Alfa Romeo Junior Veloce : un SUV qui cache une vraie petite GTI
L’Alfa Romeo Junior fait son entrée dans le segment électrique. Nous avons pris le volant de la version Veloce de 280 ch !
À l’instar des autres constructeurs du groupe Stellantis, Alfa Romeo se lance dans le segment électrique avec un petit SUV urbain. Basé sur la plateforme multi-énergies e-CMP, le Junior adopte sans surprise le moteur de 156 ch, déjà bien connu et inauguré par la DS 3 E-Tense. Mais la firme turinoise va bien plus loin avec son haut de gamme Veloce, doté d’un moteur capable de délivrer 280 ch. Une première pour cette motorisation ! Boudé par l’administration italienne, qui philosophe beaucoup trop sur l’identité d’une voiture, ce Junior Veloce délivre toutes les sensations (à un détail près) que l’on attend d’une petite sportive transalpine.
Des performances intéressantes
Le Junior Veloce est équipé d’une batterie CATL de 51 kWh de capacité nette reprise d’une Jeep Avenger, entre autres, et d’une machine électrique de type M4, développée et fabriquée par eMotors, sur laquelle on retrouve notamment le Peugeot e-3008. Un tandem inédit où le bloc, capable de délivrer un maximum de 286 ch (210 kW) sur le papier, a permis aux ingénieurs de pousser les potentiomètres à l’extrême en repensant la gestion électronique sans toucher aux composants. Nous reviendrons en détail et en exclusivité sur ses secrets techniques à travers un article dédié.
En attendant, le SUV urbain affiche des performances de haut vol avec un 0-100 km/h annoncé en 5,9 s et une vitesse de pointe de 200 km/h. Une Peugeot e-208 GT de 156 ch revendique officiellement 8,2 s et plafonne à 150 km/h. Toutefois, comme souvent avec les électriques reposant sur cette base technique (on pense notamment à la Peugeot e-3008), la répartition du couple semble ici très linéaire. A tel point que si les chronos sont là, les sensations sont un peu édulcorées à bord de ce SUV de 1 590 kg. Preuve en est avec une reprise de 80-120 km/h enregistrée par nos soins en 4,3 s. Avec un rapport poids/puissance moins favorable (6,8 kg/ch contre 6,0 kg/ch pour le Junior Véloce), le Volvo EX30 Single requiert 3,9 s avec son pic de puissance aussi prompt que pêchu. Une goutte d’eau dans l’océan, certes, mais qui prouve une fois de plus qu’il existe des différences entre la théorie des fiches techniques et la réalité. Mais ne boudons pas le plaisir puisque le SUV italien est aussi puissant qu’un BMW iX1 xDrive30 !
Un SUV qui se conduit comme une GTI !
L’Alfa Romeo Junior Veloce est donc loin d’être un SUV urbain timide. Car si le Volvo fait rapidement appel à ses aides électroniques dès que le rythme accélère, le Junior repousse l’intervention des béquilles électroniques grâce à son différentiel à glissement limité installé en sortie de transmission sur le train avant, une première sur une traction électrique. Et son effet sur la trajectoire saute vite aux yeux derrière le volant relié à une direction plus directe. Ce tandem permet de placer facilement la voiture vers l’intérieur du virage, même aux vitesses les plus élevées. Pour les plus joueurs, le train arrière plutôt mobile donne non seulement la sensation d’avoir un bon tour de volant, mais aide aussi à faire pivoter un peu plus le nez vers l’intérieur si besoin. Reste que dans ce cas, l’électronique revient assez vite à la charge. Aussi, on pourrait regretter une sensation assez artificielle de la direction en mode Dynamique.
Réservez votre essai routier
Si le couple n’est certes pas totalement abondant lorsqu’on écrase la pédale de droite, les effets de couple sont absents en sortie de virage, tout comme les pertes de traction. En revanche, si le sous-virage n’a pas été exagéré au départ, le Michelin Pilot Sport EV aura tendance à altérer le comportement en montant en température. Mais on a ici cherché des limites qui ne seront que très rarement atteintes par les utilisateurs de ce véhicule, puisque le rythme adopté sur l’asphalte chaud des pistes d’essai de la marque et dans le sillage d’un conducteur expérimenté ne correspond à aucun usage réglementaire sur route ouverte ! Preuve de la confiance qu’Alfa Romeo porte à son dernier produit.
Cela nous a permis de mettre en avant le travail des ingénieurs en charge du groupe motopropulseur. Et pour cause : au terme d’une séance longue et intensive en piste, avec notamment un accès inédit à la boucle Langhe Sur les 20 km normalement réservés à l’équipe de développement du groupe, nous n’avons jamais constaté de baisse de puissance significative ! Ce qui corrobore les dires des ingénieurs qui nous ont indiqué que les performances sont maintenues de 100 à 25% de taux de charge d’une part, et que le refroidissement a fait l’objet de toutes les attentions. Bref, par expérience, les performances sont à souligner compte tenu du rythme adopté et de la météo du moment, avec une température extérieure de 30°C ! Même chose pour le système de freinage, confié à des disques de 380 mm et des étriers à quatre pistons (c’est aussi gros que sur une Kia EV6 GT), même si le ressenti à la pédale manque toujours de naturel.
