Alertes tous azimuts sur l’Amazonie
Alerte rouge pour la plus grande forêt tropicale de la planète : la déforestation et les incendies dévastateurs en Amazonie, qui joue un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique, font peser un risque « conséquences irréversibles »avertissent les ONG et les experts.
En moins de quatre décennies, une superficie presque aussi grande que la Colombie a été déboisée dans la région, selon une étude du Réseau amazonien d’information socio-environnementale et géographique (RAISG), un collectif de chercheurs et d’ONG, à laquelle l’AFP a eu accès lundi.
Lundi également, l’observatoire européen Copernicus a tiré la sonnette d’alarme : l’Amazonie et la zone humide du Pantanal, autre sanctuaire de biodiversité situé plus au sud, ont connu leur propre « Les pires incendies depuis deux décennies ».
Conséquence : les émissions de carbone ont été « nettement au-dessus de la moyenne, battant des records régionaux et nationaux »affectant « sérieusement » Qualité de l’air en Amérique du Sud.
Les événements climatiques « de plus en plus extrêmes et fréquentes » favorisé par la déforestation « continuent d’affecter une Amazonie déjà affaiblie, tant dans sa capacité de régénération que dans son rôle de régulation du climat de la planète »résume l’étude RAISG.
L’Amazonie est d’une importance vitale pour le climat en raison de l’absorption d’énormes quantités de CO2.
« Agissez maintenant »
« Les présidences sud-américaines doivent plus que jamais prendre des mesures urgentes pour éviter une catastrophe climatique qui pourrait avoir des conséquences irréversibles. Nous devons agir maintenant »a déclaré Ana Piquer, directrice du programme Amériques d’Amnesty International, dans une lettre ouverte publiée lundi.
Amnesty demande notamment : « davantage d’efforts pour abandonner les combustibles fossiles, transformer le modèle actuel d’agriculture industrielle, protéger les peuples autochtones et fournir des garanties aux défenseurs de l’environnement ».
En Amazonie, la déforestation a détruit 12,5% de la couverture végétale de 1985 à 2023, selon les données satellite analysées par RAISG.
Plus de 88 millions d’hectares ont été déboisés au Brésil, en Bolivie, au Pérou, en Équateur, en Colombie, au Venezuela, en Guyane, au Suriname et en Guyane française.
Les spécialistes du RAISG signalent une « transformation accélérée » en Amazonie, identifier un « augmentation alarmante » l’utilisation de terres auparavant occupées par des forêts pour y installer des mines (+1,063%) des cultures (+598%) ou de l’élevage (+297%).
« Un grand nombre d’écosystèmes ont disparu pour laisser place à de vastes étendues de pâturages, de champs de soja ou d’autres monocultures, ou ont été transformés en cratères d’extraction d’or. »ils préviennent.
Les émissions de CO2 en hausse
« Avec la disparition des forêts, nous émettons davantage de carbone dans l’atmosphère, ce qui perturbe tout un écosystème qui régule le climat et le cycle hydrologique, affectant clairement les températures. »explique à l’AFP Sandra Rios Caceres, de l’Institut du Bien Commun, une association péruvienne qui a participé à l’étude.
Ce spécialiste estime que la perte de couverture végétale en Amazonie est directement liée « aux événements extrêmes que nous vivons »notamment une grave sécheresse et des incendies de forêt qui ravagent plusieurs pays d’Amérique du Sud.
Certains affluents de l’Amazone sont à leur niveau le plus bas depuis des décennies, menaçant le mode de vie de quelque 47 millions de personnes qui vivent sur leurs rives.
Malgré les efforts déployés par des pays comme le Brésil et la Colombie pour réduire la déforestation en Amazonie, 3,8 millions d’hectares de forêt tropicale ont été détruits dans la région l’année dernière, soit le niveau le plus élevé depuis deux décennies, une superficie presque égale à celle de la Suisse.
Au Brésil, qui accueillera en 2025 à Belém la COP30, la conférence de l’ONU sur le climat, le nombre d’incendies depuis janvier a déjà dépassé le total de toute l’année dernière (200 013 contre 189 926), selon les données de l’Institut d’études spatiales (INPE). Le gouvernement du plus grand pays d’Amérique latine pointe du doigt la responsabilité dans de nombreux cas « criminels ».
Selon Copernicus, les émissions cumulées totales depuis le début de l’année sont « plus élevé que la moyenne, à 183 mégatonnes de CO2 jusqu’au 19 septembre, suivant le rythme des émissions record de 2007 ».
C’est également l’année où le nombre record d’incendies a été identifié au Brésil (393 915), selon l’INPE.
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