« Ambitieux » pour la majorité, « insincère » pour l’opposition, le budget primitif de la ville de Bastia adopté

Séquence budgétaire accélérée ce jeudi 11 avril 2024 au conseil municipal de Bastia. Entamé tardivement suite à l’examen d’une motion controversée sur les tags apposés contre la mairie en début de semaine, examen du budget initial de la ville pour l’année 2024 a été « expédié » en à peine trois quarts d’heure.

Une volonté d’aller vite qui s’est fait sentir dès l’intervention de Jean Joseph Massoni, l’adjoint au maire chargé des finances. Une présentation plus concise qu’à l’accoutumée, dont on retiendra que le budget principal de la ville de Bastia s’élève, pour cet exercice 2024, à 93 millions d’euros, qu’elle prévoit 34 millions d’euros des dépenses d’investissement et devrait conduire à une réduction de l’encours de la dette des 51 millions à 47 millions.

Encore des frais de personnel

« C’est un budget conforme aux orientations stratégiques prises par la municipalité en début de mandat., assure le financier de la ville. Elle soutient un plan d’investissement ambitieux et n’envisage pas, pour cette année, de recourir à l’emprunt. » L’élu a également souligné que le document ne prévoit pas non plus d’augmentation des taux d’imposition des impôts directement perçus par la ville.

Un tableau idyllique dans lequel l’opposition s’emploiera bien entendu à mettre en lumière les zones d’ombre. Comme souvent, souligne Jean Zuccarelli la hausse des charges de personnel : +5,8% en un an. La municipalité le justifie par des causes « exogènes », à savoir les mesures prises par le gouvernement en faveur du pouvoir d’achat des fonctionnaires.

Les musclettes économiques

Mais pour l’élu du groupe « Unione per Bastia », c’est en réalité le résultat d’une déviation. « On nous parle d’une augmentation de 20 % en dix anssouligne-t-il. Quand on voit ces chiffres, on comprend les difficultés structurelles auxquelles la ville est confrontée. »

Pour Jean-François Paoli, du même groupe, c’est la viabilité – et donc la sincérité – de ce budget initial qui est en cause. « On nous parle de 34 millions d’euros d’investissements sans recours à l’emprunt : on verrail prophétise. Je crois que c’est un budget pas très sincère, avec des artifices, et qu’il donnera lieu à un budget rectificatif qui va nous donner mal à la tête. »

Plutôt que de manque de sincérité, Jean-Martin Mondoloni (Unione per Bastia) préfère parler de « musclette ». Une expression qui ne l’empêche pas de délivrer un diagnostic tout aussi sombre et d’évoquer « un budget à la limite de l’irresponsabilité. »

«Sous le soleil de l’opposition»

Leader du groupe Un futur pour Bastia, Julien Morganti va plus loin… dans le temps. Il anticipe une future alternance municipale. « Nous sommes en présence d’une forme inquiétante de cavalerie budgétaire et financière qui laissera à vos successeurs le soin de résoudre le problème. », lâche-t-il. Avant de revenir sur la question de la dette pour reprendre, à son tour, l’argument du manque de sincérité : «Les emprunts sont reportés à 2026 et 2027 pour un montant de 16 millions. La présentation n’est pas sincère et, en réalité, la situation financière de la ville se dégrade« .

Comme d’habitude, c’est le maire, Pierre Savelli, qui prend la parole en dernier. « Rien n’a changé sous le soleil de l’opposition, plaisante-t-il. A chaque fois on en rajoute un peu. Nous avons parlé de « chiffon rouge », de « sonnette d’alarme », cette année nous avons ajouté « manque de sincérité ». Nous y sommes habitués et nous savons que, chaque année, nos analyses s’avèrent exactes. La réalité est que Bastia, année après année, parvient à relever ses défis. Ce budget le démontre encore une fois.« 

Le document est soumis au vote. Il est adopté.