Altice vend sa participation dans l’opérateur BT pour 3,5 milliards d’euros
C’est le géant indien des télécoms Bharti Airtel qui a acquis 24,5% d’Altice UK, détenu par l’homme d’affaires très endetté Patrick Drahi.
Le géant indien des télécommunications Bharti Airtel a annoncé lundi dans un communiqué qu’il allait racheter la participation de 24,5% d’Altice UK dans le groupe de télécommunications britannique BT, détenu par l’homme d’affaires très endetté Patrick Drahi.
L’accord représente environ 3 milliards de livres sterling (3,5 milliards d’euros), selon le cours de l’action BT, qui a bondi de 6% à 138,65 pence à la Bourse de Londres en début de séance lundi.
« Bharti Televentures UK a conclu un accord contraignant avec Altice UK pour acquérir immédiatement environ 9,99 % du flottant de BT, les 14,51 % restants du capital social de BT devant être acquis une fois toutes les autorisations réglementaires obtenues », a déclaré Bharti dans son communiqué. Le groupe indien a déclaré qu’il soumettait la transaction aux autorités britanniques chargées de l’application de la loi sur la sécurité nationale et les investissements.
Bharti a déclaré qu’elle n’avait « aucune intention de faire une offre pour l’ensemble de la société », indique le communiqué.
« Bharti soutient l’équipe de direction de BT et sa stratégie alors que l’entreprise accélère son plan de transformation ambitieux pour générer une croissance durable à long terme », a déclaré la société dans son communiqué, y compris le déploiement prévu de la fibre optique et de la technologie 5G.
L’investissement s’appuie sur « un historique d’investissement à long terme au Royaume-Uni » et « une connaissance de BT, qui était un actionnaire minoritaire important de Bharti entre 1997 et 2001 ».
En mai, le milliardaire français Patrick Drahi, propriétaire d’Altice, avait indiqué qu’il augmentait sa participation de 18 à près de 25% dans BT, dont il était déjà le premier actionnaire, mais avait également assuré qu’il n’avait pas l’intention de lancer une OPA.
Altice sous pression
L’augmentation du capital de BT par Patrick Drahi, devenu son premier actionnaire en juin 2021 avec 12,1% du capital, avant de porter sa participation à 18% peu après, avait inquiété la classe politique britannique, sur fond de spéculations sur une éventuelle OPA. Londres avait indiqué l’an dernier étudier l’impact sur la sécurité nationale de cette prise de participation dans l’opérateur, mais le gouvernement avait finalement décidé de ne pas s’y opposer.
BT, qui avait déjà commencé à réduire ses coûts dans un climat économique difficile, a annoncé en mai qu’il supprimerait jusqu’à 55 000 emplois d’ici 2030.
Altice, dont les résultats ont reculé au premier trimestre, subit actuellement la pression de ses créanciers pour réduire son énorme dette. Toujours pour réduire son endettement, Altice a déjà vendu début août sa filiale Teads, spécialisée dans la publicité en ligne, à l’israélien Outbrain pour une somme d’un milliard de dollars.
Altice France s’est récemment séparé de sa branche médias (BFMTV, BFM Business, RMC…), revendue au groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé pour 1,55 milliard d’euros, après avoir annoncé en novembre la vente de ses centres de données à la banque Morgan Stanley, une opération qui devait rapporter 530 millions d’euros.
Parallèlement à ses difficultés financières, la multinationale Altice est également secouée par un scandale de corruption, qui implique notamment Armando Pereira, patron de la filiale portugaise et cofondateur du groupe.
Le milliardaire mexicain Carlos Slim a pour sa part révélé en juin avoir acquis une participation de 3% dans BT.
Susanah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, a déclaré que l’acquisition d’Altice par Bharti devrait « renforcer la confiance des investisseurs » dans BT, montrant que le conglomérat indien voit « une valeur clairement non réalisée dans le groupe » et en particulier « un grand potentiel dans Openreach », la société qui gère le réseau de BT et en particulier le déploiement de la fibre optique.