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ALAT – Le général Schill insiste : « L’hélicoptère habité n’a pas dit son dernier mot »

ALAT – Le général Schill insiste : « L’hélicoptère habité n’a pas dit son dernier mot »

En août, l’Agence américaine de coopération en matière de défense et de sécurité (DSCA), responsable des exportations d’équipements militaires dans le cadre du système de ventes militaires à l’étranger (FMS), a donné un avis positif sur la vente de 12 hélicoptères d’attaque AH-1Z Viper à la Slovaquie.

Il s’agissait alors d’une réponse à une demande formulée par le gouvernement slovaque en mars dernier. Or, le gouvernement a depuis changé… Et son successeur estime que cet achat n’est pas une priorité, considérant que les hélicoptères d’attaque sont de l’histoire ancienne. C’est ce que pouvaient laisser penser les premiers retours de la guerre en Ukraine, ainsi que la décision de l’armée américaine d’annuler le programme FARA (Future Attack Reconnaissance Aircraft). Une décision motivée par l’omniprésence des drones sur le champ de bataille.

Mais ce n’est pas l’avis de l’Ukraine, qui lorgne sur les AH-1Z Viper que la Slovaquie hésite à commander.

« Nous avons besoin de ces hélicoptères pour nos soldats qui combattent en première ligne », a déclaré le 13 septembre à Defense News un membre de la commission parlementaire ukrainienne sur la sécurité nationale. « La Slovaquie doit décider de quel type d’armes et d’équipements elle a besoin pour son armée, et si elle n’a pas besoin de ces hélicoptères, alors leur livraison à l’Ukraine doit avoir lieu le plus tôt possible », a-t-il insisté.

De quoi jeter de l’huile sur le feu du général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) qui met inlassablement en garde contre les « vérités du moment », estimant qu’« il serait dangereux d’écarter un type d’armement au vu de l’expérience contingente ». Et cela vaut pour les hélicoptères d’attaque, dont il a récemment encore défendu la pertinence dans la revue « Combats Futurs », éditée par le Commandement du Combat Futur (CCF).

Le 70e anniversaire de l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT), célébré cette semaine à Pau, a donné l’occasion au général Schill d’enfoncer le clou.

« Les développements actuels du conflit donnent désormais l’avantage – temporairement, comme toujours – à l’armure sur l’épée », a d’abord constaté la CEMAT.

En effet, « les capacités de défense sol-air ont progressé plus vite que la protection par hélicoptère », ce qui pose la question de l’avenir du combat aérien, qui se trouve « confronté à la puissance de l’artillerie et à la prolifération des drones et des munitions télécommandées à bas coût, un adversaire mettant en œuvre des systèmes sol-air redondants et efficaces », a reconnu le général Schill. « Beaucoup semblent convaincus, au vu de l’expérience russo-ukrainienne, que l’hélicoptère est aujourd’hui en voie de déclassement, au mépris de certains retours d’expérience qui montrent qu’il produit toujours les effets escomptés sur le champ de bataille », a-t-il ensuite déploré.

En tout cas, pour le CEMAT, « l’hélicoptère habité n’a pas dit son dernier mot » car la « place de l’homme, instrument premier du combat, reste déterminante car lui seul permet une capacité de combat dans un environnement brouillé, lorsque les communications ne fonctionnent plus ».

Et d’insister : « Lui seul permet de mener la mission de manière autonome, en adaptant les méthodes au but donné par le chef. Lui seul a le pouvoir de mesurer les effets de son action, de la démonstration de force au tir pour détruire. Lui seul enfin a la réversibilité totale, lorsque l’intensité du combat diminue et transforme le visage de l’affrontement. »

D’ailleurs, le général Schill a probablement répondu aux questions qui se posaient il y a quelques mois à propos du successeur de l’hélicoptère d’attaque Tigre.

« Les études en amont portent sur le fait de savoir si les vols seront habités ou non. Nous avons un choix à faire entre moderniser les avions existants ou passer à des équipements de nouvelle génération, avec des hélicoptères robotisés, une combinaison d’hélicoptères et de drones comme dans le Système de combat aérien du futur (SCAF), ou encore le ‘char du futur’, le MGCS (Main Ground Combat System) », avait-il en effet détaillé lors d’une audition au Sénat.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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