Florian Grill, président de la Fédération française de rugby, s’est exprimé mardi devant la presse pour évoquer les affaires qui ont secoué le XV de France lors de sa tournée en Argentine.
« Nous avons fait une saisine, avec la Ligue nationale de rugby (LNR), de la commission de discipline de la FFR. Et en plus, nous avons fait une saisine du procureur de la République sur les propos racistes avérés. La tolérance zéro est déjà de mise. Dans le cas de Melvyn Jaminet, cela a été le cas, avec suspension conservatoire et saisine du procureur de la République. Personnellement, quelle que soit la position institutionnelle, je suis choqué (…) C’était une décision collégiale et fédérale (de l’exclure de la tournée), dans laquelle je m’inclus. Son avenir en équipe de France ? Impossible de répondre à cette question. Il y a d’abord une commission de discipline qui va se réunir à la Fédération, une commission de discipline qui va se réunir dans son club aussi. »
« Nous ne sommes ni juges ni enquêteurs. Il y a deux versions. La version des joueurs n’a pas encore été débattue. Nous faisons confiance à la justice argentine. Nous pouvons avoir nos convictions les plus intimes, mais nous n’avons pas à les présenter aujourd’hui. Des incohérences dans la version du plaignant ? Je ne vais pas rentrer dans les détails. Nous avons des éléments, mais ils doivent être avancés par les avocats lorsqu’ils plaideront, ce qui sera peut-être aujourd’hui. Je ne suis pas là pour commenter les informations dont je dispose, cela doit se faire dans le cadre légal. (…) Les avocats des joueurs ont attendu d’avoir tous les documents du dossier, les vidéos ou les témoignages, avant de plaider. Ils ont décidé de ne pas parler avant d’avoir tous les documents. C’est pour cela que nous n’avons pas encore la version des joueurs. »
« Nous sommes très favorables à des contrôles AFLD en semaine et pas seulement les jours de match. C’est notre responsabilité et celle de tous les clubs de faciliter les contrôles. Il faut prendre le taureau par les cornes et traiter le sujet. »
« Un problème propre au rugby ? On est clairement le reflet de la société, on n’est pas un monde à part. L’esprit de troisième mi-temps ne doit pas être remis en cause. En revanche, l’esprit de responsabilité, l’acceptation des sanctions, le sens du devoir, le sens de l’intérêt collectif sont aussi des valeurs du rugby. Il faut avoir le minimum de soupape de sécurité et en même temps accepter les responsabilités et les sanctions. Les deux ne sont pas incompatibles. On trouvera le bon équilibre. »
« Pour faire face à l’urgence, c’est la FFR qui a avancé les fonds. Les frais sont à la charge des familles, mais dans l’esprit il paraît évident que les clubs professionnels ou les joueurs souhaitent contribuer pour que le coût pour les familles ne soit pas considérable. (…) Qui paye les avocats ? La FFR a avancé les fonds dans l’urgence. Notre esprit est de faire appel à la solidarité du rugby, les clubs professionnels nous ont dit qu’ils étaient prêts à contribuer. Les joueurs de l’équipe de France ont déjà accepté de contribuer et de participer à une cagnotte. Nous n’excluons pas, en fonction de l’évolution du dossier, de faire appel à la solidarité du rugby. »
« On s’est posé la question. Assez vite, on a considéré que les matches devaient avoir lieu, que c’était une question de respect des fédérations uruguayenne et argentine. Pour moi, le rugby doit continuer, même si ce sont des sujets extrêmement graves. Il y a eu des débordements et un non-respect du cadre établi. »
« Il y a un cadre très précis, il existe depuis des années. Il est basé sur l’autonomie et la responsabilisation. Ce cadre n’a pas été respecté par les joueurs. Le cadre prévoit qu’ils puissent sortir en groupe avec des joueurs cadres qui sont chargés de prévoir des taxis pour faire revenir tout le monde en même temps. Ce qui a été fait par Baptiste Serin. Un certain nombre de joueurs ont décidé de ne pas respecter le cadre. Ce n’est donc pas le staff qui est responsable, ce sont les joueurs qui ont décidé de sortir du cadre (…) On va changer les règles. On ne veut pas d’une décision verticale, qui tombe d’en haut. On va le faire en concertation avec les joueurs, le staff, la LNR. On comprend qu’il y ait besoin d’une soupape de sécurité, mais il n’y a pas besoin d’aller dans ces extrêmes qui sont de toute façon incompatibles avec la performance sportive. On va renforcer la sensibilisation et les sanctions. Il ne faut pas aller là, c’est un enjeu de survie pour le rugby français. »
« Nous sommes en contact avec les familles et indirectement avec les joueurs à travers les familles. Les joueurs sont dans une prison intermédiaire, à Mendoza. L’état actuel est de tenter, pour leurs avocats, d’obtenir le droit d’être placés dans leur résidence. Le dernier contact a eu lieu hier soir avec la famille d’un des deux joueurs. »
« Le rugby est le reflet de la société et elle n’est pas épargnée. Il faut arrêter de se cacher derrière notre petit doigt. Pour l’avenir, il y aura bien sûr un avant et un après Mendoza. Nous y travaillerons étape par étape, en concertation avec tous les acteurs du rugby. Nous n’aurons pas la main tremblante, ni dans la sensibilisation, ni dans l’application des nouvelles règles, ni dans la sanction si nécessaire. Nous augmenterons le travail de formation et de sensibilisation et renforcerons les sanctions concrètes. Les sanctions disciplinaires pourront inclure des sanctions financières mais aussi des exclusions temporaires ou définitives des équipes de France, comme nous l’avons fait avec Melvyn Jaminet. »
« Le premier principe, c’est un devoir de vérité et de transparence. Le deuxième, c’est une gestion ferme et claire. Cette affaire est dramatique. Pour le plaignant, pour les deux joueurs et leurs familles, pour le rugby tout entier, pour nos 2 000 clubs concernés et pour tous les bénévoles qui peuvent attester que le rugby, ce n’est pas ça. Je reste convaincu que le rugby construit, que les parents ont raison de mettre leurs enfants dans des écoles de rugby, que le rugby est une chance pour la société. »
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