agents infiltrés, écoutes clandestines, collecte d’informations… Comment les services secrets israéliens ont mené leurs opérations contre le Hezbollah
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En l’espace de deux semaines, Israël a porté un coup dur au mouvement chiite libanais soutenu par l’Iran. Téléavertisseurs, assassinats de hauts dirigeants… Plusieurs opérations mais une même signature, celle du Mossad.
Cinq jours après la mort de son leader Hassan Nasrallah, le Hezbollah cherchez ses grains de beauté. « Il y a de la paranoïa dans les rangs, les gens veulent savoir qui a parléraconte anonymement une source au sein du mouvement chiite libanais, que Franceinfo a pu contacter mardi 1er octobre. Les gens accusent les gens, les gens sont soupçonnés sans preuves… » Car pour atteindre le chef religieux de 64 ans, qui vivait reclus dans son bunker de la banlieue sud de Beyrouth, l’armée israélienne a bénéficié de la présence d’infiltrés parmi l’ennemi. « Ils pourraient être des agents israéliens. Mais le plus probable, à mon avis, c’est qu’il s’agisse d’agents recrutés localement, d’ennemis du Hezbollah qui ont accepté de faire le travail en échange d’argent, de gens qui ont des comptes à régler avec le Hezbollah parce qu’ils ne l’ont pas fait. obtenir un poste par exemple », analyse Raphaël Jeruslamy, ancien officier du renseignement militaire dans l’armée israélienne.
L’opération Beeper menée le 17 septembre, puis celle des talkies-walkies le lendemain, et enfin l’assassinat de plusieurs dirigeants du Hezbollah, constituent une victoire militaire majeure pour l’État hébreu. Considérés parmi les meilleurs au monde, les services de renseignement israéliens reviennent en grâce après les échecs du 7 octobre 2023 et l’attentat terroriste du Hamas. « L« Les armoiries sont, en quelque sorte, restaurées après la grosse bourde qu’ils ont commise », analyse l’ex-espion Raphaël Jerusalmy avec ses propos.
Même s’il s’est considérablement accéléré ces derniers mois, ce travail d’espionnage du Hezbollah remonte en réalité à 2006 et au dDeuxième guerre du Liban. Après Après plus de 33 jours de combats, l’armée israélienne se rend compte qu’elle est incapable de rassembler des informations vitales sur le leadership et la stratégie du Hezbollah. Ce conflit, qui s’est terminé par un cessez-le-feu négocié par l’ONU, est un tournant pour les services de renseignement israéliens. À l’époque, « Les Israéliens ont décidé de ne plus considérer le Hezbollah comme une organisation terroriste, mais comme une armée terroriste », recadré de franceinfo Ahron Bregman, politologue israélien au King’s College de Londres, spécialiste du Mossad. Cela signifiait qu’ils allaient y consacrer plus d’attention, plus de temps et plus d’argent.
Une unité du Mossad se retrouve particulièrement renforcée : l’unité 8200. Souvent comparée à la NSA américaine pour son haut niveau de technicité, l’Israeli SIGINT National Unit (ISNU) va notamment en développant des outils efficaces pour intercepter les téléphones portables et les transformer en appareils d’écoute. Lorsqu’un membre du Hezbollah est identifié, ses mouvements sont automatiquement enregistrés dans une énorme base de données de données. données. « LE déplacements de personnes, courrier, mouvements de fonds, commandes à emporter… Ce sont« des centaines de milliers d’informations qui pourraient ainsi être collectées », énumère Raphaël Jérusalem.
« Il est probable que leLes téléavertisseurs utilisés par le Hezbollah ont également facilité la collecte de renseignements sensibles, reconnaît le chercheur israélien Shir Mor, spécialiste des questions de sécurité au Moyen-Orient. Ils ont pu fournir un aperçu des plans opérationnels, des opérations tactiques telles que les embuscades, les déploiements d’armes au Liban et au Moyen-Orient.
Le Hezbollah a surtout changé de taille depuis 2012, avec le conflit syrien. Son engagement auprès du régime de Bachar Al-Assad lui a permis de se renforcer et de recruter massivement. « Selon mes informations, le Hezbollah est passé de 7 500 combattants et 20 000 réservistes à environ 50 000 hommes, dont 20 000 combattants et 30 000 réservistes après 2011. »expliquait en 2021 Joseph Daher, auteur du livre Le Hezbollah, un fondamentalisme religieux à l’épreuve du néolibéralisme, dans les colonnes de L’Orient Le Jour.
En ouvrant autant ses rangs, le mouvement chiite prend aussi le risque de la perméabilité. « La transformation du Hezbollah d’un petit groupe de guérilla à une grande force paramilitaire a accru son influence au Liban et en Syrie, mais elle a également posé des risques importantscontinue Shir Mor. Cette expansion a compliqué la discipline et le secret, rendant le Hezbollah plus vulnérable aux infiltrations des services de renseignement. »
« Les grandes organisations sont plus difficiles à contrôler, ce qui entraîne des risques plus élevés de fuites d’informations et d’erreurs opérationnelles. »
Shir Mor, spécialiste des questions de sécurité au Moyen-Orientsur franceinfo
Parfois, il suffisait à Israël de cliquer pour recueillir des informations. « Quand un combattant du Hezbollah était tué en Syrie, on pouvait trouver sur les réseaux sociaux beaucoup d’informations sur ses amis, sa famille, son village… Quand on met toutes ces petites informations ensemble, on obtient une assez bonne idée. image du Hezbollah. C’est ce que les Israéliens ont fait.résumé Ahron Bregman.
Interrogé par le New York Timestrois hauts responsables israéliens de la défense sont également catégoriques : « L« Les dirigeants israéliens savent depuis des mois où se trouvait Hassan Nasrallah. ». Raphaël Jerusalmy, ancien du Mossad, passe à l’action : « L’armée israélienne était prête, elle attendait une confirmation visuelle pour mener les frappes et atteindre son objectif. » Autrement dit, « une taupe qui a par exemple vu la cible entrer dans le bâtiment visé ». C’est exactement ce qui s’est passé peu après 18 heures, vendredi 27 septembre, dans la banlieue sud de Beyrouth.