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Alain Guiraudie, artiste invité du Nouveau Printemps de Toulouse : « Je voulais un art qui ouvre les horizons »

Vous venez plutôt du monde du cinéma même si vous avez déjà exposé en 2021 au Fresnoy, centre d’art et école où vous étiez invités à suivre des étudiants, puis à deux reprises dans une galerie (Crève Cœur, Paris), ainsi qu’une nouvelle fois à le centre d’art Consortium à Dijon. Quel est votre lien avec l’art contemporain ?

Je ne suis pas un néophyte complet. Mais je me suis vraiment plongée dans l’art contemporain pendant 3 ans car j’ai vécu ces quelques expériences et conjointement, en août 2022, Anne-Laure Belloc, l’ancienne directrice artistique du Printemps de Toulouse, m’a fait la proposition de m’associer à l’édition 2024. .

Et depuis, j’y travaille un peu. Je suis allée à la Biennale de Lyon, à la Triennale de Dunkerque. j’ai acheté Forum d’art et je regardais déjà régulièrement les images dans Artpress. Je pense que je connaissais les grands noms de l’art contemporain. Je connaissais déjà deux ou trois personnes invitées à cette édition. Par exemple Pierre Pause et June Balthazard que j’ai découvert au Fresnoy.

J’avais vu une exposition organisée par Neïl Beloufa ainsi que des pièces de lui ; J’ai découvert Mimosa Échard au Centre Pompidou pour le prix Marcel Duchamp. Anne-Laure Belloc m’a proposé pas mal d’œuvres dans une lignée que je commençais à établir. C’est aussi ce qui m’a intéressé dans l’idée d’être artiste associé du festival : découvrir tous ces gens. Et peut-être aussi qu’elle attendait que je passe à d’autres sphères. Cette édition reste encore de l’art très contemporain.

Cette édition n’est-elle pas plus dense que l’année dernière avec des artistes plus classiques, dont la présentation au musée des Abattoirs ?

Oui, il y avait une forte concentration à cet endroit. Et le quartier Saint-Cyprien, investi l’an dernier, est un lieu où se trouvent davantage d’institutions culturelles comme le Château d’eau et le Théâtre Garonne, en plus des Abattoirs.

Dans les quartiers de Saint-Etienne et des Carmes, elles ressemblent plutôt à des hôtels particuliers. Un mélange de logements privés et d’institutions comme la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles). Le parking des Carmes est l’endroit le plus fréquenté du quartier.

J’aurais aimé qu’on y investisse davantage mais c’est compliqué. Nous montrons donc des œuvres dans les voitures et l’antenne sur le toit décorées par Mimosa Échard. Je trouve qu’il y a une proposition forte au musée Paul Dupuy avec deux expositions, l’une collective organisée par Stéphanie Moisdon, l’autre, très pleine d’un artiste qui n’est pas du tout institutionnel, Tom de Pékin.

N’est-ce pas aussi le rôle du festival de rendre visibles des artistes qui travaillent depuis longtemps avec cette qualité d’engagement ?

Tom, originaire de Pékin, est loin d’être un artiste maudit. Je l’ai connu grâce à Roy Genty, le directeur artistique qui m’a accompagné sur le film Le lac inconnu. Il en a réalisé l’affiche. Mais ce n’est pas le premier qui me vient à l’esprit car je voulais soit des gens qui s’emparent de la science, soit des gens qui s’emparent des outils numériques ou d’un art unique. petit salaud. J’aime le travail de Mimosa Echard car il y a du tissu, de la vidéo, de la vie, les matières évoluent.

Dans Tom de Peking, j’aime beaucoup le côté paradisiaque dans lequel il y a toujours une sorte de noirceur. Mais il appartient plus à ma génération, celle qui vient des années 1970, qu’à celle qui annonce l’art de demain.

Ce qui m’étonne chez Pierre Pause, June Balthazard, Neïl Beloufa et Grégoire Beil, c’est qu’ils comprennent quelque chose aux blockchains, aux NFT, des choses qui me dépassent complètement. L’intelligence artificielle reste quelque chose qu’il faut maîtriser. Nous en avons peur et nous y sommes attirés.

Neil et Grégoire le font même si si c’était juste moi, je la laisserais aux GAFAM. Et là, on met en œuvre une intelligence artificielle à partir de mes livres, de mes scénarios, de mes images aussi. Je le nourris un peu à ma manière avec des personnages et des lieux que je définis.

Nous essayons d’affiner cela avec l’idée que les visiteurs viendront également y contribuer en ajoutant quelques éléments basés sur des questions très basiques, ou une photo d’eux-mêmes. Et l’intelligence leur créera un scénario fictif avec un rendu. Le visiteur accompagné de son avatar se retrouvera confronté à des personnages lors de son atterrissage sur l’île. Cela reste pour moi une belle expérience car pour le moment j’ai surtout vu des photos et des textes

S’agira-t-il d’un rendu avec des images animées ?

Oui. Il y a du découpage, des voix. C’est assez étonnant. Celle-ci sera diffusée dans l’une des voitures du parking des Carmes. On regarde de l’extérieur, l’écran est à la place du pare-brise. C’est aussi une manière de voir jusqu’où l’IA peut aller en fonction des éléments qui lui sont donnés. Contrairement à Neïl Beloufa et Grégoire Beil qui travaillent sur le projet avec moi, je préférerais que l’IA aille un peu ailleurs, me surprend.

D’ailleurs c’est un peu ce que j’ai souhaité pour cette édition, c’est-à-dire être dans les promesses du monde contemporain, une ouverture vers on ne sait où. Ceci est présent dans la plupart des propositions. C’est un art qui ouvre des portes, qui débloque un peu des horizons.

Si l’art sert à quelque chose. C’est la première question que je me suis posée lorsque j’ai commencé à travailler pour cette édition. Je pense que cela ressemble à une utopie. C’est de cet ailleurs dont nous avons besoin. Ces possibilités que l’on entrevoit, qui n’existent pas mais dont nous avons besoin au fond de notre esprit pour continuer d’exister.

Avant de partir, une dernière chose…

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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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