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Affichage en français : Déjà des plaintes concernant le Royalmount

Le centre commercial Royalmount vient à peine d’ouvrir qu’il suscite déjà la controverse. Son nom anglais est à l’origine d’une vingtaine de plaintes concernant l’affichage à l’Office québécois de la langue française.

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Ces 20 Québécois seront déçus d’apprendre que le Royalmount – du moins son nom – est conforme à la loi. L’OQLF l’a confirmé à JournalVendredi, au même moment où le Bureau nous a informé des plaintes.

«En plus d’être une marque déposée, Avenue Royalmount est également un toponyme officialisé par la Commission de toponymie», a précisé un porte-parole.

Comme il porte le même nom que la rue où il est situé, « Royalmount peut être dans une autre langue que le français sans ajouter d’éléments en français ».

Des vérifications seront effectuées, insiste l’OQLF, afin d’évaluer la conformité des autres éléments affichés. L’Office promet d’intervenir et de demander des corrections si les exigences de la Charte de la langue française ne sont pas respectées.

Manque de respect

Les limites des lois québécoises sur l’affichage sont évidentes, soutient Maxime Laporte du Mouvement Québec français.

« Dans sa version originale, la loi 101 prévoyait l’unilinguisme français dans l’affichage commercial. Or, ces dispositions, adoptées démocratiquement par l’Assemblée nationale, ont été déchirées par la Cour suprême du Canada », rappelle celui qui est également avocat.

C’est ce qui permet l’anglicisation du nom du centre commercial, dit-il, ainsi que sa stratégie marketing « médiocre, désuète, peu inventive et méprisante du Québec français ».

« C’est un manque de respect envers les Québécois », ajoute Marie-Anne Alepin, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, à propos du nom qui sème le chaos.

«Il y a une teinte culturelle évidente» dans le projet de Carbonelo, reconnaît Jacques Nantel, expert en marketing.

Parmi les riches

Le patron de la firme, le Montréalais Andrew Lutfy, 60 ans, a proclamé haut et fort cette semaine qu’il souhaitait que le complexe inauguré jeudi devienne un « midtown », un deuxième centre-ville.

Son emplacement ne serait pas un hasard. « Ils se sont installés sciemment dans l’un des kilomètres carrés les plus riches du Canada, avec Hampstead, Westmount, Côte-Saint-Luc et l’Ouest-de-l’Île non loin », note Jacques Nantel.

Dans ce secteur, observe le professeur émérite de HEC, « il y a plus d’anglophones qu’à Longueuil ».

Le visage d’Elvis Gratton

Le nom anglais de Royalmount est avant tout une occasion manquée, un des « visages d’Elvis Gratton », un signe de la relation « coolonisée » du Québec avec le reste du monde, affirme Maxime Laporte.

« Les experts en marketing savent depuis longtemps qu’il n’est pas nécessaire de donner un nom anglais à un produit pour le rendre attractif », explique l’avocat.

Selon lui, rien ne vaut l’authenticité d’un nom français qui plaît autant aux Québécois francophones qu’aux autres, car de nos jours, « c’est la diversité et l’authenticité » qui font vendre.

Même les anglophones – à New York comme ailleurs – aiment choisir des prénoms français, plaisante-t-il.

Royalmount envoie un mauvais signal, insiste Marie-Anne Alepin. « J’ai du mal à croire que ce projet soit financé sans soulever la question », dit-elle au sujet du gouvernement du Québec.

Le respect de la Charte de la langue française s’applique à tous et à toutes les classes sociales, soutient la SSJB, pour qui le Royalmount « est un énorme manque de considération pour la situation de la langue ».

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