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Accusé de xénophobie par Joe Biden, le Japon défend sa politique migratoire

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida lors d'une rencontre avec le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Brasilia le 3 mai 2024.

Accusé de xénophobie par le président américain Joe Biden, le Japon rejette cette accusation et maintient sa position stricte sur l’immigration. « Il est regrettable que cette déclaration ne soit pas basée sur une compréhension précise de la politique japonaise »Tokyo a réagi, vendredi 3 mai, aux propos tenus deux jours plus tôt par M. Biden lors d’une soirée de collecte de fonds pour l’élection présidentielle de novembre, en présence de représentants des Américains d’origine asiatique et des insulaires du Pacifique. « Pourquoi la Chine connaît-elle autant de difficultés économiques, pourquoi le Japon est-il en difficulté, pourquoi la Russie, pourquoi l’Inde ? Parce qu’ils sont xénophobes. Ils ne veulent pas d’immigrés. »a déclaré le président américain.

« Le président parlait de la façon dont l’immigration rend l’Amérique plus forte », a tenté de nuancer la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. John Kirby, son homologue en charge de la sécurité nationale, a également minimisé la portée des propos de Joe Biden : « Nos alliés et partenaires savent à quel point le président les apprécie, leur amitié, leur coopération et les capacités qu’ils apportent sur une série de questions, pas seulement liées à la sécurité. »

Les déclarations de M. Biden interviennent trois semaines après que le Premier ministre japonais Fumio Kishida a accueilli le Premier ministre japonais Fumio Kishida à la Maison Blanche. M. Biden a ensuite salué un « une alliance sans faille »notamment sur les questions de sécurité.

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Les nuances apportées par les porte-parole n’ont pas calmé les commentateurs japonais. « L’immigration est le sujet sur lequel le président Biden se trouve le plus en désaccord dans sa confrontation avec le candidat républicain Trump »» a ironisé Seiko Mimaki, spécialiste de la politique américaine à l’université de Doshisha.

Une immigration très encadrée

L’immigration est également un sujet sensible dans un Japon confronté à un déclin constant de sa population, provoquant une grave pénurie de main d’œuvre. Le nombre de naissances en 2023 dans le pays, 758.631, est en baisse pour la huitième année consécutive, selon les données du gouvernement. M. Kishida a qualifié le faible taux de natalité de « la plus grande crise à laquelle le Japon soit confronté ». Dans le domaine de l’emploi, il y avait, en mars, 128 postes disponibles pour 100 chômeurs. Le taux de chômage était de 2,6%.

L’immigration, à laquelle s’opposent la puissante frange conservatrice attachée à l’idée d’un archipel ethniquement pur et l’opinion publique qui tend à l’associer à l’insécurité, progresse, mais de manière très contrôlée et n’entraîne que de graves pénuries de personnel. « Les économistes ne sont pas tous d’accord sur le point de savoir si l’immigration est économiquement positive, souligne Tomohisa Ishikawa, du Japan Research Institute (JRI). Dans certains pays, les immigrés sont actifs, mais dans l’ensemble, nombre d’entre eux posent problème. Le Japon doit faire savoir aux États-Unis qu’il ne pratique pas l’exclusion, mais qu’il contrôle les flux et garantit les droits des étrangers. »

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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