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Air Austral : relance venteuse

Fin de la zone de turbulences ? Après 96 heures de discussions houleuses et éprouvantes et près de six semaines de négociations, les parties ont fini par actionner les trains d’atterrissage et éviter la sortie de piste : actionnaires, direction et représentants syndicaux d’Air Austral ont signé, hier après-midi, l’accord de performance collective (CPA). . Un accord qui, pour rappel, fait suite au retard pris dans la restructuration de l’entreprise, entraînant une dégradation de sa trésorerie. Une situation inconfortable qui a contraint la direction à revoir considérablement le plan initialement envisagé. En clair, l’entreprise doit réduire rapidement ses coûts pour préserver sa trésorerie dans la durée et sa compétitivité. Mais sans aborder les emplois, ce que cet APC apporte et ce qui ne l’était pas. »négociable» pour les syndicats. S’ensuit un mois de négociations, de compromis mais aussi de déboires et de multiples rebondissements pour sauver l’entreprise régionale qui se retrouve confrontée à un déficit malgré un chiffre d’affaires record de 438 millions d’euros en 2023.

30 millions d’euros d’économies

« C’est un jour important pour Air Austral. Nous venons de parvenir à un accord après les travaux qui a demandé beaucoup d’efforts de la part de la direction et des syndicats. Ce n’est pas une victoire pour nous, même si toutes les parties ont fait preuve de leur sens des responsabilités. C’est une victoire pour les clients réunionnais« , s’est félicité Joseph Bréma, président-directeur général d’Air Austral, suite à la signature. Cet accord va désormais permettre à l’entreprise d’avoir la maîtrise de la masse salariale (et donc de la rémunération : suppression du 13ème mois pour certaines entreprises, moins de jours de congés, déclenchement accru d’heures supplémentaires, fini les primes exceptionnelles, etc.) sans avoir à recourir – et c’est un engagement – à des licenciements collectifs ou à un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et ce pendant toute la durée d’application de cet accord sur deux ans (2024- 2026).

Une clause de retour à meilleure fortune a également été insérée. « Dès que les résultats de la société feront apparaître une amélioration de la situation financière de l’entreprise, les parties conviennent que le présent accord pourra être résilié par anticipation.« Cette sortie de l’APC n’interviendra que si le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations ou amortissements de l’entreprise n’atteint pas 30 millions d’euros… Autrement dit, le plan doit donc permettre à l’entreprise d’économiser 30 millions d’euros.

Des « sacrifices » pour les salariés

Mais cette signature « in extremis » a essuyé plusieurs coups durs et les représentants syndicaux restent très loin de crier victoire. « Les salariés devront accepter de faire des sacrifices importants, comme l’exigent les actionnaires privés réunis au sein du consortium Run’Air », a déclaré a rappelé le délégué syndical du SNPNC-FO (équipage navigant commercial), Baptiste DeÏ-Tos. « Des sacrifices qui auront un impact sur la rémunération et la productivité », a engagé Frédéric Bénard, délégué syndical CFDT, qui parle de « compromis » mais de « compromis » faire « en responsabilité ». « Le SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne) a notamment dû faire d’importantes concessions, avec une perte de pouvoir d’achat estimée à « 45 % entre 2017 et 2026 », a confirmé Vivien Rousseau, son délégué. On parle par exemple de supprimer le 13ème mois. » Grâce à cet effort, selon lui, les pilotes de l’entreprise – 115 personnes – réduiront la masse salariale de 5,3 millions. « Ce qui équivaut presque à l’apport de notre actionnaire privé« .

Les partenaires sociaux l’ont martelé : « Il reste nécessaire pour l’entreprise, qu’elle puisse apporter son redressement à l’Etat, dans une deuxième phase. Mais une fois le plan validé, nous assurerons le plan de retour à une meilleure fortune, pour que les salariés puissent se redresser, demain ». , une partie de ce qu’ils ont donné. Une chose est sûre : pour ces derniers, ce sera bel et bien « la dernière fois« que les salariés contribuent »aux erreurs de gestion« . Et d’annoncer que la marque de confiance accordée à la direction sera accompagnée d’un grand « vigilance« . Il appartient désormais à la direction de la compagnie aérienne de mener à bien le parcours suivi par cet accord, sans que le personnel soit « pressurisé ».

Un avenir qui s’écrit en pointillés…

Pas de réduction de voilure cependant. « Il va maintenant falloir présenter ce plan au niveau de l’État« , a précisé Joseph Brema, président-directeur général d’Air Austral. Le même Etat qui avait haussé le ton et réclamé le 19 mars la mise en place d’un plan de redressement, offrant une visibilité sur trois ans, passera aussi – et surtout – devant la tutelle. conseil d’administration le 31 mai, pour que ce plan soit définitivement validé par l’entreprise réunionnaise.plusieurs facteurs exogènes peuvent, à tout moment, impacter l’entreprise« . La direction s’engage en tout cas à faire en sorte que la situation s’améliore significativement d’ici l’année prochaine. Joseph Bréma conclut : « D’ici le 31 mars 2025, il faut démontrer aux actionnaires (Run’Air et Sematra) et aux créanciers qu’Air Austral, compte tenu du plan mis en œuvre, est capable de revenir au vert.« . Attention à une explosion en plein vol en attendant.

Table de Lény-Huayna
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> Un accord salué par l’État et les élus locaux

Les réactions se sont succédées après la signature de l’accord hier après-midi. Le préfet, Jérôme Filippini, a tenu particulièrement à remercier les partenaires sociaux et les représentants des actionnaires d’Air Austral pour «l’esprit de responsabilité dont ils ont fait preuve« . »Il s’agit d’une étape importante sur le chemin du plan de redressement de la compagnie aérienne, auquel l’État est très attentif.« , a précisé la représentante de l’Etat. De son côté, la présidente de la Région, Huguette Bello, a tenu à saluer « l’esprit de responsabilité démontré par toutes les parties impliquées dans cet accord« . »A ce moment clé pour l’entreprise, salariés et actionnaires sont liés pour consolider l’avenir de notre entreprise, avec la volonté collective de retrouver le chemin de l’équilibre, indispensable à la poursuite de l’activité. Cet esprit qui a présidé aux négociations a permis d’aboutir à cet accord qui préserve ainsi les près de 900 emplois de l’entreprise.« , a-t-elle précisé. « Cet accord de performance collective s’inscrit dans un effort collectif associant conjointement toutes les parties prenantes : actionnaires, Etat, prêteurs, fournisseurs… Il participe au plan de restructuration approuvé par le conseil de surveillance le 7 mars dernier dans lequel tous les leviers identifiés sont mobilisés pour garantir un retour à une situation financière saine et durable. C’est bien le sauvetage de l’entreprise et sa pérennité qui est en jeu.« 


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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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