Affaire du « guide de l’élu FN » : trois accusés acquittés, le procès de la « préférence nationale » reporté à 2025
Grosse déception pour la Maison des potes. L’association, soutenue par d’autres organisations antiracistes (Mrap, LDH, Gisti, etc.), attendait avec une certaine confiance le jugement, ce mardi 4 septembre, du procès qu’elle avait engagé contre plusieurs anciens cadres et un ancien membre du Front national, devenu Rassemblement national, pour avoir ordonné à des élus locaux du parti d’extrême droite d’appliquer la préférence nationale, via un guide d’un élu FN diffusé en 2014.
Les acquittements sont dus à une enquête bâclée
Mais mardi, la justice a acquitté Steeve Briois et Sophie Montel, anciens cadres du FN et signataires de ce guide, ainsi que Marie-Thérèse Costa-Fesenbeck, adjointe au maire de Perpignan, qui avaient publié le document sur le site du FN 66, évoquant une procédure mal exécutée.
La 14e chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre a estimé que l’instruction dans cette affaire n’avait pas apporté la preuve de la date précise de publication du « guide de l’élu FN » dans sa version papier, ni celle attribuant la rédaction du guide à M. Briois et Mme Montel. Une enquête policière d’une frivolité coupable, qui s’était limitée à interroger Mme Costa-Fesenbeck au téléphone, et non lors d’une audition en bonne et due forme au commissariat, ce que le tribunal a également fustigé.
« Nous ne nous attendions pas à ce résultat et nous sommes évidemment déçus », Samuel Thomas, le président de la Maison des Potes, qui se bat sur ce sujet depuis dix ans, l’a déclaré à L’Humanité. « Mais la cour a bien précisé qu’elle ne se prononçait pas sur le fond. Elle n’a donc pas validé la préférence nationale prônée par le RN. D’une certaine manière, elle nous invite à poursuivre le combat encore un an. »
Le directeur de publication du FN sera jugé le 3 juin 2025
Pour les acteurs de cette procédure, une date a déjà été fixée au 3 juin 2025. C’est ce jour-là que Jean-François Jalkh, l’ancien directeur juridique et ancien vice-président du FN, considéré comme le directeur de publication du parti d’extrême droite, sera jugé, toujours à Nanterre. L’homme aurait dû être jugé le 18 juin, comme ses trois acolytes, mais son dossier avait été disjoint, suite à un problème de santé.
« La bataille n’est pas terminée, confirme Arié Alimi, avocat et membre de la LDH. Le procès de Jean-François Jalkh, en juin prochain, devrait permettre au tribunal de répondre enfin à la question posée dans cette affaire : la « priorité nationale » défendue par le FN, puis le RN, constitue-t-elle réellement une provocation à la haine raciale ?
Une analyse partagée par son collègue Stéphane Maugendre, président du Gisti (Groupe d’information et d’accompagnement des immigrés). « Le jugement de ce mardi n’est pas une victoire du FN-RN. C’est simplement un report. En droit de la presse, l’auteur principal des faits est le directeur de publication. Donc Jean-François Jalkh. Rendez-vous en juin 2025. »
Le militant des droits des étrangers souligne également que le maintien de l’audience le 18 juin, entre les élections européennes et le premier tour des législatives, avait déjà constitué une première victoire. « La lutte contre la préférence nationale avait alors bénéficié d’une certaine visibilité. Et les réquisitions du parquet étaient lourdes (jusqu’à six mois de prison avec sursis – NDLR). Les dirigeants du RN doivent se sentir surveillés. »
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