Depuis 2023, le mouvement « adolescents sans téléphone portable » prend de l’ampleur en Espagne.
En France, les parents commencent à agir, suivant l’exemple de leur voisin européen.
Pourquoi est-il judicieux de retarder le plus possible l’achat d’un smartphone pour son adolescent ?
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Réussir l’éducation de vos enfants
Votre progéniture possède-t-elle un téléphone portable ? Selon le Baromètre du numérique publié par l’Arcep et le Credoc, les jeunes Français sont de plus en plus équipés. Parmi les 12-17 ans, 96 % possédaient un smartphone en 2023, soit une hausse de cinq points par rapport à 2020. De l’autre côté des Pyrénées, la situation est similaire. L’Institut espagnol de la statistique rapporte que près de 70 % des mineurs possèdent un smartphone. La plupart du temps, les parents offrent un téléphone portable à leur enfant dès son entrée au collège, à l’âge de douze ans. Cette tradition pourrait-elle prendre fin et inspirer la France ?
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Qu’est-ce que le mouvement « ados sans téléphone portable » ?
Fondé en Catalogne par Elisabeth Garcia, mère de trois enfants, le mouvement « adolescents sans téléphone portable » se mobilise contre l’accès précoce et illimité de leurs ados aux smartphones. Soucieuse de protéger les enfants de la pornographie, la fondatrice du collectif invite les familles à ne pas leur offrir de téléphone avant l’âge de seize ans. Initié par un groupe de parents d’étudiants de Barcelone, ce mouvement a pris de l’ampleur dans toute l’Espagne au point de devenir un véritable débat national. Il a reçu le soutien de l’Agence espagnole de protection des données et de l’Ordre des médecins de Madrid. Ces deux institutions rappellent les dangers et les dommages neurologiques liés aux écrans pour les plus jeunes.
Le Parlement régional de Barcelone s’est saisi du sujet pour en faire une loi contre les addictions. En France, un groupe Facebook baptisé « Parents unis contre les smartphones avant quinze ans » compte plus de 19 000 membres. Promulguée en juillet 2023, la loi pour la majorité numérique représente un premier pas pour protéger les adolescents français car elle devrait permettre de renforcer les obligations des plateformes envers les moins de quinze ans.
Manque d’usage du smartphone chez les adolescents : quels bénéfices ?
Selon le Baromètre du numérique, 12 % des Français ont été victimes d’insultes, de harcèlement ou de diffamation en ligne au cours des douze derniers mois. Les jeunes sont particulièrement exposés à ce type de violences en ligne (39 % des 18-24 ans). Retarder l’utilisation du smartphone chez les adolescents permet donc de les protéger de ces actes malveillants.
Ne pas avoir de téléphone portable permet également d’éviter les risques d’addiction. Selon une étude Médiamétrie publiée en 2023, les 15-24 ans passent quatre heures par jour sur Internet, principalement via mobile (93 %). La navigation sur les réseaux sociaux et les services de messagerie comme WhatsApp est particulièrement chronophage : les 11-14 ans y passent 1 heure 42 minutes par jour contre 2 heures 19 minutes pour les 15-24 ans.
En plus d’être une source de distraction, l’utilisation excessive des médias sociaux entraîne une augmentation des symptômes d’anxiété et de dépression chez les jeunes, comme le démontre une étude canadienne publiée en 2023 dans la revue Technology Mind and Behaviour.
Votre enfant risque-t-il d’être exclu s’il est privé ?
Un adolescent sans téléphone portable aura plus de difficultés à joindre ses parents en cas de besoin. Mais au-delà du problème de sécurité que cela pose, l’absence de téléphone complique la socialisation des plus jeunes qui ne peuvent joindre leurs amis comme ils le souhaitent.
Sophie Jehel, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris VIII, auteure de L’adolescence au cœur du numérique Sophie Jehel a mené plusieurs études sur les écrans et les adolescents. Même si les jeunes ne sont pas capables de tout gérer seuls, le premier téléphone représente un premier pas vers l’autonomie selon la spécialiste. Le smartphone est comme une fenêtre sur le monde qui permet aux adolescents de construire leur identité sociale. Pour Sophie Jehel, c’est un moyen d’avoir accès à des conversations plus libres et plus choisies.
