Divertissement

Affaire Depardieu : le rush massif d’Enquête complémentaire introuvable

C’est un véritable coup de tonnerre dans le différend entre Gérard Depardieu et la production de l’émission Enquête plus approfondie (France 2) : cette fois, c’est officiel, aucune caméra n’était braquée sur Gérard Depardieu lors du tournage de la fameuse scène au haras ! Cette séquence, qui a profondément choqué l’opinion publique, montrait l’acteur tenant des propos obscènes apparemment destinés à une petite fille alors qu’elle montait à cheval. « Si jamais il galope, elle jouit. C’est gentil, ma fille, continue. Tu vois, elle se gratte là-bas.entendait-on de sa bouche, au moment où l’enfant apparaissait sur l’écran, se promenant sur un poney.

Le lendemain, Yann Moix, à l’origine du tournage réalisé en 2018 en Corée du Nord, et présent lors des événements, dénonçait un montage final frauduleux. Parallèlement, dans une tribune publiée dans nos colonnes au nom de la famille de l’acteur, Julie Depardieu évoque un montage composé de plans coupés. « forcément suspect ». En privé, Gérard Depardieu lui-même n’a pas caché son désarroi, estimant être la cible d’un complot destiné à l’accabler. Le président de la République, Emmanuel Macron, a même publiquement remis en question la véracité du montage, lors de son passage dans l’émission C à toi (France2) : «Je me méfie du contexte (…) J’ai entendu dire qu’il y avait des mots qui n’étaient pas en phase avec les images. »

Face à la polémique et sous la pression de notre enquête, France Télévisions a fini par présenter un constat d’huissier – sans jamais révéler son identité – censé authentifier les rushes et valider la thèse initiale. Mais aujourd’hui, la vérité éclate. L’aveu vient du rédacteur lui-même, Emmanuel Baert, qui a témoigné sous serment le 12 janvier, lors de son audition par un lieutenant de police, à laquelle le JDD a eu accès. « La caméra n’était pas braquée sur lui à ce moment-là »a-t-il admis. Choquant… et pourtant, l’officier n’a pas donné suite à ce point crucial. Cette révélation change complètement la donne : les fameux rushes, au cœur de toutes les polémiques, n’existent tout simplement pas. Du moins, pas ceux qui auraient pu confirmer ou infirmer la version défendue avec insistance par France Télévisions.

Lors de son audition, Anthony Dufour s’est contredit de manière flagrante à plusieurs reprises

Pour rappel, l’émission diffusée le 7 décembre 2023, intitulée « Gérard Depardieu : la chute de l’ogre », présentait un acteur plus délirant que jamais, multipliant les blagues vulgaires et les propos sexistes à l’égard des femmes, dans un véritable déchaînement d’obscénités. Pourtant, les soupçons autour du montage final de l’émission, présents depuis sa diffusion, se ravivent aujourd’hui plus fortement que jamais. Cela s’explique notamment par les minutes des deux autres protagonistes impliqués dans les « fameux » rushes de l’émission, que le JDD a pu consulter.

Le premier, Anthony Dufour, fondateur d’Hikari Productions, société en possession des images depuis 2018, est au cœur de l’affaire. C’est cette société qui a réalisé les premiers rushs après avoir accompagné Yann Moix en Corée du Nord pour son projet de film. C’est également Hikari qui a édité le reportage diffusé par Enquête plus approfondie sur France 2. Lors de son audition le 4 janvier, Anthony Dufour s’est contredit de manière flagrante à plusieurs reprises. Interrogé par le policier pour savoir s’il avait visionné l’intégralité des rushes, il a immédiatement répondu par la négative, précisant qu’il s’était contenté de « petits morceaux ».

La suite après cette annonce

Il ajoute que le réalisateur, Damien Fleurette,  » certainement «  tout vu. Cependant, il affirme que le « les éléments les plus marquants ont été diffusés dans le reportage ». Mais comment en être sûr s’il n’a pas tout regardé ? Pire encore, concernant la scène haras, Dufour est catégorique : « Bien sûr. Il s’adresse à la petite fille et sous-entend que monter à cheval est une activité masturbatoire. La petite fille l’entendit et se retourna. » Il sous-entend donc qu’une fille coréenne d’une dizaine d’années aurait compris les propos de Depardieu (en français) !

Lorsque l’officier lui demande si les scènes et les dialogues des rushes correspondent au montage final diffusé aux téléspectateurs, sa réponse devient encore plus vague : « Nous avons édité le moins possible pour conserver ces scènes dans leur forme originale. » Le moins possible ? Cette explication reste incompréhensible. Quant aux déclarations de Damien Fleurette, le réalisateur, n’éclairent pas la situation. Il affirme également que Depardieu parlait bien à la petite fille du haras, tout en précisant que le rédacteur en chef, Emmanuel Baert, n’a pas visionné tous les rushes. Comment Baert a-t-il pu monter le spectacle sans avoir vu toutes les images disponibles ? Rien n’est clair. De plus, Fleurette estime que « sur les moments où il parle, il y a très peu de montage ». Il y en a donc tout de même, ce qui ne fait que renforcer les zones d’ombre.

Le plus surréaliste dans cette affaire, c’est sans doute le mystère qui entoure les fameux rushes que la rédaction du JDD a été la première à réclamer. Où sont aujourd’hui ces cassettes contenant une vingtaine d’heures d’images ? La personne elle-même n’en a aucune idée ! « Je ne sais pas où ils sont »admet-il simplement lors de son audition, précisant que les joncs peuvent parfois être détruits. Pourtant, Damien Fleurette a validé le constat d’huissier présenté par France Télévisions en décembre dernier, ajoutant de façon surprenante : « Cela ne s’est pas produit chez nous, c’est arrivé avec France Télévisions, je pense. » Il  » pense  » ? Pour le moins surprenant, de la part de quelqu’un qui affirme n’avoir aucune idée de l’endroit où se trouvent ces rushes désormais introuvables…

A France TV, c’est silence radio

Un autre élément clé de cette quête de vérité réside dans l’histoire de ces précieuses bandes vidéo. En lisant les trois minutes, on découvre que ces rushes ont passé cinq longues années oubliés au fond d’un placard, avant d’être finalement exhumés suite à l’enquête publiée par Médiapart au printemps 2023, où Gérard Depardieu a été accusé de violences sexuelles. Dans son témoignage, Anthony Dufour reconnaît ce retard, mais minimise l’importance des images, les qualifiant de « sans grand intérêt ». Mais l’actualité semble soudain leur avoir donné une urgence puisque quelques mois plus tard, l’émission Enquête plus approfondie consacré à Depardieu, et basé sur ces soi-disant rushes « sans grand intérêt »a été diffusé.

En résumé, non seulement aucune caméra n’a été braquée sur Depardieu lors de la séquence polémique, mais en plus aucun des trois protagonistes du montage ne semble savoir ce qui est arrivé aux fameux rushes ! Cette fameuse authentification par huissier soulève donc plus que jamais de questions. D’autant que, comme nous vous le révélions en mai dernier, la justice a déjà tranché. Par une ordonnance du 30 mai 2024, le tribunal a « fait droit » aux demandes de l’acteur, ordonnant à Hikari de communiquer les rushes concernés. Le tribunal a clairement rejeté l’argument du « secret des sources » – prétexte utilisé à outrance par France Télévisions dès le départ – qui aurait pu bloquer le processus. Mais depuis, c’est le silence radio. La société de production reste silencieuse, et le juge ne bronche pas. Alors que va-t-il se passer maintenant ?

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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