Alex et Kylian Portal, un podium commun et la consécration de toute une famille
Comme aux Championnats du monde 2023, les deux frères ont pris place samedi sur le podium du 400 m nage libre S13, décrochant l’argent et le bronze derrière l’intouchable Biélorusse Ihar Boki.
Publié
Temps de lecture : 4 min
Les JO avaient les Lebrun, les « Paras » avaient les Portal. Les deux frères, Alex et Kylian, sont montés respectivement sur la deuxième et la troisième marche du podium 400 m nage libre, samedi 31 août, dans la catégorie S13, réservée aux nageurs malvoyants. Des scènes qui rappelaient immanquablement celles des derniers Championnats du monde à Manchester, où l’aîné de 22 ans avait remporté l’une de ses quatre médailles d’or, tandis que son cadet prenait le bronze.
Cette fois, Alex Portal a été dominé parar Ihar Boki, absent du Royaume-Uni en 2023. Après avoir remporté le 100 m papillon jeudi et le 100 m dos vendredi, le Biélorusse concourant sous bannière neutre est désormais l’homme le plus sacré dans l’histoire des Jeux Paralympiques avec 19 titres. Autant dire qu’il n’y a pas de quoi rougir de sa belle performance face à un homme au pedigree pareil. Et c’est d’autant plus vrai qu’au deuxième échelon de la course, Kylian Portal a rattrapé l’Ukrainien Kyrylo Garashchenko dans la dernière longueur pour s’inviter sur la surface.
« Je n’ai jamais ressenti une émotion comme celle-là. J’avais envie de pleurer, puis j’ai vu que la lumière de l’Ukrainien n’était pas allumée, j’ai compris que c’était pour Kyliana réagi l’aîné des deux frères, qui était depuis longtemps en tête. J’aurais dû tuer la course plus tôt, je suis dégoûté parce que j’aurais pu faire mieux, mais on va s’amuser ensemble, ça va être bien. » Ces deux breloques paralympiques sont en réalité ceux de consécration pour la fraternité.
Dès les séries, en matinée, on sentait combien les liens du sang unissaient les deux membres du Cercle des Nageurs de l’Ouest de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), entrés au bord du bassin main dans la main avec le même bob à l’effigie de Phrygé, la mascotte de Paris 2024. Sur le pont depuis trois jours, Alex Portal n’a pas hésité à ralentir sur la dernière longueur pour attendre son cadet, qui découvrait les Jeux paralympiques à 17 ans.
« C’était la stratégie : arriver en finale sans s’épuiser et tirer Kylian pour qu’il ait un bon rythme dès sa première course », Alex l’a expliqué à France Télévisions. Aligné dans le couloir de nage adjacent, il venait de se coller volontairement à la ligne d’eau pour que son frère dauphin puisse profiter de sa vague pour rejoindre la finale sans encombre.
« Ce doit être exceptionnel de partager ça ensemble ! Nous avons la chance qu’Alex et Kylian s’entendent très bien. Nous n’avons pas eu besoin d’aménagements particuliers autour d’eux. »« Les JO de Tokyo sont un moment très agréable, ils sont très motivés …
Il faut dire que l’appétit de la famille Portal pour la natation suscite l’intérêt. C’est en imitant leur C’est grâce à leur sœur aînée, Léa, elle-même en sport-études avec les valides, que les deux frères ont commencé à apprécier le goût de l’eau chlorée, sous l’œil attentif de leur mère, Virginie. Comme dans leurs plus jeunes années, cette dernière était tout près du bord du bassin samedi, car elle officiait comme starter des courses féminines en tant que présidente du Comité départemental de natation des Yvelines.
Des quatre enfants du couple Portal, Alex et Kylian sont les seuls à avoir hérité l’albinisme oculaire, une maladie génétique qui les empêche de voir à plus d’un mètre. Un handicap commun qui les a souvent rapprochés, même s’ils ont longtemps nagé avec des personnes valides dans des clubs.Kylian a toujours suivi son grand frère en compétition avant de rejoindre l’équipe de France, il a grandi avec ça »rappelle Guillaume Domingo.
Bien que les deux aient choisi deux parcours académiques très différents – Alex quittantn études d’ingénieur quand Kylian a opté pour une école de commerce – Le jeune homme, à l’image de son modèle, s’est entouré d’un préparateur mental en amont des Jeux. Histoire d’apprendre à gérer toute la pression d’une compétition à domicile. Dans l’incandescence de Paris La Défense Arena, le public l’a visiblement soutenu ce samedi puisqu’il a signé un record paralympique en S12, alors qu’il était aligné dans la catégorie des athlètes à handicap plus léger.
Un bon présage avant ses deux autres courses : 100 m nage libre S12 mercredi et 100 m papillon S12 samedi prochain. En attendant, Kylian aura tout le temps de stresser pour le 200 m 4 nages mardi. Ce sera la dernière chance de son frère,toujours en quête de l’or paralympique qui lui échappe encore, après cinq médailles (deux à Tokyo, trois à Paris pour l’instant), pour décrocher le plus beau des métaux.