliquée. Une fois que les joueurs étaient passés au haut niveau, à l’exigence, au fait que c’est aussi par la construction de leur corps qu’on allait pouvoir construire le projet de jeu, à partir de ce moment-là, le pari était gagné. Et l’avenir pouvait commencer à s’écrire.
Un projet de jeu basé entre autres sur l’impact…
Voilà. Notre plan de jeu est basé sur l’idée de ne jamais être victime. Il faut donc toujours impacter l’adversaire, que ce soit au niveau défensif, avec l’envie d’aller chercher l’adversaire, de provoquer des erreurs chez lui, ou au niveau offensif puisque nous avons une identité qui est le reflet de l’identité de nos joueurs qui sont inspirés. On essaie de les valoriser, et de les brider le moins possible pour faire en sorte d’impacter l’adversaire offensivement.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour votre match d’ouverture ?
Une chose est sûre : nous allons nous amuser. Nous prenons vraiment ce match comme quelque chose de spécial. amusant à faire, un peu comme Léon Marchand. C’est vrai que c’est une image qui m’a vraiment marqué en tant qu’entraîneur de voir un athlète qui ne parle que de plaisir. On a déjà ça. Sinon, ce qu’on peut nous souhaiter, c’est d’avoir un staff et des joueurs en bonne santé pour débuter la compétition en pleine possession de leurs moyens. Là, on sera difficile à battre par l’adversaire.
Vous évoquez Léon Marchand. On imagine qu’après l’engouement pour Jeux olympiques et paralympiquesVoulez-vous que le futsal devienne une discipline olympique ?
Évidemment, nous entendons surfer sur cette dynamique positive des Jeux olympiques, qui a amené toute la population à suivre les équipes nationales. Nous espérons que cette dynamique se poursuivra à travers cette Coupe du monde. Quant aux Jeux olympiques, c’est une anomalie que le futsal ne soit pas olympique. C’est un sport mondial, universel, pratiqué sur les cinq continents. Il est facile à organiser. Nous sommes à l’heure olympique. J’espère que le temps effacera cette anomalie. Je pense que dans le futur, très vite, le futsal deviendra olympique, cela ne fait aucun doute. Maintenant, le plus tôt sera le mieux.