Alerte sur la situation des commerces, cafés et restaurants
Alerte sur la « situation critique de nombreuses entreprises du département. » Les résultats du dernier Baromètre de l’économie girondine, dévoilés lundi, montrent « une dégradation de la situation économique en Gironde au troisième trimestre 2024 » révèle la CCI Bordeaux-Gironde. La situation se confirme notamment par l’ouverture de procédures judiciaires, « dont le nombre a bondi de 32 % en un an, un niveau record. »
Les commerces et CHR (cafés, hôtels, restaurants) du centre-ville de Bordeaux « sont particulièrement touchés par la crise », souligne la CCI. A la fin du troisième trimestre, on comptait déjà 1 666 démarches d’entreprises en difficulté, du secteur du commerce et des CHR à Bordeaux, contre 1 574 pour l’ensemble de 2023. Et cela devrait augmenter. « On s’attend à une hausse de l’ordre de 30 à 40 % fin 2024 », s’inquiète Patrick Seguin, président de la CCI.
Augmentation de la vacance des locaux commerciaux
Autre signal négatif : le taux de vacance des locaux commerciaux du centre-ville de Bordeaux a « atteint un niveau historique : 10,5 % en 2024 contre 6 % ces dernières années. » Les magasins physiques doivent notamment faire face à la concurrence croissante du commerce en ligne. « La contraction de la demande, couplée à une inflation persistante et à une baisse du pouvoir d’achat, pèse lourdement sur ces secteurs d’activité » analyse également la CCI. Enfin, de nombreux commerçants se retrouvent également confrontés à des remboursements de prêts garantis par l’État (PGE), provoquant un choc de trésorerie pour nombre d’entre eux.
Si tous les secteurs d’activité sont concernés, on constate une baisse significative du nombre d’entreprises liées à l’équipement personnel, passant de 437 en 2009 à 372 en 2024.
Confiant dans le dynamisme bordelais
Interrogé il y a quelques jours par 20 minutes Concernant cette situation économique, Maurice Bansay, le patron d’Apsys, un promoteur immobilier qui investit 500 millions d’euros dans le projet Canopia, une rue commerçante qui doit ouvrir en 2027 dans le quartier de la gare, ne semble pas inquiet. « Même si elle se dégrade, la situation à Bordeaux est moins alarmante que dans les autres grandes métropoles », analyse-t-il. C’est ponctuel. Je reste suffisamment optimiste pour investir autant d’argent dans ce projet, car nous prenons beaucoup de temps. Les projets que nous réalisons visent à maintenir des centres-villes dynamiques, offrant services, loisirs et lieux d’échanges. C’est ce type d’opération qui peut résister au mouvement du e-commerce. »
Mettant en avant le projet de rénovation de la gare de Bordeaux, qui vise 36 millions de voyageurs d’ici dix ans, soit dix de plus qu’aujourd’hui, le promoteur immobilier souligne qu’« avec le temps, on constate que la ville de Bordeaux connaît un formidable développement, avec une fréquentation touristique exponentielle ».
Inquiétude concernant le mouvement des paquebots
Sur le tourisme spécifiquement, la CCI s’inquiète de la volonté de la mairie de Bordeaux de déplacer le lieu d’amarrage des bateaux de croisière, actuellement sur les quais du centre-ville, vers la rive droite, en aval du pont Chaban Delmas, d’ici 2030. Face à la pollution générée par ces navires, le maire Pierre Hurmic (Les Ecologistes) souhaite également limiter le nombre d’escales à une quarantaine par an.
En moyenne, une soixantaine de paquebots accostent chaque année dans tous les terminaux du port de Bordeaux, pour environ 60 000 passagers, avec des retombées commerciales pour le centre-ville de Bordeaux estimées à une vingtaine de millions d’euros par an. an (350 000 euros par bateau). Certains paquebots cesseront-ils de faire escale à Bordeaux s’ils ne peuvent plus accoster directement en centre-ville ?
Interrogé en juin dernier par 20 minutes à ce sujet, Jean-Frédéric Laurent, directeur du Grand Port Maritime de Bordeaux, a indiqué que déplacer ces navires en aval du pont Chaban présenterait « de nombreux avantages » puisque cela « bloquerait beaucoup moins le pont (qui doit fermer à la circulation). des véhicules lors du passage des paquebots), et faciliterait l’arrivée des bateaux qui auraient un pont de moins à traverser ».
Mais il a aussi reconnu que « les croisiéristes, qui peuvent aujourd’hui rejoindre à pied le centre de Bordeaux en descendant de leur bateau, auraient un accès beaucoup moins direct ». A ce titre, « il va donc falloir travailler sur les questions de mobilité urbaine ». Le débat ne manquera pas de passionner lors des prochaines élections municipales.