Invité à s’exprimer publiquement pour la première fois depuis les affaires extra-sportives qui ont sérieusement terni l’image de son équipe et du rugby français, le sélectionneur du XV de France s’est naturellement senti affecté, lors d’une conférence de presse surréaliste tenue dans les salons de l’hôtel Cottage Miraflores de Montevideo, où il partageait une chambre avec trois Uruguayens sur fond de Frank Sinatra. Ce contexte un peu lunaire ne l’a toutefois pas empêché d’affronter les questions avec détermination, plus que jamais désireux de protéger son équipe et de faire face à la tourmente.
Comment avez-vous vécu l’arriéré de dossiers qui s’est accumulé au cours des deux derniers jours ?
(il soupire) Pour le groupe, pour la délégation, ça a été vécu comme un traumatisme. Il y a eu une sorte de choc quand on a appris la nouvelle, et quand la police est arrivée à l’hôtel à Buenos Aires. C’était une journée très difficile, très dure. Oui, il y a eu un choc. C’était un moment, un instant, une période très difficile à vivre. Ce sont les conditions dans lesquelles on prépare ce match… Ce sont vraiment des conditions très complexes.
Avez-vous pu parler avec vos joueurs depuis leur arrestation ?
La première chose, c’est que je dois m’adresser à la victime. Nous pensons à elle, c’est la première chose que je veux partager. Après, oui, nous avons parlé avec nos joueurs. Tout est fait de notre côté pour soutenir le travail de la justice argentine, pour l’aider à faire son travail. Tout est fait aussi de notre côté pour soutenir nos joueurs et notre délégation pour traverser ce moment. Nous sommes intransigeants dans le respect des règles et la protection des libertés. C’est une valeur fondamentale de notre mode de fonctionnement. En ce moment, nous avons la chance d’avoir avec nous le président de la FFR Florian Grill et le vice-président Jean-Marc Lhermet, qui ont soutenu les personnes qui sont en mesure de travailler sur cette problématique extra-sportive, et qui font tout leur possible pour aider la justice argentine tout en soutenant nos joueurs dans cette période difficile.
Le cadre de vie autour de l’équipe doit-il être questionné, renforcé ?
L’environnement de vie, je le dis toujours, est un travail qu’il faut consolider au quotidien, sans relâche. Et répéter, répéter, travailler sans compromis sur le respect des règles, des règlements et de l’étiquette de la vie en société. Il s’avère qu’aujourd’hui, nous avons encore l’occasion de dire combien cet aspect est important.
Avez-vous personnellement rendu visite à vos deux joueurs depuis leur détention ?
Hier après-midi, j’étais avec les deux joueurs quand la police est venue les chercher à l’hôtel. Je suis ensuite allé les voir avec William Servat et Mathieu Brauge puis, dans la soirée, William Servat et Patrick Arlettaz sont allés leur rendre visite, car ils sont détenus près de notre hôtel à Nuenos Aires. Le président, le consul, l’ambassadeur, Jean-Marc Lhermet, l’avocat et Rodrigo Roncero ont également passé du temps avec eux.
Le président Grill a déclaré hier que le rugby « était secondaire »Comment se prépare-t-on pour deux matchs internationaux en quatre jours, dans ces conditions ?
Oui, comment parler du match de demain… C’est très important par rapport à l’Uruguay. C’est important de parler de cette équipe, de la composition de l’équipe qui affrontera les Teros. Vous l’avez reçu, elle a été publiée. Je pourrais parler des joueurs du XV de départ, des finisseurs. Si vous avez des questions, je peux y répondre… Nous nous sommes préparés pour ce match après une journée de récupération, un entraînement lundi matin, et aujourd’hui le parcours habituel de l’équipe la veille du match. Dans ce contexte très difficile, l’équipe jouera. Elle jouera. On verra demain.
Le XV de France est l’émanation du rugby français, il représente chacun de ses membres. Quel message avez-vous pour eux aujourd’hui ?
C’est difficile d’envoyer un message aujourd’hui dans ces conditions. Il faut jouer, porter le maillot, continuer à traverser cette période, sans trop savoir où l’on va. Il faut traverser cette période difficile.
L’image renvoyée par le XV de France est catastrophique. Comment la restaurer ?
Je vous laisse commenter. Il faut traverser cette période difficile. Je vous ai raconté comment s’est passée la semaine… Il faut traverser cette période difficile.