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Aide insuffisante, facture élevée, dégâts à répétition… Le triste bilan de la jetée américaine au large de Gaza, à laquelle les États-Unis renoncent

Ce port artificiel était censé permettre d’acheminer par mer une aide humanitaire vitale vers l’enclave palestinienne assiégée. Mais il est en proie à de nombreux problèmes depuis sa mise en service à la mi-mai.

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Le quai temporaire de livraison d'aide humanitaire à Gaza vu du ciel le 16 mai 2024, sur une image publiée par l'armée américaine. (US CENTRAL COMMAND / AFP)

Le projet a suscité de nombreux doutes; il n’aura finalement duré que deux mois à peine. Le port flottant construit par les Etats-Unis au large de la bande de Gaza pour acheminer l’aide humanitaire n’a pas pu être réinstallé après des réparations, et sera abandonné, a annoncé Washington jeudi 11 juillet. « À relativement court terme, nous cesserons les opérations liées à cette jetée »a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan. Elle a déclaré « a toujours été considéré comme une solution temporaire »le Pentagone a rappelé.

Le président Joe Biden, qui avait souhaité installer ce ponton pour «« augmenter massivement le volume de l’aide humanitaire » transportés à Gaza, ravagés par neuf mois de guerre, ont déclaré « déçu ». Lors d’une conférence de presse jeudi soir, il a confié qu’il aurait aimé voir cette infrastructure flottante réussir sa mission. Mais depuis son installation par l’armée américaine, la plateforme portuaire préfabriquée fait surtout la une des journaux pour son accumulation de défaillances, étant même qualifiée de « fiasco humanitaire » par Médecins du Monde. Franceinfo fait le point sur ce projet.

La facture est salée pour une utilisation de courte durée

La construction de cette infrastructure éphémère a coûté aux États-Unis 230 millions de dollars, soit plus de 210 millions d’euros, selon le ministère américain de la Défense. « La jetée de Gaza, malheureusement, ne représente rien d’autre qu’un détournement extrêmement coûteux de ce qui est réellement nécessaire, mais aussi légalement requis. »Michelle Strucke, directrice des affaires humanitaires au sein du groupe de réflexion Center for Strategic and International Studies (CSIS), a commenté ces propos auprès de l’AFP en juin.

Selon elle, en se concentrant sur cette jetée et sur les parachutages, les États-Unis « perte de temps et d’énergie des décideurs et plus de 200 millions de dollars de l’argent des contribuables américains ». De plus, la construction a pris un temps particulièrement long compte tenu de l’urgence humanitaire. Plus de deux mois se sont écoulés entre l’annonce du projet, le 8 mars, et le premier déchargement, le 17 mai.

L’aide apportée est faible par rapport aux besoins

Le président américain avait annoncé en mars l’envoi « de grandes quantités de nourriture, d’eau, de médicaments et d’abris temporaires »Selon le ministère américain de la Défense, le quai a permis l’acheminement de plus de 8 100 tonnes d’aide humanitaire vers la côte. Une source anonyme de Reuters à Chypre, d’où partait la cargaison déchargée au quai, avance plutôt le chiffre de 8 500 tonnes. « l’équivalent de 425 camions d’aide »Et ce alors que l’ONU estimait en avril qu’un minimum de 500 camions par jour étaient nécessaires pour répondre aux besoins de base des habitants de la bande de Gaza. En deux mois, le quai a donc transporté l’équivalent d’une petite journée de besoins – loin de là « l’augmentation massive » livraisons initialement promises par Joe Biden.

Washington devrait « Attention à ne pas soutenir des mesures qui paraissent bonnes sur le papier »mais qui finalement « ne pas aboutir à ce qu’une aide à grande échelle parvienne aux Palestiniens »soutient Michelle Strucke du SCRS.

L’armée israélienne était soupçonnée de l’avoir utilisé pour une opération

Des doutes ont également été émis quant à la sécurité des activités liées au quai. Le 10 juin, l’ONU a annoncé que le Programme alimentaire mondial (PAM), chargé d’acheminer l’aide arrivant dans la bande de Gaza via le quai américain temporaire, avait suspendu ses opérations sur place. Une décision temporaire, « jusqu’à ce qu’une évaluation des conditions de sécurité soit menée pour assurer la sécurité de notre personnel et de nos partenaires »a justifié Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

Interrogé sur les raisons de cette interruption, il a évoqué l’opération israélienne du 8 juin pour libérer quatre otages à Nusseirat, qui a fait, selon le ministère de la Santé du Hamas, 274 morts et 698 blessés. Une opération au cours de laquelle les troupes israéliennes auraient « utilisé (…) un camion d’aide humanitaire » Le Croissant-Rouge palestinien avait accusé ces derniers de vouloir s’infiltrer. Des propos démentis par l’armée israélienne.

« Nous avons vu ce qui s’est passé à Gaza ce week-end, nous avons vu certains reportages dans les médias et nous avons pris note de la déclaration publique du commandement du Centcom américain selon laquelle le quai n’a pas été utilisé dans l’opération des forces israéliennes liée aux otages.avait alors justifié Stéphane Dujarric. « Je pense qu’il est normal qu’après une telle opération qui a fait tant de victimes, nos collègues humanitaires prennent une pause pour examiner la situation..«  Les opérations du PAM ont finalement repris 28 juin, rapporte NBC.

La jetée s’est révélée vulnérable aux conditions météorologiques

Une semaine seulement après son installation initiale à la mi-mai, les vagues ont forcé quatre navires américains participant à l’opération à se désamarrer. Trois jours plus tard, la jetée a été endommagée par de fortes intempéries et a dû être transportée au port israélien d’Ashdod pour y être réparée. Remise en service le 7 juin, elle a été ramenée à Ashdod le 14 juin en raison de la houle, avant d’être rattachée le 19 juin. Au cours de son premier mois d’utilisation, la jetée flottante a été en mesure de fournir des services de secours et de sauvetage aux navires américains qui ont participé à l’opération. « n’aura donc été actif que pendant une dizaine de jours »puis déploré Jean-Pierre Filiu, professeur d’histoire du Moyen-Orient à Sciences Po Paris, en Le monde.

Le 28 juin, la jetée a été retirée pour la troisième fois en raison de la houle et transportée en Israël pour des réparations. Une tentative de réancrage au large de Gaza mercredi s’est soldée par un échec. « exigible « Problèmes techniques et météorologiques »Un porte-parole du ministère américain de la Défense a rapporté jeudi que le ponton était retourné au port d’Ashdod, où il restera « jusqu’à nouvel ordre ».

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