Achat du Stade GGL : « Notez bien, Christian Assaf n’y connaît rien ! », la guerre continue entre la Métropole de Montpellier et Mohed Altrad
Conflit Métropole Montpellier-Mohed Altrad autour du rachat du Stade GGL, épisode 4. Le président du MHR a tenu à s’exprimer après la dernière déclaration du conseiller métropolitain, Christian Assaf.
Plus l’histoire avance, plus la tension monte entre la Métropole de Montpellier et le président du MHR, Mohed Altrad. A l’origine du clivage : le rachat du GGL Stadium.
Le conflit est devenu public lorsque Michael Delafosse, le maire de la ville, a admis dans nos colonnes « n’ont aucune opposition de principe au projet de rachat » mais il attendait « seulement une réponse du président Altrad ». Ce à quoi l’homme d’affaires a répondu : « Nous avons accepté toutes les conditions, il ment ». Une déclaration finale qui a fait réagir Christian Assaf, responsable des sports à la Métropole de Montpellier. La déclaration, entre autres, est cinglante : « Nous le disons clairement : M. Altrad doit cesser de nous insulter. L’incohérence et le manque de respect doivent cesser. Le syndrome de toute-puissance l’a gagné. » Le cadre est posé.
Et la guerre continue. M. Altrad n’a pas voulu laisser passer ces derniers mots. Le patron du groupe éponyme a contacté Midi Libre pour (re)riposter. Avec un long communiqué, d’abord. Avec une interview ensuite, qu’il a d’abord refusée avant d’accepter.
« Une sorte de mauvais vaudeville »
Le coeur du clivage est d’abord soulevé. Depuis dix ans, le président du MHR tente d’assainir les finances du club en créant une économie autour du stade. « Nous souhaitons que le club soit propriétaire de son stade, qu’il crée une activité autour, avec des restaurants, des commerces, des centres médicaux. Le stade ne vit que les jours de match, nous voulons changer cela. Il y a actuellement 82 000 m2 inutilisés autour du stade. Je ne veux plus que le MHR soit, comme la plupart des clubs de rugby aujourd’hui, déficitaire à la fin de chaque année. Nous voulons lui donner une pérennité structurelle. Sans compter qu’une partie du patrimoine reviendra à la collectivité à la fin du bail emphytéotique. »note le président d’Altrad, qui assure qu’il injecte 4 à 5 millions d’euros personnellement, ajoutés aux 5,5 millions du groupe Altrad, à la fin de chaque saison pour finir dans les temps.
Des discussions avec Michaël Delafosse ont débuté en ce sens dès son élection en 2020. « qui avait inscrit dans son programme le projet de transfert des infrastructures publiques au rugby et au football »se souvient l’homme d’affaires.
« Peu de temps après son élection, il a demandé à me rencontrer pour discuter de la vente du stade. C’était en fait le point de départ d’une sorte de mauvaise farce. Nous avons eu 17 réunions et courriers. Je ne parle évidemment pas des lettres de relance, ni des réunions que nous avons eues en interne pour préparer ces réunions avec les services métropolitains. En juillet 2023, j’étais prêt à mettre en œuvre les propositions que nous avions discutées. J’ai accepté toutes ses demandes. Et comme souvent, le silence a suivi. Aucune nouvelle pendant huit mois. Jusqu’à ce que nous fixions un nouveau rendez-vous en mars 2024. Cela aussi n’a servi à rien. Nous avons présenté un document pour qu’il soit validé. Quatre mois plus tard, toujours pas de réponse de la Métropole. Donc, en l’état, c’est moi qui attends une réponse. »il continue.
« Ce sont les gens avec qui je dois travailler »
Dans les négociations, l’homme d’affaires mesure néanmoins les enjeux. « On peut comprendre que la métropole a des exigences, et que trouver le modèle qui puisse les satisfaire prend du temps »il admet.
Cependant, la forme est gênante, dérangeante. Des deux côtés. « Quand on négocie avec un partenaire, on ne passe pas son temps, et c’est le cas depuis 2020, à nous insulter par voie de presse. (…) Je pense qu’il a un petit problème avec l’autorité publique. On peut avoir des désaccords mais il faut travailler dans le respect.Christian Assaf le dit d’abord. Ce dernier regrette « une inconstance » dans le camp du MHR, trop d’interlocuteurs différents ralentissent le dossier. « De notre côté, nous ne l’avons jamais critiqué publiquement, même si le club est en crise, il a fait des recrutements dans son staff que nous aurions pu commenter, il a eu des démêlés avec la justice, mais nous n’avons jamais fait de commentaires sur ses choix. Je me suis interrogé sur les enjeux de la crise que traverse le club cette saison, je comprends enfin d’où vient le problème »ajoute Assaf.
Une diatribe indigeste pour le président Altrad. « Notez bien, Assaf ne sait rien ! Il se questionne… Et à force de se questionner, toujours sans rien savoir, il a une illumination, il comprend enfin d’où vient le problème. D’où ? Il ne le dit pas. On attend sa révélation. Ce sont ces gens avec qui je dois travailler. »il rétorque.
Avant d’ajouter : « « C’est un menteur. » C’est ce que j’ai dit. Pour les ignorants, je tiens à préciser qu’il s’agit d’une affirmation, qui peut être contestée, et non d’une insulte. Ensuite, si j’assimile ses propos à de la calomnie, dira-t-il encore que je l’insulte ? Le MHR est une entreprise privée. Comment un élu est-il autorisé à commenter l’activité d’une entreprise privée ? Je ne comprends pas non plus, par exemple, pourquoi le maire et ses acolytes ajoutent systématiquement le qualificatif de « milliardaire » après mon titre.. On dirait qu’ils ont des démangeaisons.
« Nous voulons établir un modèle économique viable pour le club. Mais je ne sais pas si ce monsieur (Christian Assaf, ndlr) « J’ai compris le sens du mot viable, car on nous impose toujours des conditions non viables. Il faut donc, à chaque fois, développer un nouveau modèle. C’est comme s’ils ne voulaient pas que le club soit indépendant financièrement ! C’est comme si négocier avec le MHR, donc avec Mohed Altrad, dérangeait. Pour l’instant, c’est moi qui paye, qui couvre les déficits du club. Cela, en revanche, ne gêne personne. Je ne parle même pas de remerciements pour mon engagement. Je suis le président milliardaire ! Je peux payer, personne ne dira merci »conclut le président du MHR. Ambiance.