Proche du tueur de l’Hyper Cacher, Amedy Coulibaly, il était le principal accusé dans les procès des attentats de janvier 2015. Au point d’être condamné en appel à la réclusion criminelle à perpétuité pour « complicité d’assassinats terroristes », la justice le décrivant comme un homme d' »extrême dangerosité ».
Incarcéré à l’isolement à la prison de Laon (Aisne), Ali Riza Polat, 39 ans, est soupçonné d’avoir agressé deux gardiens de prison tôt ce mardi matin avec deux éclats de verre en criant « Allahou akbar » (Dieu est grand). Ces fonctionnaires venaient à peine de pénétrer dans sa cellule lorsque le prisonnier s’est précipité sur eux. L’un d’eux a été légèrement blessé à l’avant-bras tandis que le second a été pris en otage par le forcené. Après des négociations, Ali Riza Polat a fini par lâcher prise, a déposé ses armes artisanales et s’est rendu.
Le parquet national antiterroriste (PNAT) a pris en charge l’enquête ouverte pour « tentative d’homicide sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et récidiviste ». Les investigations ont été confiées à la sous-direction antiterroriste (SDAT), service coordonnateur, à la direction zonale de la police nationale (DZPN) de Lille et à la direction générale de la sécurité intérieure. L’audition du suspect, placé en garde à vue cet après-midi, devrait permettre de faire la lumière sur les motivations de son acte.
« Je n’ai de haine envers personne »
« Je ne me suis jamais levé un matin pour détruire la vie de ces gens (…) Je ne suis pas Coulibaly. (…) Je suis innocent des faits qui m’ont été reprochés », a déclaré Ali Riza Polat, né en Turquie et arrivé en France à l’âge de trois ans, lors de son dernier procès. Accusé d’avoir fourni un sac d’armes à Amedy Coulibaly, contenant des kalachnikovs et des pistolets Tokarev, le trentenaire avait toujours nié connaître l’usage qui serait fait de cet arsenal, imaginant un braquage.
Né dans une famille alévie, branche non pratiquante de l’islam, Ali Riza Polat explique s’être converti en 2014. Mais il a toujours nié toute pratique extrémiste de sa religion et toute adhésion aux théories terroristes. « Je suis musulman, je suis croyant. Je fais mes cinq prières quotidiennes, mais je fais mes bêtises à côté (…) Je n’ai jamais dit que j’étais dans le combat religieux. Je n’ai de haine envers personne. »
Mais ses déclarations n’ont pas convaincu la justice antiterroriste. « Pour le tribunal, il ne fait aucun doute (…) qu’Ali Riza Polat s’est bel et bien rendu coupable, (…) en toute connaissance de cause, de complicité dans les actes de terrorisme commis de manière concertée par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, en fournissant à ce dernier une assistance permanente dans la préparation de ses actes et dans le rassemblement des moyens pour les commettre », avaient motivé les juges. Contactés, les avocats d’Ali Riza Polat, Mes Moad Nefati et Rachid Madid, n’ont pas souhaité faire de commentaires à ce stade.