Alexandre Müller après sa victoire contre Andrey Rublev : « Comme une araignée tissant sa toile »

« Quel impact un tel succès contre le 6e joueur mondial peut-il avoir pour la suite de votre carrière ?
C’est le genre de victoires qui renforcent la confiance, qui boostent les semaines d’entraînement. Quand on rentre à la maison et qu’on a fait un huitième, un quart en Masters 1000, je trouve que la formation est de meilleure qualité. On vit aussi pour ces moments, on s’entraîne pour eux et on est tous heureux, l’équipe, les coachs, la famille. Il faut continuer comme ça.

Aujourd’hui (Lundi), j’ai fait un super match, j’ai su m’adapter au fur et à mesure. Ce n’est jamais facile de débuter contre ces joueurs-là, ils frappent fort, on n’a pas l’habitude de les jouer, ils font des choses différentes dans leur jeu. Je n’ai pas l’habitude de m’entraîner avec eux donc je n’ai pas non plus beaucoup de références sur le terrain. Cela s’est fait petit à petit comme une araignée qui tisse sa toile et au final, j’en avais un petit peu à mon actif. Avec mon revers, je l’ai neutralisé (sourire).

Cela peut-il expliquer ce premier set où l’on est un peu « dedans », notamment au service, avant de trouver effectivement le fil conducteur tactique, pour être peut-être un peu plus agressif dans le jeu ?
J’ai changé plein de petites choses au fur et à mesure du match. Au service, j’ai essayé un peu moins pour chercher l’as. Quand je servais fort, il revenait très bien, ça ne le gênait pas particulièrement. J’ai un peu adapté mon jeu. Je ne dirais pas plus agressif, je dirais qu’avec mon revers, je l’ai placé plus à plat, pour ne pas me faire attaquer. En fait, il était plus neutralisé, il pouvait me faire moins de mal.

Votre coach travaille dur pour vous faire comprendre que vous avez pleinement votre place parmi les meilleurs. Cette victoire est une preuve supplémentaire pour vous convaincre, non ?
Beaucoup de gens disent que j’ai toutes les armes pour « faire chier » le top 10. J’en ai un peu la preuve aujourd’hui, avec cette victoire sur le 6e mondial. Maintenant c’est à moi d’y croire encore plus. J’y crois, mais peut-être de temps en temps un peu moins que je ne le devrais. Ce n’est pas simple. Il y a parfois des périodes plus compliquées. Cette semaine en tout cas, je suis dans un grand tournoi et je vais essayer d’en profiter au maximum.

Votre qualité de jeu dans le troisième set est notamment assez remarquable.
J’ai déjà bien joué au tennis. À un moment donné, j’ai senti que c’était moi qui contrôlais le jeu. Il ne pouvait plus jouer son jeu, c’était moi qui lui dictais le point. C’est là que je me sentais bien sur le terrain. J’étais en sécurité, j’avais le contrôle, alors qu’au début, c’était lui qui avait les deux pieds sur terre, lui qui me faisait courir. C’est surtout ça qui est sympa : être sur le terrain et avoir le sentiment de contrôler les choses. C’est sûr que quand on joue un n°6 mondial, on ne se dit pas qu’on va lui donner 3-6, 6-3, 6-2, on se dit que ça va être compliqué. Je suis très satisfait de mon niveau de jeu aujourd’hui. J’ai su rester concentré, dans ma bulle.

Même à 5-1 pour vous, quand on entendait le public scander « Rublev, Rublev », il n’y avait pas de tension, la fameuse peur de gagner ?
En fait, au final, ma tactique était tellement claire, mon plan de match tellement clair que tout était fluide. On peut être tendu quand on ne sait pas trop quoi faire, mais là, je n’ai pas échappé à ma tactique et c’était agréable.

Est-ce le plus beau à ce jour ?
C’est la plus belle victoire de ma carrière, oui ! Le plus beau jour ? (Il hésite). Je ne sais pas. Je suis un long fleuve tranquille. Je ne suis pas trop extrême, jamais très très triste, jamais très très heureux. Un peu heureux tout le temps en fait (sourire). Il n’y a rien qui m’émeut. »