(BFM Bourse) – L’avionneur a publié un résultat opérationnel ajusté et un cash-flow nettement inférieurs au consensus, pénalisé par plusieurs éléments exceptionnels. Mais le groupe assure être en ligne avec ses propres prévisions et confirme ses objectifs annuels.
Si Airbus réalise pour l’heure une bonne année 2024 en Bourse (+10,9% depuis le 1er janvier contre +6,6% pour le CAC 40), aidé par les nombreux déboires de Boeing qui renforcent son attractivité en Bourse, ses résultats du premier trimestre n’ont rien d’extraordinaire.
L’action du groupe aéronautique et défense chutait également de 2,3% vers 10h50 ce vendredi, accusant la plus forte baisse du CAC 40.
Airbus a publié un « début d’année poussif », note Oddo BHF. De janvier à mars, le chiffre d’affaires de l’ex-EADS a atteint 12,83 milliards d’euros, en hausse de 9 %. La société a bénéficié de livraisons d’avions plus importantes dans sa division commerciale qu’au cours de la même période de 2023, avec 142 avions livrés contre 127 un an plus tôt.
Mais le résultat opérationnel ajusté, mesure clé de la rentabilité du groupe, s’est établi à 577 millions d’euros, en baisse de 25% sur un an. Le cash-flow libre avant financements clientèle, traditionnellement négatif sur les trois premiers mois de l’année, s’établit à -1,79 milliard d’euros.
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Des éléments exceptionnels
Airbus n’a raté que de peu le consensus sur son chiffre d’affaires (12,87 milliards d’euros). En revanche, l’échec est bien plus significatif tant en termes de rentabilité que de trésorerie, puisque les analystes attendaient un résultat opérationnel ajusté de 789 millions d’euros et un décaissement de trésorerie limité à 1,3 milliard d’euros.
Le directeur financier du groupe, Thomas Toepfer, a évoqué plusieurs raisons expliquant cet écart lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. Tout d’abord, Airbus a subi un impact exceptionnel lié à l’augmentation du plan d’actionnariat salarié d’Airbus, qui a connu un grand succès. Cela a pesé environ 100 millions d’euros sur le résultat opérationnel ajusté.
Ensuite, Airbus a subi des effets défavorables liés aux couvertures de change sur l’euro-dollar. Dernière raison évoquée par Thomas Toepfer : Airbus a, fin 2023, « embarqué beaucoup de monde », et donc recruté, pour assurer la montée en puissance de sa production. Ce qui se traduit logiquement par des coûts plus élevés. Oddo BHF évoque dans sa note des ajouts d’effectifs totaux de 12.400 unités.
Concernant la trésorerie, Thomas Topefer a indiqué qu’Airbus avait acquis des stocks de précaution, qui pourraient être jugés trop élevés en temps normal mais sont actuellement adaptés au vu des tensions que connaît l’entreprise dans sa chaîne d’approvisionnement. Ce qui aurait pu peser sur la trésorerie.
Objectifs confirmés
Autant d’éléments exceptionnels donc, qui ne devraient pas se répéter dans les prochains trimestres. « L’échec du bénéfice d’exploitation est en partie dû à des problèmes non opérationnels, mais le trimestre reste néanmoins décevant », tranche néanmoins Deutsche Bank. «Même en tenant compte de tous les éléments exceptionnels et des éléments ‘excusables’, le premier trimestre a été décevant», déclare UBS.
La Banque Royale du Canada note également que le ton de la direction sur la santé de la chaîne d’approvisionnement s’est avéré « plus prudent » que prévu.
Thomas Toepfer a assuré qu’Airbus était « totalement conforme à ses propres prévisions » et a ainsi confirmé ses perspectives pour 2024. Le groupe prévoit de livrer environ 800 avions commerciaux, générant un résultat opérationnel ajusté compris entre 6,5 et 7 milliards d’euros. d’euros et générer un cash-flow libre avant financement client d’environ 4 milliards d’euros.
La Banque Royale du Canada rapporte qu’Airbus a détaillé lors de sa conférence comment il compte atteindre son objectif de bénéfice d’exploitation annuel à partir des résultats du premier trimestre, « ce qui, selon nous, devrait répondre aux inquiétudes des investisseurs », explique la banque. « Cependant, la progression des flux de trésorerie du deuxième au quatrième trimestre 2024 représente, à notre avis, un défi plus important », ajoute-t-elle.
Oddo BHF juge de son côté que ce début d’année un peu morose masque une « visibilité inégalée ». « Le premier trimestre a été celui qui a souffert du plus fort effet de base et la trajectoire des cadences de production est à nos yeux de plus en plus solide », explique le courtier. Jefferies a légèrement ajusté son objectif de 195 euros à 190 euros (le cours actuel est d’environ 154 euros) tout en restant un achat.
A noter qu’Airbus, pour tenir compte d’une demande plus forte en gros porteurs, a relevé son objectif de production à moyen terme sur le programme A350 à 12 avions par mois en 2028 contre 10 par mois en 2026 précédemment.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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