L’Afghanistan a remporté dimanche la première victoire de son histoire contre l’Australie lors de la Coupe du monde de cricket.
C’est une rare expression de joie collective : pour la première fois de son histoire, l’équipe afghane de cricket a battu l’Australie, l’un des poids lourds de ce sport très populaire dans le pays, lors de la Coupe du monde, et, lundi encore, les supporters sont exultant.
« À chaque ballon, à chaque point, à chaque action, je ne parvenais plus à contenir mes émotions »» raconte Zamir Afghan, resté debout à Kaboul jusqu’au coup de sifflet final à 8h30 heure locale. « C’était très tôt »parce que son équipe joue à 11 000 kilomètres sur l’île de Saint Vincent, dans les Caraïbes, « mais je sautais, je criais, je ne pouvais plus retenir mes larmes »poursuit cet étudiant de 20 ans.
« L’Afghanistan a beaucoup souffert donc ces moments sont rares pour nous », poursuit-il dans la capitale d’un pays ravagé depuis quatre décennies par la guerre et embourbé dans la pauvreté. A Khost (est), un millier de fans de cricket ont déclenché dimanche des feux d’artifice avant d’être dispersés par les forces de sécurité talibanes.
Un outil politique pour les Afghans
Le nouveau pouvoir arrivé à l’été 2021, qui prône une lecture ultra-rigoureuse de l’Islam, censure régulièrement les scènes de liesse en public. Malgré tout, dimanche soir encore, une poignée de fans de cricket sont venus applaudir et déclencher quelques feux d’artifice.
« Ce sont des moments privilégiés pour tout le monde »» commente Saddam Saleh à Kaboul. « Battre la grande Australie, ce n’est pas rien », poursuit cet Afghan de 18 ans. Après ce match historique, l’Afghanistan renforce ses chances d’accéder aux demi-finales de la compétition T20, organisée cette année aux Etats-Unis et dans les Caraïbes. Il affrontera le Bangladesh mardi.
« Il y a de fortes chances que l’Afghanistan se qualifie »Usman Ahmadzai veut déjà y croire. « Ils ont le potentiel pour aller en finale et gagner, on ne pouvait pas rêver mieux », poursuit l’homme de 28 ans. Une manière d’exister sur la scène internationale pour le pays, dont aucun gouvernement ne reconnaît les nouvelles autorités.
Même sur le terrain, ce n’est qu’à la Coupe du monde que l’Australie accepte d’affronter l’Afghanistan, car dans d’autres tournois elle boycotte ce pays qui a interdit le sport aux femmes et privé d’éducation les jeunes filles. secondaire et universitaire. « L’équipe nationale a répondu à ce manque de respect sur le terrain »estime Shahid, 32 ans. « Personne ne devrait jamais sous-estimer l’Afghanistan. »
