Agriculture : les chats errants mieux traités que les ruminants
Les maladies contagieuses transmises par les piqûres de moucherons tuent de plus en plus d’ovins et de bovins en France. Les pertes financières sont importantes pour les éleveurs. Pour faire diversion, Marc Fesneau, le ministre démissionnaire de l’Agriculture, a mis en place le 3 septembre un projet doté d’un budget de 3 millions d’euros pour assurer le sauvetage des chats errants.
Dans un article publié le 30 août, nous faisions part des inquiétudes des éleveurs ovins et bovins français face à la recrudescence de maladies contagieuses, dont la fièvre catarrhale (FTC) ces dernières semaines. En pages 18 et 19 de l’hebdomadaire « La France agricole », publié le jour même, Bruno Sans, éleveur de 160 brebis à Montjoie-en-Couserans dans le département de l’Ariège, a livré ce témoignage : « En trois semaines, j’ai perdu 25 % de mon troupeau et on sait que ce n’est pas fini. Quand on voit ses moutons mourir pendant trois semaines, c’est long. On se sent seul et on ne voit pas le bout du tunnel », a-t-il ajouté. A ce témoignage s’est ajouté celui de Célia Barrouillet à la tête de 125 brebis laitières pour produire du fromage. Chez elle, « 60 % des moutons sont morts. Notre troupeau est en train de mourir et une partie de nous part avec lui », elle se lamentait.
4 000 moutons sont déjà morts dans trois départements
Selon les chiffres publiés le 9 août par les chambres d’agriculture des départements de l’Ariège, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, près de 400 foyers de FCO ont été recensés et environ 4 000 brebis sont déjà mortes dans ces trois départements, qui comptent environ 1 400 exploitations élevant des ovins. Selon David Eychenne, porte-parole de la Confédération paysanne, « les éleveurs ont besoin d’aides d’urgence pour la trésorerie mais aussi pour reconstituer leurs troupeaux ainsi que de vaccinations gratuites ».
Dans un communiqué publié jeudi 29 août, Marc Fesneau, ministre démissionnaire en charge de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a annoncé qu’il partirait le lendemain « en Saône-et-Loire dans un élevage ovin afin d’échanger avec les organisations professionnelles agricoles, les syndicats vétérinaires, les services de l’Etat et les élus locaux ». La déclaration du ministre démissionnaire a ajouté qu’avec « Avec l’accélération du rythme des vaccinations et la prise en charge par l’État de la vaccination des bovins et des ovins sur un large territoire, de nombreux éleveurs font désormais le choix de vacciner de manière préventive, y compris en dehors des zones réglementées. »
Le 23 août, un autre communiqué du ministère de Marc Fesneau annonçait avoir recensé 208 foyers de maladie hémorragique épizootique (MHE). Mais les syndicats d’éleveurs bovins, ovins et caprins affiliés à la FNSEA demandaient au ministère de prendre les choses en main. « des vaccins pour les mettre à disposition des éleveurs ».
Trois millions d’euros pour le sauvetage des chats errants
On ne sait pas très bien comment le ministre démissionnaire a répondu à cette question. Peut-être avait-il des affaires plus urgentes à régler. Car le mardi 3 septembre, son ministère a publié un communiqué de presse dans lequel on pouvait lire :
« Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a ouvert, ce lundi 2 septembre, un appel à projets visant à soutenir les collectivités territoriales et les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) qui s’engagent volontairement dans la gestion des chats errants. En application de la loi de finances pour l’année 2024, le ministère mobilise à cet effet une enveloppe de trois millions d’euros. Les demandes de financement visent principalement les actes vétérinaires d’identification et de stérilisation des chats errants, et les éventuels frais associés. Le taux de financement est fixé à 100 % pour les dépenses éligibles, dans la limite d’un plafond de 100 000 € pour les projets les plus importants. »
Pour les chats errants, les engagements du gouvernement sont plus clairs que pour les vaches et les moutons. Le communiqué du ministère les justifie ainsi :
« Ce financement est alloué dans le cadre de l’expérimentation prévue par la loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et à renforcer le lien entre l’animal et l’humain. Cette loi prévoit la mise en place de conventions entre l’État et les maires ou présidents de collectivités territoriales volontaires et d’EPCI afin d’améliorer la gestion et la prise en charge des populations de chats errants ou errants et de coordonner les compétences et les moyens de chaque signataire avec cet objectif. »
Ces quelques lignes nous montrent aussi que la législation en France est parfois plus favorable aux chats errants qu’aux humains. A l’occasion de la rentrée scolaire qui vient d’avoir lieu, certains médias rappelaient que plus de 2 000 enfants dorment dans la rue car leurs parents sont trop pauvres pour accéder à un logement locatif.
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