Affaire Narjissi – « Des mots sur l’indicible » : récit d’une conférence de presse déchirante
Marqués par le terrible drame de la disparition de leur enfant Medhi le 7 août dernier, Jalil et Valérie Narjissi ont brisé leur silence ce mardi lors d’une conférence de presse organisée à leur domicile d’Agen. Déchirant.
On vit des choses étranges quand on suit le rugby, et d’autres beaucoup plus sombres, parfois même carrément tristes. De l’euphorie et de la désillusion, mais qui, le plus souvent, et c’est heureux, se cantonne aux questions sportives. Et puis, il y a eu ce mardi 27 août. Une date qui restera. Terriblement sombre.
Jalil Narjissi et son épouse Valérie, dans les heures précédentes, avaient été longuement interrogés par la police judiciaire d’Agen. Non qu’on puisse leur reprocher quoi que ce soit, dans le drame innommable qui les affecte, celui d’avoir la disparition de leur fils, Medhiemporté par les vagues au large du Cap de Bonne-Espérance le 7 août en fin d’après-midi.
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L’horreur de ses nuits
Cette audience n’était que la procédure normale, la continuation du protocole déclenché par la plainte qu’ils ont déposée contre X le 21 août. Ce mardi, une fois leurs déclarations recueillies, ils s’étaient donc donné rendez-vous à 16h45 pour une conférence de presse. Leur première prise de parole publique depuis le drame. Elle était forcément attendue.
Jalil Narjissi Est arrivé avant l’heure. 16h30, voire un peu moins, accompagné de son avocat, maître Édouard Martialsa femme Valérie et sa fille, Inès, sœur aînéeet de Medhi. Son avocat a d’abord demandé à la quinzaine de journalistes présents de patienter un peu. « J’aialler donné rendez-vous à 16h45. Nous attendrons, si Jamais certains de vos collèguesetvavoir«Ils doivent encore arriver.» Une barbe de trois jours, un t-shirt noir, des cheveux plus longs que lorsque nous l’avons laissé jouer alors entraîneurNarjissi saisit la main de c’est femme et baissa la tête. Placée de l’autre côté, Inès fit de même, et saisit la prise de sa mère. Tout le monde attendait là, les deux femmes avec la tête haute, le vieux talonneur de la SUA recroquevillée sur L’horreur de ses nuits.
Pas un bruit dans la pièce, ambiance de plomb. Cinq longues minutes qui te déchirer en deux, peut-être sept, et ces visages toujours figés, repoussant les larmes, ce corps prostré.leur avocat puis repris le mot: « Vous remarquez, comme moi, que cle moment en attendant est déjà assez difficile pour là famille. Je propose donc que nous commencions sans tarder.
Djalil Narjissi, son épouse Valérie et sa fille Inès étaient présents pour une conférence de presse à Agen. Ensemble, ils ont ouvert leur cœur sur l’indicible : la disparition de Medhi Narjissi en mer. Et leur colère, immense…
L’interview complète : https://t.co/E0169QYomf pic.twitter.com/wbNNZKPmiO
— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) 27 août 2024
J’aurais aimé te voir dans d’autres circonstances…
La lourdeur de l’exercice que s’apprêtait à livrer l’ancienne talonneuse pesé sur l’air et de l’aide, femmes et hommes, mères et pères pour la plupart, avaient réellement pu saisir la souffrance que subissait le clan Narjissi, cette blessure immense. « Et si c’était moi ? Et si c’était mon enfant ? Vous ne pouvez jamais imaginer.
Au moment de lancer, à prononcer pour la première fois le nom de Mehdi, son amour disparu, l’homme fort a soudainement deplié de tout son être et se redressa sur sa chaise. Le regard sombre, parfois vide, mais la construction est à nouveau solide.
Lui, l’indestructible, celui qui n’avait jamais baissé les yeux devant aucun colosse du Top 14, ne baissera pas la tête jusqu’à la fin de la conférenceNous l’avons. Parfois se sentait refuser les larmes à quoi sa femme se laissa aller avec plus de courage. Le témoignage qu’ils lui rendirent, à lui seul, transperça le cœur.
D’abord, un très long silence et un visage qui se contracte. Puis, pendant quelques secondes, on entend à peine la voix de Jalil Narjissi, lorsqu’il entame son discours public. Elle est à peine chuchotée, comme en proie à des tourments auxquels l’ancien prostitué du SUA ne parvient pas encore à échapper, pour entrer pleinement dans l’exercice de la conférence de presse qu’il a convoquée. En écoutant attentivement les enregistrements des micros placés juste devant lui, on se rendra compte que sa première réponse ne concernait pas directement « l’affaire Narjissi », celle qu’on nomme si mal alors qu’en fait, il s’agit surtout de la disparition tragique d’un jeune être solaire de 17 ans : Medhi, son fils. « Tout d’abord, J’aurais Je voulais te voir en d’autres circonstancesmavec ma famille. Devoir répondre à vos questionsstinous pour de bonnes raisons » . « Douce malgré la tristesse, l’entrée en matière fut surprenante, il faut le dire.
Colère et coupables
Comme échaudés, nous fûmes un peu moins surpris lorsque Narjissi conclut son discours sur une note similaire, presque une heure plus tard, la voix basse et la colère évanouie. Les larmes se frayèrent un chemin à nouveau, les mots étaient toujours saccadés, presque perdus. « Je veux juste ajouter une chose : c’est impoPourtant, beaucoup de gens nous envoient des messages… Ça fait… On aurait préféré des messages différents, pour nous féliciter, comme ils l’ont fait pour Medhi, sa sélection… Il est d’Agenais, quand même… Il est d’Agenais… Il est du Lot-et-Garonne… Peu importe d’où l’on vient, mais Mehdiil est d’ici… Je voulais remercier tout le monde… Au-delà du joueur, on l’aime pour ce qu’il est… Et je voulais vous remercier, vous tous, présents ici… Même si c’est votre métier. » Entre ces deux arcs, Narjissi avait répondu « à toutes les questions, sans rien éviter »comme son avocat l’avait promis en préambule. Avec douleur et précision sur les faits, d’abord. Avant de laisser échapper sa colère, pour réclamer des coupables.