Le 10 juillet devait être une journée de félicitations pour la première radio française, couronnée une nouvelle fois par Médiamétrie en début de matinée, loin devant sa concurrente privée RTL. Mais les journalistes de France Inter n’étaient pas d’humeur à se réjouir pendant la « Moment convivial de fin de saison » organisé mercredi soir par la PDG de Radio France, Sibyle Veil.
A midi, les salariés ont appris par un article du Parisien l’arrivée, dès la saison prochaine, du journaliste Patrick Cohen, qui se voit confier la rédaction politique de 7h44, assurée depuis deux ans par la cheffe du service politique, Yaël Goosz. Cette dernière venait d’être informée, à 10h15, de la décision de sa direction de ne pas être prolongée à l’antenne pour ce rendez-vous, lors d’une interview avec Adèle Van Reeth.
De quoi provoquer une montée des tensions, qui a conduit à une motion de censure visant la directrice de la station, Adèle Van Reeth. Dans une lettre remise par des représentants de la Société des journalistes de Radio France, du SNJ et de la CGT, au président de Radio France, jeudi 11 juillet en fin de matinée, la rédaction évoque une rupture de confiance avec Mmoi De Reeth.
Désaveu
Signé par 80% des 95 membres de la rédaction, dont les chefs de service et les rédacteurs en chef, le texte dénonce plusieurs « Des décisions incompréhensibles prises par le directeur de France Inter ces derniers mois » et l’impossibilité de « continuer à lui faire confiance pour diriger cette radio ».
Face au tollé provoqué par ce mercato inattendu, la directrice de la station, accompagnée de Marc Fauvelle, le directeur de l’information, a pris la parole lors du rendez-vous quotidien de 15 heures pour expliquer son choix. Elle a tenté, sans succès, de calmer la rédaction, arguant notamment que le cumul des fonctions d’éditorialiste politique et de chef du service politique ne permettait pas de « carte blanche » pour l’exercice de l’éditorialisme politique. L’argument a irrité. « Comme s’il fallait être dehors pour s’exprimer librement sur cette chaîne ! Une drôle de conception de la liberté d’information et de l’indépendance du service public »dénonce la lettre, qui Le monde a pu obtenir.
Le choix de la direction est vécu comme un désaveu pour la rédaction, épuisée par la campagne européenne, l’annonce de la dissolution et les élections législatives anticipées. Elle a aussi été déstabilisée par les craintes autour de la liberté d’expression ou la crise autour des propos d’Alain Finkielkraut, qui avait accusé certains journalistes de France Inter de « dieudonnisation »La menace d’une motion de censure se faisait de plus en plus sentir, les journalistes ayant le sentiment de ne pas être suffisamment protégés par leur directeur.
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