Le coup de gueule du Belge David Goffin a remis sur la table, mercredi, la question de l’attitude des supporters.
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Vainqueur du Français Giovanni Mpetshi Perricard mardi 28 mai après trois heures et demie de bagarre sur le court 14, David Goffin n’avait pas vraiment le sourire à l’issue de son premier tour à Roland-Garros. A 33 ans, le Belge, d’habitude plutôt calme, s’est exprimé en conférence de presse sur l’attitude du public français : » Clairement, ça va trop loin, c’est un manque de respect total, c’est vraiment trop. Ça commence à devenir ridicule. Certains sont là plus pour semer la pagaille que pour mettre de l’ambiance. Aujourd’hui, quelqu’un m’a craché son chewing-gum. Ça devient compliqué. .
Alors, lorsqu’il a fini par remporter ce match, l’ancien numéro 7 mondial a laissé éclater sa joie, en bouleversant ce public hostile : « Quand tu joues 3h30 avec le public qui te tape sur la tête, tu te contentes de perdre deux secondes. Ils l’ont mérité. Avant de continuer : « Beaucoup de gens se plaignent. C’est l’écho dans le vestiaire et dans les instances de l’ATP. Je pense que cela n’arrive qu’en France. À Wimbledon, cela n’existe pas. Ni en Australie. L’US Open est plutôt calme. C’est une atmosphère vraiment malsaine ici. ». Mais alors, le public parisien s’est-il vraiment trompé ?
De ses seize participations à Roland-Garros, notre consultant Arnaud Clément confirme : « Oui, l’ambiance a changé à Roland-Garros depuis le Covid. C’est plus électrique. D’ailleurs, si le dit un joueur juste et sobre comme David Goffin, ce n’est pas pour rien. En revanche, contrairement à ce qu’affirme le Belge, les publics chauvins et les incivilités parfois constatées ne sont pas spécifiques au tournoi parisien.
« A l’Open d’Australie, c’est pareil, le phénomène s’est accéléré avec un public très très ivre. »glisse Arnaud Clément, évoquant également « le public excessif à Rome, par exemple ». Selon Justine Hénin, « seul Wimbledon est épargné ». Si le public des courts de tennis est de plus en plus bruyant et festif, c’est donc un phénomène qui dépasse largement le cadre de la Porte d’Auteuil.
« Il y a toujours eu du chauvinisme envers les acteurs locaux, mais il a évolué ces dernières années », explique Arnaud Clément. Une évolution notamment due à la création de véritables groupes de supporters, comme le Koq et la Tribune Bleue pour les joueurs français. Mais dans ces groupes, on regrette ces dérives. « Ce sont des cas isolés qui entachent l’ambiance de tout un stade »déplore Hippolyte, membre de la Tribune Bleue.
Cette nouvelle ambiance n’a pas que des détracteurs dans le monde du tennis. « A Melbourne, les Australiens ont bien accueilli nos encouragements, ils ont été presque mieux reçus qu’ici. »ajoute Antoine.
« Ici, on sent parfois des réticences face à cette nouvelle ambiance plus chaleureuse, car le public de Roland-Garros est là plus en spectateurs qu’en supporters. Ce n’est pas facile d’enflammer les stades. »
Antoine, vice-président de Koqsur franceinfo : le sport
D’autres raisons avancées pour expliquer ce manque de retenue publique sont l’avènement des réseaux sociaux. C’est en tout cas l’avis de Justine Hénin. « Il y a 20 ans, le public pouvait aussi être hostile, mais il y avait moins d’excès car il y avait une distance avec les athlètes. » L’ancien numéro un mondial regrette la familiarité entre supporters et joueurs que génèrent ces nouveaux moyens de communication.
En accord avec cette analyse, Arnaud Clément avance d’autres pistes, comme les matchs nocturnes. « toujours plus électrique »ou la difficulté d’avoir des lieux qui « excite les plus chanceux ». Pour le Français, les joueurs ont aussi leur part de responsabilité : « David Goffin chambré avec sa main sur son oreille. On voit ce type d’attitude se généraliser parmi les joueurs, ce qui aggrave la situation. Personnellement, je n’aime pas vraiment ça. Même si Arnaud Clément comprend, au fond, ces réactions.
« Ce genre d’ambiance ajoute une satisfaction personnelle, car nous n’avons pas joué à armes égales contre l’adversaire… »
Arnaud Clémentsur franceinfo : le sport
Ce qui est sûr, c’est que le public de la porte d’Auteuil, réputé depuis longtemps pour être connaisseur, est de plus en plus échauffé, ce qui ouvre malheureusement la porte à quelques incivilités. « Avant, c’était plutôt à Bercy qu’on pouvait voir ça », rappelle Arnaud Clément, qui voit dans ce chauvinisme de plus en plus palpable une manière de combler le vide laissé par la réforme de la Coupe Davis. Et le Tricolore de conclure : «CONTRE« Des individus qui sortent parfois un peu du cadre, c’est dommage, car ces ambiances sont belles pour les Français, et ceux qui sortent du cadre n’apportent rien. »