Alstom : Avec une cession de plus de 600 millions d’euros, Alstom donne des gages au marché

(BFM Bourse) – L’équipementier ferroviaire a annoncé vendredi avoir conclu un accord avec le groupe allemand Knorr-Bremse pour céder ses activités de signalisation conventionnelle en Amérique du Nord pour environ 630 millions d’euros. Une opération encourageante pour le marché puisque le groupe doit trouver 2 milliards d’euros pour se désendetter.

Le rallye boursier d’Alstom gagne en crédibilité. L’équipementier a annoncé vendredi soir une vente importante, envoyant ainsi une garantie au marché de son désendettement. L’équipementier ferroviaire a conclu un accord avec l’allemand Knorr-Bremse AG pour vendre une partie de son activité de signalisation ferroviaire en Amérique du Nord, c’est-à-dire la signalisation « conventionnelle ».

La signalétique « conventionnelle » est un type de signalétique faisant référence aux technologies traditionnelles et non numériques. Il s’appuie sur des systèmes de blocs prédéterminés où les pistes sont divisées en segments, chacun contrôlé par des signaux optiques en bord de piste. Cette méthode s’appuie donc sur une infrastructure physique pour détecter les trains.

En revanche, la signalisation numérique utilise des technologies telles que la communication radio continue entre les voies et les centres de données au bord des voies avec contrôle automatisé. Alstom conservera ce type de signalisation dans son portefeuille en Amérique du Nord.

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Un produit de 620 millions d’euros

Le groupe indique que la vente s’élève à un montant de 630 millions d’euros pour un produit net d’impôts et de frais de transaction de 620 millions d’euros. Le périmètre qui serait vendu représenterait également un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros, soit 1,8% du chiffre d’affaires de l’exercice 2022-2023.

La transaction devrait être finalisée à l’été 2024, sous réserve des conditions habituelles.

A la Bourse de Paris, cette annonce permet au titre Alstom de gagner 2% vers 10h40 après avoir affiché une hausse de plus de 5% en début de matinée. Surtout, depuis la mi-février, Alstom a gagné plus de 35% en Bourse.

La valorisation du constructeur de matériel ferroviaire évoluait bien entendu, les investisseurs ayant été brûlés par la lourde alerte sur la trésorerie de l’entreprise de l’automne dernier. Alstom avait brûlé plus d’1 milliard d’euros sur les six premiers mois de son exercice 2023-2024.

Face aux doutes des marchés et à la menace d’une dégradation de sa notation par Moody’s, Alstom a décidé de prendre des mesures pour renforcer son bilan financier et réduire son endettement.

Le groupe entend, outre le désendettement organique – obtenu grâce à sa génération de cash – réduire sa dette de deux milliards d’euros grâce à des « mesures inorganiques ». Ces mesures prendront la forme de transferts d’actifs pour un objectif de 500 millions à plus d’1 milliard d’euros, de mesures de quasi-fonds propres (comme l’ouverture du capital d’une filiale via la souscription d’investisseurs à des obligations perpétuelles, ou l’émission d’obligations hybrides) et une augmentation de capital.

Rendez-vous important le 8 mai

Alstom doit dévoiler le détail précis des ressources qu’il compte débloquer via chacun de ces trois leviers le 8 mai, lors de la publication de ses résultats annuels.

Mais l’idée à comprendre est la suivante : plus Alstom parvient à céder des actifs, moins le groupe aura besoin de procéder à une augmentation de capital, et donc moins l’actionnariat actuel sera dilué.

Deutsche Bank a jugé mi-mars que l’appel de marché pouvait être limité à 500 millions d’euros, ce qui a rassuré les investisseurs. L’annonce de vendredi soir crédibilise cette hypothèse d’une augmentation de capital limitée.

« Cette opération marque une étape importante dans la mise en œuvre du programme de réduction de la dette du groupe de 2 milliards d’euros, qui devrait être détaillé le 8 mai », écrit lundi Deutsche Bank. « La dilution liée à une éventuelle augmentation de capital est largement intégrée, car le titre est déjà l’un des plus vendus en Europe et s’échange avec une décote d’environ 40% par rapport à ses pairs », poursuit-elle.

On peut cependant souligner que la réaction du titre est encore assez mesurée (+2% ce lundi donc).

« Le marché avait déjà anticipé des annonces comme celle-là compte tenu de la forte progression du titre ces dernières semaines. Et puis certains investisseurs pourront se dire qu’il y a encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre les 2 milliards d’euros, et, enfin, on peut se demander si ce chiffre de 2 milliards est suffisant », explique un intermédiaire financier basé à Londres.

Cet expert du marché avance cependant qu' »Alstom a obtenu un bon prix sur les activités vendues, ce qui signifie qu’ils avaient certainement plusieurs offres » et ont donc eu raison de vendre cette activité, juge-t-il.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse