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Accusé d’avoir drogué et livré sa femme à des hommes, Dominique Pelicot est également le suspect numéro un dans des affaires de viol et de meurtre

Il s’agit de l’homme accusé d’avoir drogué sa femme avec des médicaments, entre 2011 et 2020, à Mazan, un village du Vaucluse, avant de la livrer à des hommes. Dominique Pelicot est jugé aux côtés de 50 d’entre eux, qui comparaissent principalement pour viols aggravés, devant le tribunal correctionnel du Vaucluse. Une affaire hors norme, dont le procès sensationnel s’est ouvert le 2 septembre, mais dont la suite est incertaine, en raison de l’état de santé du principal accusé. Ce n’est toutefois pas la seule affaire dans laquelle le septuagénaire est mis en cause.

Le premier cas remonte au 4 décembre 1991. Ce jour-là, Sophie Narme avait rendez-vous, vers 10 heures, avec un client, qui se faisait appeler M. Duboste, pour lui faire visiter un appartement de la rue Manin, dans le 19e arrondissement de Paris. Puis elle n’a plus donné de nouvelles dans la journée. Vers 21h30, son employeur, alerté par les parents inquiets de la jeune femme, s’est rendu sur les lieux. Il a vu sa voiture garée devant l’immeuble. Il est entré dans l’appartement, dont il avait un double de clé à montrer, a allumé la lumière, puis a découvert le corps sans vie de Sophie Narme. « C’était une jeune femme de bonne famille, âgée de 23 ans, qui souhaitait se lancer dans l’immobilier et qui était employée par cette agence depuis à peine un mois. »L’avocate de sa famille, Florence Rault, a indiqué à franceinfo.

Sophie Narme est allongée face contre terre, sur le ventre. Ses cheveux lui cachent le visage. L’homme qui a commis les actes « l’a attachée puis endormie avec de l’éther », « lui a déchiré le soutien-gorge, l’a violée avant de l’étrangler avec la ceinture de sa jupe »poursuit Florence Rault. « Elle a perdu toutes les bagues qu’elle avait aux doigts, des signes qui suggèrent des tentatives de lutte », complète l’avocat. Sa peau est « couper »elle a « blessures », elle ajoute. « L’agresseur a probablement utilisé une arme blanche, probablement un cutter. » Un témoin l’a vu passer « un homme avec un imperméable », mais les voisins n’ont rien entendu, selon Florence Rault. Pendant des années, l’enquête piétine. Jusqu’à ce que le poteau affaires non résoluesLa cour d’appel dédiée aux crimes en série ou non élucidés, créée en mars 2022 au tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine), est saisie du dossier.

Comment les enquêteurs ont-ils retrouvé Dominique Pelicot ? C’est l’un des trois juges d’instruction de la cellule qui a fait le rapprochement avec un autre crime : une tentative de viol avec arme, commise à Villeparisis (Seine-et-Marne), le 11 mai 1999, sur Marion*, une jeune femme alors âgée de 19 ans, qui faisait visiter un appartement. Le rapprochement a été fait « compte tenu notamment du mode opératoire des agressions et du contexte des faits, tous deux commis lors d’une visite d’appartement, les deux victimes étant toutes deux agents immobiliers »Le parquet de Nanterre a indiqué à franceinfo que les deux dossiers faisaient état de la présence de petits cordons. Sa façon de déshabiller les victimes, inhabituelle, est similaire dans les deux cas. « Ce qui s’est passé en 1999 commence comme en 1991. On retrouve l’éther, le cutter et les liens », expose Florence Rault, qui représente également Marion.

« Un homme est entré dans l’agence immobilière et lui a parlé directement en lui disant qu’il recherchait un appartement en urgence. Il était sympathique et présentable : Marion ne s’est pas méfiée. Elle a pensé à un appartement situé à proximité et l’a emmené en voiture. »L’avocat raconte. La visite commence. Puis l’homme se demande : « Est-ce que mon lit rentre dans cet endroit ? » « Marion sort son mètre ruban de sa poche. La pièce est en pente, elle s’agenouille pour mesurer », rapporte Florence Rault.

« Il l’attaque par derrière et lui appuie un tampon d’éther sur la bouche. Elle se débat, il la jette au milieu de la pièce. C’est très violent. »

Florence Rault, avocate d’une victime de tentative de viol

à franceinfo

« Puis elle sent une lame sous son cou et ne peut plus bouger sous l’effet de l’éther. Elle lutte pour ne pas respirer cette odeur qui la fait partir. » poursuit Florence Rault. Son client gère alors « saisir les parties intimes » de l’agresseur, qui la libère sous la douleur. Elle s’échappe dans un placard, qu’elle parvient à verrouiller. « Elle est restée là quatre heures. Puis elle a ouvert la porte : il n’y avait personne. »

« Placé en garde à vue et interrogé sur réquisition du juge d’instruction », « un homme d’environ 70 ans, actuellement détenu dans le cadre d’une information judiciaire distincte ouverte à Avignon », est inculpé le 14 octobre 2022, « pour le meurtre, précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime, commis le 4 décembre 1991 à Paris et pour la tentative de viol avec arme commise le 11 mai 1999 à Villeparisis », a indiqué le parquet de Nanterre en janvier 2023. « Quand je suis passé devant l’agence immobilière et que j’ai vu la jeune femme, j’ai eu une envie pressante », il l’avait déclaré en octobre 2022 devant le juge d’instruction, selon une source proche de l’enquête à France Télévisions.

Son ADN correspond aux traces de sang retrouvées sur la paire de chaussures blanches que portait Marion le 11 mai 1999. Selon l’avocat de cette femme aujourd’hui quadragénaire, Dominique Pelicot s’est retrouvé, toute une journée, confronté à Marion, qui l’a formellement reconnu. Adossé au mur, le septuagénaire a reconnu les faits, mais a nié avoir fait usage d’une arme et a tenté de minimiser l’incident.

En revanche, Dominique Pelicot nie le viol et le meurtre de Sophie Narme, pour lesquels aucune trace ADN n’a été retrouvée sur la scène du crime. Aucune empreinte génétique n’a pu être décelée sur la ceinture ayant servi à l’étrangler. De plus, les échantillons contenant le sperme retrouvé sur la victime ont été perdus.

Ce sont des accusations « basé uniquement sur des comparaisons », a dénoncé son avocate, Béatrice Zavarro, à l’AFP en janvier 2023.

« La position de mon client est celle d’un déni absolu et persistant. Il est choqué. Nous allons nous battre du mieux que nous pouvons. »

Béatrice Zavarro, avocate de Dominique Pelicot

à l’AFP

Concernant la tentative de viol, « La discussion portera sur les circonstances, on parle de viol avec arme, mon client dit qu’il n’y avait pas d’arme »« L’enquête judiciaire est toujours en cours et l’enquête se poursuit. Des investigations sont également menées sur la vie de Dominique Pelicot, afin de vérifier s’il est impliqué dans d’autres affaires », a ajouté l’avocat.

*Le prénom a été modifié à la demande de la personne concernée.

Cammile Bussière

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