Au cœur de cette affaire, les familles des deux joueurs sont évidemment fortement impactées. Plusieurs membres de ces derniers ont traversé l’Atlantique pour se rendre en Argentine.
L’affaire a frappé fort. Très fort. L’impact sur les familles d’Hugo Auradou et d’Oscar Jegou est difficile à mesurer tant le fait de savoir son enfant emprisonné à l’autre bout de la planète pour une agression sexuelle présumée peut être dévastateur. Dans ce contexte, la FFR, sous la responsabilité de son président Florian Grill et de son vice-président Jean-Marc Lhermet, a décidé de s’attacher les services d’un conseil en la personne de Maître Vey, ancien collaborateur de l’actuel garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti. « La FFR a décidé de s’appuyer sur un avocat pénaliste pour tenter d’avoir la meilleure vision possible du travail en cours mené par Maître Cuenoexplique Maître Vey. Dans ce cadre, j’ai proposé à la Fédération d’être également le conseil des clubs concernés et des familles. Le club rochelais et la famille d’Oscar Jegou seront également accompagnés d’un autre avocat au cas où des lignes de divergence apparaîtraient entre les joueurs, ce qui n’est pas le cas pour le moment. »
Selon nos informations, David Auradou et son épouse Marie sont arrivés vendredi soir à Buenos Aires. Ils auraient reçu la visite d’officiels fédéraux avant de s’envoler pour Mendoza samedi matin. Quant aux parents d’Oscar Jegou, pour des raisons de santé, ils ne devraient pas rentrer en Argentine. La tante du joueur pourrait rejoindre prochainement les parents d’Hugo Auradou au pied des Andes. « Nous ne voulons pas commenter la place et le rôle des familles, précise Maître Vey. Nous voulons les protéger. Les familles sont très angoissées. Mais elles essaieront de reprendre contact avec leurs enfants.
Et pour détailler le processus : « Les familles pourront peut-être voir les joueurs grâce à la protection diplomatique. C’est-à-dire que le consul et l’ambassadeur ont le droit de les voir. Je suis en train de terminer les démarches pour les rencontrer également et je devrais, dans les dix jours, me rendre en Argentine pour rencontrer les deux joueurs. Mais il peut y avoir des restrictions et cela peut prendre beaucoup de temps. C’est pourquoi nous devons faire attention à ne pas faire de déclarations sensationnelles. »
David Auradou présent à Mendoza
Surtout, Maître Vey insiste sur une des particularités du droit argentin. « Il existe en Argentine, comme en Espagne où j’ai traité récemment un cas similaire, une mesure qui est comparable à une « plaider coupable » et il est clair que, compte tenu des aléas de la justice, on considère parfois qu’il s’agit de pousser les accusés à signer des accords alors même qu’ils n’auraient pas à être mis en cause. » En bref ? L’ancien associé d’Éric Dupond-Moretti souligne comment tout peut être fait dans les médias pour forcer l’accusé à plaider coupable afin d’obtenir une entente en faveur de la plaignante. « Nous mettons donc tout en œuvre pour que la justice argentine dispose de toutes les preuves objectives. Ces preuves objectives sont que ces deux joueurs ne sont pas allés en Argentine pour violer une femme, qu’ils ont rencontré cette femme très tard dans la nuit de samedi à dimanche, que cela semble s’être passé très vite pour prendre un taxi et rejoindre l’hôtel. Tous les témoignages et toutes les vidéos sont des éléments très positifs pour les deux joueurs. Des vidéos permettront d’établir que la plaignante s’est rendue dans la chambre d’hôtel sans aucune contrainte et qu’elle en est ressortie de la même manière. Sur ces vidéos, la plaignante semble envoyer de nombreux SMS. On ne sait pas à qui, ni pourquoi. Il doit y avoir un vrai travail d’enquête. Et nous veillerons à ce que ce travail soit fait correctement. »
Il précise quelle sera la nature de son travail dans les prochains jours : « Je veillerai donc à ce que les joueurs bénéficient d’un traitement équitable, notamment dans l’analyse des preuves. Je veillerai à ce que les preuves telles que les vidéos ou les téléphones soient correctement exploitées par la justice argentine. » Cependant, selon l’avocat français, même si les trois téléphones portables des protagonistes ont été saisis, ils n’ont toujours pas été utilisés.
Désormais, le prochain combat des avocats d’Hugo Auradou et d’Oscar Jegou sera d’obtenir leur assignation à résidence afin qu’ils ne soient pas enfermés dans un système pénitentiaire présenté ici en Argentine comme extrêmement difficile. « C’est en effet la question importante du moment, assure Maître Vey. Vont-ils rester en détention ou seront-ils assignés à résidence ? Et pour conclure : « Ce sera une procédure longue et difficile. »