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Acquisition d’AXA IM : une véritable avancée stratégique en vue pour BNP Paribas

La discrétion à tout prix. Et une semaine après la publication de ses résultats trimestriels, jeudi 1euh Août au soir, annonce spectaculaire : avec son projet d’acquisition d’AXA IM et un partenariat à long terme avec AXA, BNP Paribas va mettre 5,1 milliards d’euros sur la table pour se développer dans la gestion d’actifs. Sans doute la plus grosse opération du groupe depuis quinze ans, lorsqu’il a racheté Fortis en Belgique et au Luxembourg.

Sur un CAC40 plutôt mal orienté début août, l’annonce n’a pas été accueillie avec enthousiasme. Mais elle est structurante. « Ce projet majeur, générateur de croissance à long terme, constituerait un axe de développement puissant pour notre groupe », a commenté Jean-Laurent Bonnafé, PDG de BNP Paribas, dans un communiqué.

« Nous créons un champion »

Le géant bancaire renforce ainsi sa position dans un métier peu consommateur de fonds propres, qui permet ainsi de contrebalancer les activités bancaires traditionnelles, plus capitalistiques. Il boxe aussi depuis longtemps en dessous de sa catégorie dans la gestion d’actifs, un métier qui va retrouver une dimension européenne. Une fois finalisée avec succès, l’opération donnerait naissance à une nouvelle entité pesant 1.500 milliards d’euros d’actifs sous gestion.

« Nous créerions le leader européen de la gestion d’actifs de long terme qui servirait notamment les assureurs et les fonds de pension et institutionnels, que nous développerions avec la puissance d’AXA IM, complémentaire de BNP Paribas », assure Renaud Dumora, directeur général adjoint de BNP Paribas, responsable du pôle IPS (« Investment and protections services »), dans un entretien aux « Echos ».

L’opération, significative en termes de trésorerie, n’a qu’un impact de 25 points de base (0,25%) sur le sacro-saint ratio de solvabilité de BNP Paribas, actuellement à 13%. Réalisée via sa filiale d’assurance, elle bénéficiera du « compromis danois », soulignent les analystes de Citi, un traitement prudentiel avantageux. Le géant bancaire peut aussi se permettre cette acquisition en puisant dans son « trésor de guerre » issu de la vente l’an dernier de son réseau américain Bank of the West, soit 110 points de base (1,1%) de son capital à « redéployer ». Le groupe expliquait en mars en avoir déjà réinvesti la moitié.

Un enjeu stratégique

La « fermeture » est « prévue pour l’été 2025 », explique le groupe. « Ce serait une belle opération d’intégration. Nous sommes reconnus pour ce savoir-faire », souligne Renaud Dumora.

Le groupe a en effet procédé à des intégrations majeures, notamment celle de Fortis en 2009, ou celle de BNL en 2006, en Italie. Bien qu’il n’ait pas lancé d’acquisitions de banques de la zone euro depuis lors, BNP Paribas construit des plateformes industrielles et technologiques qui lui permettent d’agréger des clients et de croître dans de nouveaux métiers : c’est par exemple avec cette approche que la banque d’investissement du groupe (CIB) est montée en puissance dans les services aux hedge funds (« Prime services »).

La logique devrait donc s’appliquer à IPS. Outre l’acquisition d’AXA IM, IPS devrait également connaître des mouvements internes, puisque les actifs des fonds généraux de Cardif pourraient être gérés par le gestionnaire d’actifs interne, ce qui n’est pas le cas actuellement. L’opération devrait également permettre au groupe de croître dans les actifs privés, et des fusions internes ont déjà eu lieu : début 2023, il avait réuni trois entités dédiées à cette classe d’actifs dans une seule structure.

L’intégration passera également par un processus réglementaire et social, avec des procédures de consultation qui seront lancées. A ce jour, AXA IM compte 2 800 collaborateurs et BNP Paribas Asset Management 2 100.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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