Affaire Jegou-Auradou : après leur audience, les joueurs attendent une décision imminente de la justice argentine
Un mois après leur arrestation, Oscar Jegou et Hugo Auradou ont été interrogés jeudi pendant plus de cinq heures par le parquet de Mendoza. Accusés de viol collectif aggravé par une femme de 39 ans, les deux rugbymen français, assistés d’un traducteur, ont clamé leur innocence devant le procureur en charge du dossier, Darío Nora, reconnaissant une relation sexuelle consentie mais niant toute forme de violence.
« Nous avons demandé leur mise en liberté », a annoncé leur avocat argentin, Rafael Cuneo Libarona, à l’issue de l’audience, comme il l’avait confié au Parisien – Aujourd’hui en France la veille au soir. Une demande qui précède l’action du ministère public, ce dernier pouvant formuler la même demande jusqu’au 12 août. « Le parquet pourrait répondre favorablement à notre demande demain (vendredi) ou lundi, a-t-il expliqué devant une trentaine de journalistes. J’ai le sentiment que ce sera le cas.
L’avocat, qui a révélé le nom de famille de la plaignante devant tous les médias, a assuré que ses clientes avaient « répondu à toutes les questions » et indiqué qu’elles étaient « soulagées » et « totalement innocentes ». « Avec toutes les preuves accumulées, cette affaire, sauf surprise dont je doute, pourrait se terminer dans deux mois », a prédit l’avocat, qui a répété que la plaignante n’avait « jamais dit non » à des relations sexuelles avec l’accusé. « Je ne peux pas expliquer pourquoi elles sont innocentes car cela serait une atteinte à la vie privée de la plaignante », a-t-il ajouté, sans donner de détails. « Et je ne veux pas lui faire de mal ».
L’avocat de la défense dénonce le faux témoignage de Jean-Baptiste Gros
S’ils étaient libérés, les rugbymen, qui espèrent pouvoir rentrer en France, resteraient inculpés. De nouveaux éléments doivent encore être apportés au dossier, notamment les résultats des expertises psychologiques réalisées sur les accusés ce mercredi. L’expertise psychiatrique de la plaignante n’a toujours pas été réalisée.
A la sortie de l’audience jeudi, Natacha Romano, l’avocate des plaignants, a estimé que les dépositions d’Oscar Jegou et Hugo Auradou étaient « pleines de contradictions ». « Leurs réponses étaient évasives », a-t-elle dit, estimant que les accusés n’avaient « jamais manifesté de regrets ou d’empathie ».
Mauricio Cardello, qui représente également la victime présumée, estime qu’il y a « suffisamment d’éléments pour que le parquet demande l’audience » destinée à déterminer si les joueurs restent assignés à résidence, retournent en prison ou sont libérés, potentiellement sous conditions.
Natacha Romano a également annoncé que le parquet allait « dénoncer le témoignage de Jean-Baptiste Gros comme un faux témoignage », ne souhaitant pas donner plus de détails pour des « raisons intimes ».
Le pilier toulonnais a été entendu comme témoin jeudi 1er août par visioconférence, avec Antoine Frisch et Giorgi Beria. Selon nos informations, Gros se trouvait dans le Cabify (taxi application) ayant conduit Hugo Auradou et la plaignante du Wabi Fun Club – où ces deux derniers se retrouvaient – à l’hôtel Diplomatic, lieu des faits présumés. « Les contradictions n’existent pas, a rétorqué German Hnatow, l’un des avocats de l’accusé. Le récit de l’accusé était très détaillé. »
À son arrivée au parquet dans la matinée, Natacha Romano a déclaré que son client avait été victime d’une » crise de panique » ce mercredi, au lendemain de sa déposition devant le procureur. « Elle a peur pour sa vie »dit-elle. La plaignante « craintes » De plus, son numéro de téléphone – qu’elle a refusé de communiquer au parquet – était « mis sur écoute »selon Natacha Romano, tout en rappelant que « L’avocat des joueurs est le frère du ministre de la Justice »Cette dernière a terminé son intervention en évoquant « les preuves incontestables » apportées par la plaignante mardi lors de son audition. « La défense ne pourra pas expliquer les blessures (observés sur le corps du plaignant, au nombre de quinze, selon le rapport médico-légal) et les tests génétiques – qui n’ont pas encore été révélés – parlent. » Selon Natacha Romano, les joueurs ont « gestes minimisés » la cause, selon elle, des blessures.
Hugo Auradou et Oscar Jegou sont accusés de viol collectif aggravé par une femme de 39 ans. Les faits se seraient déroulés dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 juillet dans la chambre 603 de l’hôtel Diplomatic de Mendoza, après une soirée dans un bar puis une discothèque suite au test-match remporté par les Bleus contre les Pumas (28-13). Ils sont actuellement assignés à résidence, avec bracelets électroniques, dans la ville du centre-ouest de l’Argentine. Jusqu’à ce jeudi, ils avaient toujours gardé le silence.