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Airbags défectueux : Citroën dans la tourmente

Un rappel massif de Citroën en Europe lié à une vieille histoire d’airbags défectueux met la marque dans la tourmente, avec des centaines de milliers de clients priés de cesser d’utiliser leur véhicule jusqu’à ce qu’il soit réparé.

Le rappel concerne au total 605.772 véhicules Citroën C3 (le modèle le plus vendu de la marque, devant la 2CV) et DS3, vendus entre 2009 et 2019 dans une vingtaine de pays d’Europe du Sud, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. .

« Une vieille affaire »

L’affaire des airbags Takata a éclaté en 2014.

Après plusieurs accidents graves, les autorités américaines ont confirmé que la détérioration d’un gaz rendait ces airbags potentiellement dangereux, notamment dans les régions aux climats chauds et humides.

En cas d’accident, lors du déclenchement de l’airbag, de petites pièces pourraient être projetées et provoquer des blessures graves.

Des dizaines de millions de voitures de nombreuses marques (Mazda, Ford, Honda, BMW) ont depuis été rappelées pour remplacer les airbags, avec un rappel final annoncé par Nissan jeudi.

« C’est une vieille affaire qui a démarré aux Etats-Unis, Takata nous a dit qu’il n’y avait pas de problème » sur les airbags produits en Europe, a expliqué le directeur de Citroën, Thierry Koskas, vendredi sur BFM Business.

Airbags défectueux : Citroën dans la tourmente

Citroën avait lancé la surveillance des airbags « en effectuant des tests périodiques dans des laboratoires extérieurs »et a annoncé une première campagne de rappel aux Etats-Unis fin 2022, puis aux Antilles en 2023. Le constructeur avait prévu 951 millions d’euros pour ces campagnes.

Mais les rappels sont arrivés trop tard pour éviter un drame.

En Guadeloupe, dix enquêtes au total ont été ouvertes pour homicides ou blessures involontaires, ont indiqué vendredi à l’AFP les parquets de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre.

Ils concernent les véhicules Citroën, mais aussi Ford, Toyota et Nissan.

Le procureur de Basse-Terre, Xavier Sicot, souligne la complexité de ces dossiers, appelant à des enquêtes « long, technique avec de probables dimensions internationales ».

Selon Grégory Guyard, avocat de plusieurs familles de victimes, « La campagne de rappel a très mal fonctionné, car Citroën n’a écrit qu’aux primo-accédants ». Il accuse le groupe d’avoir connu le problème et « agi au strict minimum » Pour « ne fais pas de vagues »a-t-il déclaré à l’AFP.

La situation a changé en Europe avec « premiers incidents » en 2023, selon M. Koskas, et « cas potentiels dans la région méditerranéenne »selon Stellantis, suivi d’un premier rappel discret de véhicules début 2024 et de cette opération plus large mi-mai.

Le remplacement des airbags a depuis été organisé dans le réseau de concessionnaires. Stellantis, maison mère de Citroën, Peugeot et 13 autres marques, va déployer près de 60 000 véhicules de courtoisie tout au long du mois de juin, dont 25 000 en France.

Ce soutien est lent et insuffisant, estiment de nombreux clients, qui souhaitent reprendre la route au plus vite et être indemnisés du danger encouru au fil des années.

Compensation?

« En 2016, on nous a vendu un véhicule dont nous savions déjà qu’il était défectueux et dangereux »a témoigné Dimitri Moulin, 52 ans, originaire d’Aigues-Mortes (Gard).

Airbags défectueux : Citroën dans la tourmente

Pourtant fan de la marque et petit-fils d’un employé Citroën, M. Moulin raconte avoir dû appeler le service client « 40 fois par jour » avant que sa voiture ne soit prise en charge.

Certains clients envisagent une action en justice. Maryse-Hélène Malroux, 52 ans, originaire de Cazères (Haute-Garonne), a lancé un collectif « scandale des airbags » sur Facebook.

Après avoir enregistré la DS3 de son fils sur le site de la marque, elle attend depuis plusieurs semaines un coupon à remettre au concessionnaire pour qu’il puisse commander l’airbag. Avocate de profession, elle a également contacté Me Christophe Lèguevaques, spécialiste des actions collectives, pour décider d’une procédure.

« On réfléchit : va-t-on se contenter d’un petit bonbon, d’une compensation pour l’immobilisation du véhicule ? Ou faut-il une conviction, une jurisprudence pour que tous les constructeurs se sentent responsables ? » a déclaré Mme Malroux.

Le directeur de Citroën a promis vendredi «des améliorations dans les jours et semaines à venir» dans l’accompagnement des clients concernés, tandis que la marque lance également en grande pompe la 4ème génération de la C3.

bur-tsz-asa-myl/dlm

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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