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Une belle présentation, mais une finition moyenne
À des vitesses beaucoup plus calmes, l’Alfa Romeo Junior Véloce fait preuve d’un bon plaisir de conduite. C’est moins le cas Efficacité avancée qui limite la puissance et le couple à 300 Nm. Le Junior est donc plus apprécié en mode Naturelavec moins de compromis dans les réglages. Si le maintien de caisse ne souffre pas de critique sur la route, le confort de suspension se montre en revanche très ferme sur route dégradée. Cela pourra être gênant dans certaines villes, où le SUV passera très certainement la majorité de sa vie. Mais les utilisateurs pourront apprécier son rayon de braquage de 10,5 m.
Derrière quelques gimmicks stylistiques se cachent des équipements déjà familiers, comme l’instrumentation numérique, l’écran central et les commandes physiques sur le tableau de bord ou la console centrale. Basé sur le système d’exploitation maison, le système d’infodivertissement présente les mêmes graphismes qu’à bord des autres citadines du groupe… mais aussi la même expérience utilisateur (bugs, ralentissements…). S’il ne bénéficie pas d’un niveau de finition à la hauteur (plastiques durs parfois mal ajustés ou mal ébavurés) sur ces modèles de pré-série, la présentation reste agréable. Et c’est le cas sur cette version sportive qui s’habille d’une sellerie en Alcantara et de sièges Sabelt au très bon maintien, mais qui laissent peu de place aux cuisses si l’on a des affaires dans les poches.
Ces derniers sont creusés pour offrir un peu plus d’espace aux genoux des passagers arrière, mais les dossiers restent volumineux. Du fait d’un empattement de 2,56 m similaire aux autres SUV urbains du groupe, pas de surprise en termes d’habitabilité avec un espace arrière exigu. Le coffre de 400 l offre un volume plutôt correct sur le papier, mais la modularité est basique : on ne trouve qu’une banquette 40/60 et un plancher réglable sur deux niveaux. Les dégagements derrière les passages de roues sont toutefois bienvenus pour transporter des objets longs.
Réserves sur la consommation
Ce premier essai nous a surtout permis de mettre en évidence toute la singularité de ce modèle dans sa version Veloce, dont l’autonomie WLTP n’a pas encore été homologuée. Mais elle devrait tourner autour de 330 km. Une jolie différence, quand d’autres SUV plus civilisés promettent environ 400 km. Il faudra en revanche y revenir pour déterminer un niveau de consommation plus représentatif d’une utilisation normale. Car à l’issue de notre essai, nous avons relevé une moyenne proche de 47 kWh/100 km, ce qui assurerait à peine 110 km d’autonomie totale, soit moins de 100 km de plaisir. Autant dire qu’il ne faudrait pas trop s’éloigner d’une solution de ravitaillement pour exploiter tout le potentiel du châssis, mais rappelons que l’usage que nous en avons fait ne correspondrait à aucun usage réel.
Côté recharge, l’Alfa Romeo Junior est équipée d’un chargeur embarqué d’une puissance de 11 kW dans sa version Veloce. La charge rapide est parfaitement identique à ce que l’on connait avec cette batterie, dont le pic de 100 kW permet de passer de 10 à 80% de charge en 30 minutes selon la fiche technique. Pour rappel, voici ci-dessus les données et la courbe que nous avons enregistrées avec la Jeep Avenger équipée de la même batterie. Nul doute que le SUV italien devrait présenter les mêmes résultats.
Essai Alfa Romeo Junior Veloce : les résultats
Dans sa version Véloce, l’Alfa Romeo Junior parvient à dynamiser une base technique plutôt sage lorsqu’on l’utilise avec d’autres véhicules similaires du groupe Stellantis. Mieux encore, ce petit SUV parvient à se conduire comme une petite GTI, ce qui manque tant dans la sphère électrique. Bref, pour cette première tentative, Alfa Romeo a réussi un coup de maître au chapitre technique.
Il n’en demeure pas moins que si le bilan dynamique est positif, le SUV ne présente pas cette petite étincelle, qui Coeur sportifCe à quoi on s’attend lorsqu’on monte dans une Alfa Romeo digne de ce nom. En cause, une répartition linéaire de la puissance qui adoucit les sensations (et peut même faire s’interroger sur la présence des 280 ch ?), et l’absence de gimmicks auditifs pour mieux engager le conducteur. On ne parle pas ici de transformer la Junior en parc d’attractions comme sait le faire une Hyundai Ioniq 5 N, mais d’apporter ce petit quelque chose en plus qui permettrait de parfaire la copie. Enfin, du fait de sa petite batterie, peu d’utilisateurs pourront l’exploiter pleinement sur leurs petites routes de montagne préférées, où le SUV sera naturellement à l’aise avec son gabarit compact et sa maniabilité.
Affiché à partir de 38 500 € avec son moteur de 156 ch en version d’entrée de gamme, le Junior grimpe au prix de 46 900 € en version Veloce. C’est autant qu’un Volvo EX30 Plus de 272 ch (46 600 €) certes moins sportif, mais avec une autonomie supérieure, et presque 6 000 € de plus qu’un MG 4 X Power, équipé de quatre roues motrices et de 435 ch. Mais il faut dire qu’aucun des deux ne fait autant sourire que le châssis de ce petit SUV !
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