Agriculteurs, SNCF, fonction publique… À quelles grèves peut-on s’attendre en fin d’année ?
Un automne social mouvementé en perspective. Des appels à la grève ont été lancés dans plusieurs secteurs pour les semaines à venir. Agriculteurs, trains, fonctionnaires… On fait le point sur les mobilisations attendues.
Un nouveau mouvement paysan dès le 15 novembre
La FNSEA, principal syndicat agricole, et les Jeunes agriculteurs (JA) ont appelé dans les colonnes du Ouest de la France « à une reprise des actions à partir du 15 novembre »moins d’un an après la mobilisation de l’hiver dernier.
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En cause : la possibilité d’un accord commercial entre la Commission européenne et le Marché commun d’Amérique du Sud (Mercosur), qui regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, lors du sommet du G20, à Rio (Brésil), les 18 et 19 novembre. Une éventualité décrite comme « ligne écarlate » par Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Entre-temps, des actions ont déjà été entreprises dans plusieurs départements. En Corrèze, des agriculteurs ont procédé à trois opérations « coup de poing » en 48 heures, dont un rassemblement devant la préfecture, à Tulle, rapporte France 3 Nouvelle-Aquitaine . En Haute-Marne, une manifestation est également prévue devant la préfecture, à Chaumont, mercredi 13 novembre, selon le Journal de la Haute-Marne .
Une journée de grève à la SNCF le 21 novembre
Tous les syndicats de la SNCF appellent à une journée de grève le 21 novembre, après une réunion avec la direction du groupe ferroviaire au cours de laquelle a été évoqué le démantèlement de Fret SNCF, visé par une procédure engagée par la Commission européenne pour aides publiques. illégale et ouverte à la concurrence.
Dans un communiqué intitulé C’est l’heure du conflit à la SNCFpartagé sur le réseau social « le seul ultimatum » Avant « un mouvement de grève plus long et plus fort en décembre » si le gouvernement et la SNCF ne répondent pas à leurs demandes.
Vers « trois jours de grève » dans la fonction publique
Deux des principaux syndicats de fonctionnaires, FO et la CGT, ont appelé à « mobilisation » après l’échec d’une rencontre avec le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian.
Cela intervient une semaine après que le gouvernement a annoncé un plan visant notamment à baisser l’indemnisation des arrêts maladie des fonctionnaires de 100% à 90%, et à introduire trois jours de carence non rémunérés, au lieu d’un actuellement, pendant ces absences – hors pathologies graves.
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« Nous prendrons au mot le jeu du ministre : trois jours d’attente, trois jours de grève »a promis Christian Grolier, secrétaire général de l’UIAFP-FO, qui veut travailler avec l’intersyndicale « le plus large possible ».
« Il est évident que la CGT va participer à un mouvement de grève »» a ajouté Sylviane Brousse, coordonnatrice de la branche fonction publique du syndicat, dénonçant un » mépris « du ministre chargé des agents publics.
La CGT appelle à une « mobilisation nationale » le 12 décembre
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a appelé à « une grande journée de convergence pour l’emploi » le 12 décembre, pour exiger « un moratoire sur les licenciements »tandis que les annonces de plans sociaux et de fermetures d’usines se multiplient (Vencorex, Auchan, Michelin…).
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« La CGT tenait ce mercredi son comité confédéral national (6 novembre)nous avons mesuré l’ampleur du désastre économique et social en cours. Nous avons adopté un plan de bataille contre les licenciements”a déclaré Sophie Binet mercredi, sur le site de l’usine chimique Vencorex, au sud de Grenoble (Isère), où 450 emplois sont directement menacés en raison de son placement en redressement judiciaire.
Les salariés de cette usine sont en grève illimitée depuis le 23 octobre. Ce vendredi 8 novembre, le tribunal de commerce de Lyon a prolongé la période d’observation jusqu’au 6 mars, ce qui permettra à Vencorex de continuer à explorer des solutions pour son redressement.
Une seule offre a été formulée jusqu’à présent, celle du groupe chinois Wanhua, son principal concurrent, qui ne prévoit de conserver que 25 emplois sur 450.
Une grève des pilotes de ligne le 14 novembre
Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), majoritaire dans la profession, a déposé un préavis de grève pour jeudi 14 novembre. L’objectif : contester le projet gouvernemental d’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), ou « Chirac taxe », payée depuis 2005 par les compagnies exploitant des vols au départ du territoire français.
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« Aucune consultation des acteurs du secteur n’a eu lieu, et aucune étude d’impact n’a été réalisée pour analyser les conséquences économiques et sociales de cette mesure »fustige le SNPL dans un communiqué, dénonçant un projet « catastrophique pour le secteur aéronautique français »ce qui conduirait à « l’affaiblissement des opérateurs ».
Fin octobre, le ministre des Transports, François Durovray, estimait dans un entretien à La Tribune que cette augmentation, censée rapporter un milliard d’euros à l’État, était « résorbable par rapport au prix du billet ».
Vers une grève des laboratoires pour Noël ?
Quatre syndicats représentant les médecins biologistes (SDBIO, BiOMED, SNMB, SLBC) ont appelé l’Assurance maladie à rouvrir les négociations sur leurs tarifs, récemment révisés à la baisse, menaçant sinon d’un » fermer », soit la fermeture des laboratoires d’analyses médicales, du 23 au 31 décembre inclus.
Les biologistes reprochent à la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) d’avoir « trahi » un accord conventionnel de trois ans (2024-2026) signé en juin 2023, et avoir décidé au cours de l’été, « sans consultation préalable »réduire les prix des procédures, à partir de septembre, rapporte leAgence France-Presse (AFP).
Les biologistes assurent que ces baisses de prix mettent en danger le réseau de laboratoires, notamment les petits sites locaux, alors que « Les coûts de production augmentent ».
Ils estiment que l’accord a été construit autour de prévisions erronées et qu’il doit être révisé, « dans les semaines à venir ». Les laboratoires d’analyses médicales étaient déjà en grève depuis quatre jours fin septembre.
S’ils poursuivent les travaux après le 23 décembre, ils craignent de dépasser à nouveau les limites et de s’exposer à de nouvelles baisses de prix. De son côté, la Cnam « des appels à l’éthique » biologistes dans un secteur qui, selon elle, « continue de présenter des niveaux de rentabilité très élevés ».