« Non, c’est non ! » Ce mardi, 10 heures, devant le centre judiciaire de Mendoza. Sous le ciel gris, le vent et six degrés Celsius, une vingtaine de militantes du collectif féministe « Ni Una Menos » (pas une de moins), le plus grand du pays, scandent leur slogan sous le regard impassible des policiers. Ces derniers les ont laissées à la porte. Pas d’entrée. Pas de quoi décourager les membres de cette organisation qui fait figure de modèle dans toute l’Amérique latine depuis sa création en 2015. « Nous resterons ici aussi longtemps que nécessaire car aujourd’hui est un jour important. »annonce Aitana Anzorena, l’une des figures du collectif.
Au même moment, dans les bureaux du parquet, la femme qui accuse les rugbymen Oscar Jegou et Hugo Auradou de viol collectif aggravé est interrogée par Darío Nora, le procureur chargé de l’affaire. Un moment clé du processus judiciaire. « Nous sommes venus la soutenir parce que nous croyons en elle.explique Aitana Anzorena. Sans agressivité. Juste quelques signes. Pourtant, ils ne nous laissent pas entrer… Son avocat nous a contactés il y a quelques jours. Notre présence ici était évidente. Nous voulons que justice soit faite. Et rappeler aux gens que non, c’est non.
Un peu plus loin, l’accueil du parquet de Mendoza grouille d’activité, envahi par une trentaine de journalistes français et argentins. Des membres de la famille du plaignant – dont l’identité n’a toujours pas été révélée et qui n’a pas été vue mardi – sont présents, discrètement. Ils refusent de parler aux médias. A 13h58, les avocats des deux parties sortent enfin ensemble d’un ascenseur, au terme d’une longue audience qui a débuté peu après 10 heures.
Rapidement entourée de micros et de caméras, Natacha Romano, qui représente la plaignante, assure que l’audience a eu lieu « doucement ». Avant de révéler que son client, qui bénéficie toujours d’un soutien psychologique, a dû « arrêter deux fois » dans son histoire, bouleversée.
Le plaignant a « fourni des éclaircissements »
« Le procureur a permis à son frère d’entrerelle explique. Elle est très fatiguée et ressent beaucoup d’anxiété. Natacha Romano estime que son client a « a fourni des éclaircissements » face aux questions de l’accusation et de la défense, et que « Son histoire était très claire et concrète ». Elle évoque aussi « messages audio » auquel la victime présumée « a donné des explications avec beaucoup de calme ». Messages « apporté par une de ses amies dans lequel le ton avec lequel elle parle (joueurs) évolué « a précisé plus tard Mauricio Cardello, qui représente également le plaignant.
Alors que les avocats des accusés s’apprêtent à sortir, Natacha Romano termine son bref discours en évoquant l’audition d’Oscar Jegou et Hugo Auradou devant le procureur, prévue ce jeudi. « Ils ne répondront à aucune question, ni de la part de l’accusation ni de la part du ministère public, donc ce sera une histoire complètement préparée. »elle dit.
« Aujourd’hui, l’innocence des deux joueurs a été prouvée » selon leur avocat.
Quelques instants plus tard, Rafael Cúneo Libarona, l’avocat argentin des internationaux français, s’arrête devant les micros et assure le contraire : « Nos clients répondront à toutes les questions de l’accusation, de l’accusation et de la défense. avec les bras ouvertsil dit. Nous n’avons rien à cacher. « Le Conseil, frère de l’actuel ministre de la Justice, note également « contradictions notoires » dans les déclarations de la plaignante, qu’il regrette de ne pas avoir faites « il ne voulait pas donner son téléphone à la justice pour pouvoir déchiffrer ce qui s’est passé ». « Aujourd’hui, l’innocence des deux joueurs français a été démontréeil pleure. Ils retrouveront très bientôt une vie normale. Tôt ou tard, ils représenteront à nouveau leur pays. Ils sont très tristes et très en colère car ils sont conscients de l’injustice qu’ils subissent. »
Le troisième ligne rochelais Oscar Jegou et le deuxième ligne palois Hugo Auradou, tous deux âgés de 21 ans, sont accusés de viol collectif aggravé par une femme de 39 ans, originaire d’Argentine. Les faits se seraient déroulés dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 juillet dans la chambre 603 de l’hôtel Diplomatic de Mendoza, après une soirée dans un bar puis en boîte de nuit suite au test-match remporté par les Bleus face aux Pumas (28-13). Les deux rugbymen clament leur innocence, reconnaissant une relation sexuelle consentie et niant toute forme de violence.
Actuellement assignés à résidence, avec bracelets électroniques, à Mendoza, ils seront interrogés par le parquet local ce jeudi matin, à partir de 9h30 heure locale (14h30 en France). Ce lundi 12 août aura également lieu une audience dite de « détention provisoire », au cours de laquelle le parquet pourra, s’il l’estime justifié au vu des éléments fournis dans le dossier, demander leur placement en détention provisoire ou leur remise en liberté pendant l’enquête judiciaire. Une décision qui reviendrait ensuite à un juge.