Aéroport de Toulouse. « 80 vols de nuit en un mois » : pourquoi le couvre-feu estival ne fonctionne pas ?
Par
Mareva Laville
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La bonne volonté ne suffit pas toujours. C’est en tout cas ce que fait Collectif contre la pollution de l’air dans l’agglomération toulousaine CCNAATdans un communiqué de presse adressé à Actualités toulousaines.
Pour apaiser les tensions entre quelques-uns 100 000 habitants touchés par le bruit des avions, dans le couloir aérien qui traverse la Ville rose et concerne « 85 % des quartiers de Toulouse », Aéroport de Toulouse Blagnac avait promis de ne pas programmer de vols de nuit durant l’été.
C’est fait. Depuis avril, aucun vol de nuit ne fait partie du planning des vols réguliers. « L’aéroport avait annoncé le maintien du cœur de nuit avec aucun vol commercial de passagers programmé entre minuit et 6 heures du matin », confirme l’aéroport de Toulouse.
80 avions de nuit malgré l’absence d’horaires de vol
« Mais l’engagement basé sur la bonne volonté des dirigeants et des compagnies aériennes ne suffit pas », constate Chantal Beer-Demander, présidente de la CCNAAT. Au cours du mois de juin, l’association a constaté 80 décollages et atterrissages effectué entre minuit et 6 heures du matinune moyenne de trois vols.
Dans la seule nuit du 27 au 28 juin, pas moins de six vols après minuit ont réveillé les habitants de la région. Le dernier a décollé à destination de Fès à 2h19 du matin.
Décollages et atterrissages retardés
« On est loin du zéro vol commercial annoncé au Cœur de la Nuit », s’exclame le CCNAAT. Vols commerciaux de passagers retardés Des incidents ont en effet été observés entre minuit et 6 heures du matin, concède l’aéroport de Toulouse Blagnac.
Mais en juin 2024, les vols en pleine nuit ont chuté de 22% par rapport à juin 2023, et de 31% en cumulé depuis le début 2024 par rapport à l’année dernière.
Interdiction totale exigée
Et selon le collectif militant, c’est bien là le problème. « Il y a des décollages ou des atterrissages autorisés en cas de retard », s’exclame Chantal Beer-Demander. La présidente du CCNAAT réclame une interdiction totale entre 23h30 et 6h du matin « Si nous n’avons pas un scénario strict qui encadre cette interdiction, eh bien, il y aura toujours des excès. »
La CCNAAT cite les exemples de Nantes et Strasbourg, qui appliquent un couvre-feu à partir de minuit, n’autorisant plus l’entrée ni la sortie des avions.
Une étude de la Préfecture en cours
Même si l’affaire traîne dans les dossiers depuis plusieurs années, le problème est d’actualité. Préfecture de la Haute-Garonne et de l’Occitanieavec l’aide de la Direction générale de l’aviation civile, étudie l’impact du bruit générés à proximité de l’aéroport le soir et très tôt le matin.
Les conclusions de cette étude seront connues le 10 juillet et présentées fin 2024. étude d’impact est indispensable puisque sans elle, « la Préfecture ne peut pas prendre d’arrêté », expliquait le préfet Pierre-André Durand, lors de la signature du Pacte gagnant-gagnant entre associations, collectivités et représentants des filières économiques et aéronautiques, en mars 2024.
Une fois signé, le décret, s’il est adopté, sera transmis à la Commission européenne qui aura trois mois pour se prononcer. Dès son feu vert, L’interdiction entrerait en vigueur à l’été 2025. Pas avant.
Réduire le bruit : un défi commun
« Nous ne sommes pas têtus. Cette interdiction pourrait être mise en place progressivement. Et nous savons qu’il peut y avoir des exceptions sur certains vols sanitaires ou essentiels pour Airbus », commente le président du collectif CCNAAT.
De son côté, l’aéroport de Toulouse soulève également la question de réduction de la pollution sonorece qu’il considère comme « un défi exigeant et collectif ». « L’aéroport de Toulouse-Blagnac entretient un dialogue permanent avec les compagnies aériennes pour une meilleure maîtrise de leur activité pendant la nuit ».
Avec l’espoir, du côté de l’association, d’une nouvelle réglementation favorisant les avions modernes et moins bruyants, notamment de nuit.
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